De retour d’un voyage de fin d’année catastrophique, le Tricolore se retrouve dans une position fort inconfortable au classement. Les rigueurs de l’hiver seront-elles porteuses d’espoir ? Ou assistera-t-on à une lente descente jusqu’en avril ? Tour d’horizon en 10 questions.

Combien de temps sans Gallagher ?

On devrait connaître la réponse assez rapidement, mais tout le monde retient un peu son souffle quand même. Au moment où il tombait sur la glace après un plaquage de Jordan Staal mardi soir en Caroline, Brendan Gallagher a reçu en pleine tête un violent coup de genou de son coéquipier Ben Chiarot. Un incident malheureux dont les conséquences pourraient être dévastatrices. Avec Joel Armia hors de combat en raison d’une blessure à une main, la situation est peu reluisante à l’aile droite. Nick Suzuki fait du bon boulot, mais après lui, il faut se tourner vers Nick Cousins ou Jordan Weal. Ou encore, coup de théâtre, vers Dale Weise, rappelé de Laval mercredi en début de soirée. Ça vous emballe ? Nous non plus.

Qui peut encore aider à Laval ?

PHOTO FRED CHARTRAND, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Matthew Peca (63), Riley Barber (45), Jake Evans (71) et Otto Leskinen (64) lors d’un match préparatoire, en septembre dernier

Claude Julien l’a répété dans les deux langues officielles après la défaite en Caroline : il fait ce qu’il peut pour tirer le maximum des ressources à sa disposition dans les circonstances. Marc Bergevin a déjà prévenu qu’il n’allait pas sacrifier ses meilleures cartouches pour de l’aide à court terme. La réponse doit donc venir de l’interne. Or, les possibilités n’y sont pas infinies. On connaît la peur bleue du DG de perdre ses joueurs pour rien. Charles Hudon a été rétrogradé à Laval après neuf matchs dans la LNH et Riley Barber vient d’atteindre cette marque. L’un des deux jouera-t-il l’infâme 10e match qui contraindra l’équipe à le soumettre au ballottage s’il devait être cédé aux mineures ? Mystère. Sinon, Matthew Peca est blessé et Lukas Vejdemo s’est vu confier six solides minutes de jeu en Caroline. On sait maintenant que Dale Weise est encore dans le portrait, mais on s’attend à ce que Jake Evans ait son tour tôt ou tard. Et le cellulaire de Michael McCarron est allumé 24 heures sur 24.

Les séries sont-elles encore accessibles ?

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

S’ils souhaitent amasser le même nombre de points que l’an dernier afin d’espérer une participation aux séries éliminatoires, les joueurs de Claude Julien devront récolter 54 des 84 points à leur disposition (il leur reste 42 matchs). Cela équivaut à une moyenne d’efficacité de 64,3 %.

Citons ici la sage Raymonde Chagnon : pas tellement. De moins en moins, en fait. Après ses trois défaites contre des rivaux directs, le Canadien se retrouve à quatre points du troisième rang de la division Atlantique, détenu par le Lightning, qui a deux matchs de plus à disputer. Le retard est encore plus grand avec la dernière équipe repêchée – les Flyers. On continue : au cours des cinq dernières saisons, il a fallu une récolte moyenne de 96 points pour entrer en séries dans l’Est. S’il veut atteindre cette marque, le Canadien devra désormais récolter 54 des 84 points à sa disposition (il lui reste 42 matchs). Cela équivaut à une moyenne d’efficacité de 64,3 %. Seules cinq équipes ont maintenu cette cadence jusqu’ici cette saison. Reste-t-il quelqu’un pour invoquer les Blues de 2018-2019 ?

Quel rôle attend Ryan Poehling ?

PHOTO KARL B. DEBLAKER, ASSOCIATED PRESS

Mardi soir, en Caroline, Ryan Poehling (25) a joué au sein du troisième trio. Il a terminé la rencontre avec trois tirs au but (et un but refusé) et quatre mises en échec.

Claude Julien prône la patience dans le cas du premier choix du Canadien de 2017 et il s’en tient à son plan. Mais tranquillement, Ryan Poehling prend du galon. Confiné au quatrième trio au cours des huit matchs suivant son plus récent rappel, il a commencé à passer un peu de temps en infériorité numérique après la blessure d’Armia. Puis Julien a battu ses cartes en vue du match en Caroline et Poehling est monté en grade vers le troisième trio à la gauche de Jesperi Kotkaniemi. On l’a même vu en avantage numérique. « Il pratique un style de jeu physique, il est bon le long des bandes, il patine bien. On a besoin de ce type de joueur », a dit Julien de Poehling après la rencontre.

Verra-t-on Caufield à Montréal ce printemps ?

