(Drummondville) Un an après la publication de notre palmarès, que sont devenus les meilleurs hockeyeurs d’ici nés en 2001 ? Xavier Simoneau raconte les mois qui ont mené au repêchage. Et la suite.

Xavier Simoneau est un leader. Dans la chambre des Voltigeurs, dont il est le capitaine. Mais aussi dans la communauté, où il défend plusieurs causes, notamment l’autisme.

« Pour une organisation, c’est le joueur idéal », m’indique la responsable des médias des Voltigeurs, Annie St-Amand. Elle me guide dans les coulisses du Centre Marcel-Dionne, jusqu’au vestiaire. Xavier Simoneau vient nous rejoindre.

L’attaquant de 18 ans a tout pour plaire aux dépisteurs. Une poignée de main franche. Un grand sourire. Du talent. De l’intensité. De la confiance. C’est aussi un jeune homme honnête et terre à terre. « C’est un gars extrêmement fier, confie son entraîneur Steve Hartley. Xavier se présente tous les jours. Il a un désir de vaincre qu’on voit rarement chez les jeunes. »

Voilà pourquoi les observateurs que nous avions consultés l’an dernier l’avaient classé au huitième rang de notre palmarès des meilleurs hockeyeurs québécois nés en 2001. Pourtant, en juin, aucune équipe de la LNH ne l’a réclamé. Au grand étonnement de plusieurs.

Pourquoi ?

Xavier Simoneau répond sans détour.

J’ai rencontré presque tous les clubs. Il y a des gens qui pensent que j’ai subi 18 commotions. Mais non. Seulement une. [N’empêche], il n’y a pas une équipe qui ne m’a pas dit : ta commotion… Je ne peux rien y faire. C’est du passé. Aujourd’hui, je suis correct.

Xavier Simoneau

Cela dit, c’est vrai que Xavier Simoneau a souvent été blessé. Au cou. Au dos. À la cheville. La vie lui a envoyé plus de balles courbes qu’à la majorité des athlètes de son âge.

« Ça n’a jamais été facile pour moi, convient-il. J’ai toujours été l’underdog. Le négligé. Je viens de Saint-André-Avellin, dans la Petite-Nation. Plus jeune, je n’étais pas connu, car je ne jouais pas pour les grosses équipes de Gatineau. »

Ce n’est qu’au niveau pee-wee que Simoneau a rejoint la « grosse équipe ». Un choix pas évident : ses parents et grands-parents devaient assurer le transport de son frère aîné et lui tous les jours, de Saint-André-Avellin à Gatineau. Une heure à l’aller, une heure au retour. À 14 ans, il est devenu pensionnaire dans une famille.

Même s’il mesurait à peine 5 pieds, Xavier Simoneau a été surclassé dans le midget AAA. Avec des joueurs de 15 à 17 ans, dont certains faisaient deux têtes de plus que lui. Le petit attaquant a néanmoins réussi à se démarquer.

Jusqu’à ce qu’il encaisse une violente mise en échec.

Sa commotion.

« J’ai passé la nuit à l’hôpital de Saint-Eustache. J’étais vraiment perdu. J’avais mal au cœur. La lumière me faisait très mal. À la maison, je portais des lunettes de soleil. Je devais toujours vivre dans le noir. C’était pénible. Dans la vie, je suis un gars énergique. Là, je ne pouvais rien faire pendant deux mois. J’aime ça, faire des siestes, mais il y a quand même bien des limites.

— As-tu craint que le hockey, ce soit fini ?

— C’était une grosse mise en échec. Tu ne sais jamais ce qui va arriver. J’aurais pu être paralysé, par exemple. Mais pendant mon processus de réadaptation, ç’a bien été. J’y suis allé une étape à la fois. Quand je suis retourné sur la glace, ça ne m’a même pas pris un match pour m’adapter. J’étais déjà prêt à foncer au but. »

Reste que le retour au jeu n’a pas été facile.

« On a perdu nos 13 premiers matchs… »

Il a terminé sa deuxième saison dans le midget avec une moyenne d’environ un point par match. Une très belle performance. Mais au repêchage de la LHJMQ, tout le monde ne parlait encore que de sa commotion, se rappelle Steve Hartley.

« On est passés par-dessus ça, car on avait l’occasion d’ajouter un très bon joueur de hockey. » Les Voltigeurs l’ont sélectionné au premier tour. Une excellente décision. « Aujourd’hui, nous sommes récompensés pour avoir pris une chance avec lui. »

Lors de ses deux premières saisons dans le junior majeur, Xavier Simoneau a réussi 102 points. C’est beaucoup pour un joueur de cet âge. Mais encore là, ce sont ses blessures qui ont retenu l’attention. En septembre 2018, il a été victime d’une attaque sournoise de Mikaël Robidoux, un dur à cuire suspendu neuf fois par la Ligue. Un coup si violent qu’un spectateur a appelé au 9-1-1 pour déposer une plainte.

> Voyez une vidéo de l'incident

« J’ai eu vraiment peur. Sur la glace, j’essayais de bouger. Ça pinçait dans mon dos. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je craignais d’être paralysé. »

Les ambulanciers l’ont immobilisé, puis transporté à l’hôpital, où il est resté en observation pendant une journée. « Heureusement, je n’ai pas été blessé à la tête. C’était plutôt le cou et le dos. »

Cette blessure – très médiatisée – a quand même semé le doute dans la tête des dépisteurs. D’autant qu’à 5 pi 7 po, Xavier Simoneau est une cible de choix pour ses adversaires. Ça explique en partie pourquoi, malgré toutes ses qualités, le capitaine des Voltigeurs n’a pas été choisi en juin dernier.

« Comment as-tu vécu la séance de repêchage ?

— Mon agent se doutait que je n’allais pas être sélectionné. Mais ça reste quand même un rêve de jeunesse. Je regardais ça sur internet avec ma famille. Le repêchage n’était pas encore terminé que déjà, je recevais des invitations d’équipes de la LNH. Le lendemain matin, je suis parti à un camp de développement des Maple Leafs [de Toronto]. J’ai adoré mon expérience. »

Et comme après chaque autre épreuve, Xavier Simoneau est revenu plus fort.

Cet hiver, il connaît sa meilleure saison depuis longtemps. Au moment de la pause des Fêtes, il occupait le sixième rang des pointeurs de la LHJMQ. Devant des choix de premier tour de la LNH. Devant tous les autres joueurs du palmarès 2001, en fait, sauf Alexis Lafrenière.

Depuis, son nom s’est remis à circuler. Cette fois, pour une rare sélection d’un joueur de 19 ans au repêchage de la LNH. Souhaitons maintenant qu’une équipe imite les Voltigeurs il y a trois ans et prenne un « beau risque » avec lui.

Que sont devenus les meilleurs de 2001 ?

L’année dernière, La Presse a demandé à des directeurs généraux, entraîneurs et dépisteurs du junior majeur d’établir une liste des 17 meilleurs hockeyeurs d’ici nés en 2001. L’objectif ? Suivre la progression de ces joueurs pendant cinq ans. Pour démontrer que le chemin entre le junior et les circuits professionnels est parsemé d’obstacles.
Que sont devenus les élus de cette cohorte, un an plus tard ?

Alexis Lafrenière

PHOTO PETR DAVID JOSEK,ASSOCIATED PRESS

Alexis Lafrenière

Rimouski

Le meilleur joueur junior au pays. Pressenti pour être le tout premier choix de la LNH au repêchage de juin 2020.

Jakob Pelletier

PHOTO ANDRÉ VUILLEMIN, ARCHIVES LA TRIBUNE

Jakob Pelletier

Moncton

Choix de premier tour des Flames de Calgary. Capitaine des Wildcats. Il maintient une moyenne de presque deux points par match. Une blessure lui a fait rater le camp d’Équipe Canada junior.

Samuel Poulin

PHOTO ANDRÉ VUILLEMIN, ARCHIVES LA TRIBUNE

Samuel Poulin

Sherbrooke

Premier joueur québécois sélectionné au repêchage de 2019, au premier tour, par les Penguins de Pittsburgh.

Nathan Légaré

PHOTO ANDRÉ VUILLEMIN, ARCHIVES LA TRIBUNE

Nathan Légaré

Baie-Comeau

Il a signé son premier contrat professionnel quelques jours après avoir compté deux buts en 23 secondes dans un match présaison des Penguins.

Alex Beaucage

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Alex Beaucage

Rouyn-Noranda

Grosse année pour ce jeune attaquant, qui a remporté la Coupe Memorial avant d’être repêché par l’Avalanche du Colorado.

Maxence Guenette

PHOTO FOURNIE PAR LES FOREURS DE VAL-D’OR

Maxence Guenette

Val-d’Or

Il a obtenu un essai dans un match présaison après avoir impressionné au camp des Sénateurs d’Ottawa.

Xavier Parent

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Xavier Parent

Sherbrooke

Il n’a pas été sélectionné au repêchage. Sa productivité offensive est à la hausse depuis son transfert de Halifax vers Sherbrooke.

Xavier Simoneau

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Xavier Simoneau

Drummondville

Son nom circule parmi les dépisteurs pour une rare sélection d’un joueur de 19 ans au repêchage de la LNH.

Sean Larochelle

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Sean Larochelle (Victoriaville)

Victoriaville

Il a reçu des invitations pour le camp de développement, puis celui des recrues des Maple Leafs de Toronto. Continue de démontrer du talent offensif dans une équipe qui en arrache.

Brooklyn Kalmikov

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Brooklyn Kalmikov

Victoriaville

Un joueur fiable, qui vient d’être échangé aux Tigres de Victoriaville. Il n’a pas été repêché l’été dernier. Sa fenêtre d’opportunité rétrécit.

Christopher Merisier-Ortiz

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Christopher Merisier-Ortiz

Baie-Comeau

Un autre candidat pour être repêché à 19 ans. Il a été invité au camp de développement du Canadien et a participé à la série LHJMQ-Russie.

Alex Campbell

PHOTO FOURNIE PAR LES LANCERS D’OMAHA

Alex Campbell

Omaha, USHL

Choisi au début du troisième tour par les Predators de Nashville, ce joueur formé dans le réseau scolaire québécois devrait représenter l’Université Clarkson l’hiver prochain.

Mathieu Bizier

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Mathieu Bizier

Gatineau

Invité au camp de développement des Red Wings de Detroit. Mais son retour dans la LHJMQ – avec une équipe de bas de classement – a été difficile.

Fabio Iacobo

PHOTO FOURNIE PAR LES TIGRES DE VICTORIAVILLE

Fabio Iacobo

Victoriaville

Admissible au repêchage de la LNH pour une première fois en juin prochain, le jeune Montréalais progresse avec les Tigres. Il alterne devant les filets avec Nikolas Hurtubise.

Jacob Gaucher

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Jacob Gaucher

Val-d’Or

Un parcours atypique ; il a amorcé ses études universitaires à 16 ans, alors qu’il évoluait dans le midget AAA. Sa production offensive est à la hausse.

Thomas Pelletier

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Thomas Pelletier

Val-d’Or

Ce défenseur – qui compte déjà plus de points que la saison dernière – vient d’être échangé de Drummondville à Val-d’Or

Jérémy Jacques

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Jérémy Jacques

Sherbrooke

Défenseur « défensif » au sein d’une des meilleures équipes au pays.