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Cole Caufield lors d’une séance d’entraînement de l’équipe américaine aux Championnats mondiaux de hockey junior, en République tchèque

La chose est moins farfelue qu’elle n’y paraît, et Marc Bergevin n’a pas écarté cette possibilité lorsque la question lui a été posée à la mi-décembre. À micros fermés, il s’est montré fébrile à l’idée de réunir Cole Caufield, un marqueur naturel, à Nick Suzuki, qui se révèle déjà l’un des fabricants de jeux les plus créatifs du Tricolore. Caufield a déjà affirmé qu’il désirait jouer dans la LNH le plus tôt possible. Les Badgers de l’Université du Wisconsin connaissent une campagne difficile, le Canadien aussi. Si les deux équipes étaient exclues rapidement du portrait des séries, il ne faudrait pas s’étonner de voir débarquer le petit ailier à Montréal.

Domi et Suzuki : centres ou ailiers ?

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

Max Domi (13) et Nick Suzuki (14), lors du match contre les Hurricanes de la Caroline, mardi soir

Sera-ce le « Halak ou Price » du début de la décennie 2020 ? Pour l’heure, le dilemme n’est pas criant, puisque Max Domi tourne à plein régime au centre d’un trio que complète Nick Suzuki avec succès. La présence de ce dernier à l’aile droite en remplacement d’Armia règle aussi la question à très court terme. Mais à moyen terme, les rôles devraient s’inverser naturellement. La vision du jeu, la créativité et la polyvalence de Suzuki sont impressionnantes pour un jeune homme d’à peine 20 ans. L’équipe semble privilégier le poste de centre pour Kotkaniemi également, et l’ascension irrésistible de Phillip Danault ne laisse aucun doute sur son statut. Dans une brigade offensive en santé, l’épreuve du temps devrait envoyer Domi à l’aile gauche, que ça lui plaise ou non.

Acheteur ou vendeur ?

PHOTO JAMES CAREY LAUDER, USA TODAY SPORTS

Nate Thompson (44) est le seul joueur de l’édition actuelle du Canadien à devenir joueur autonome sans compensation à la fin de la saison.

Peu importe si le Canadien rêve encore aux séries éliminatoires à la date limite des transactions, on peut présumer que les mouvements de personnel ne seront pas extravagants. Quand il s’est retrouvé dans le camp des acheteurs, Marc Bergevin s’est généralement contenté d’ajouter des joueurs de soutien, à l’exception de Tomas Vanek, acquis à bas prix par ailleurs. Et à l’heure actuelle, le seul joueur régulier du club qui s’apprête à devenir joueur autonome sans compensation est Nate Thompson. Si le DG devait bouger, peut-être faudrait-il jeter un œil du côté des joueurs autonomes de l’été 2021. À n’en point douter, Danault et Gallagher sont là pour rester, mais l’attachement réel du club avec Tomas Tatar et Jeff Petry restera à définir.

Combien de matchs disputera Carey Price ?

PHOTO DARRYL DYCK, LA PRESSE CANADIENNE

Avec déjà 32 matchs disputés jusqu’ici, Carey Price est en voie d’égaler, voire de dépasser son nombre de parties disputées la saison dernière, soit 66.

« Pour moi, 66 matchs, c’est trop », avait dit Stéphane Waite l’été dernier. L’entraîneur des gardiens de but du CH faisait alors référence à la charge de travail de son protégé en 2018-2019. Avec déjà 32 matchs disputés jusqu’ici, y compris 11 des 14 rencontres de son équipe depuis le renvoi à Laval de Keith Kinkaid, le fardeau de Carey Price est en voie d’égaler, voire de dépasser celui de la saison dernière. Il a été montré du doigt après les défaites contre le Lightning et les Panthers pendant les Fêtes, mais à voir la faible confiance qu’on accorde à ses adjoints, il devrait encore jouer beaucoup de minutes en 2020. Des partisans rêvent de voir Cayden Primeau avec le grand club. Or, son entraîneur à Laval a confié à La Presse son vœu de voir son poulain se développer sur le long terme.

Shea Weber pourra-t-il tenir la cadence ?

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Avec déjà 31 points en 40 matchs, Shea Weber pourrait connaître la meilleure récolte offensive de sa carrière. 

Le défenseur jouit d’un respect infini de ses coéquipiers et d’une confiance inconditionnelle de ses entraîneurs. Avec déjà 31 points en 40 matchs, il pourrait connaître la meilleure récolte offensive de sa carrière. Il vient de recevoir une invitation méritée au match des Étoiles. Le trophée Norris a été évoqué. Mais la question est inévitable : Shea Weber peut-il offrir ce rendement pendant 82 matchs ? À 34 ans, il continue d’être utilisé dans toutes les phases du jeu et dépasse régulièrement les 25 minutes par match. Une recette qui fonctionne, mais qui use. Souhaitons-lui que le dernier voyage de trois matchs ne soit pas un avant-goût du reste de sa saison. Après avoir affiché un différentiel de - 3 contre les Panthers, il a été sur la glace pour 14 chances de marquer de l’adversaire en Caroline.

Cherche-t-on encore un défenseur gaucher ?

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le Russe Alexander Romanov (26) met en échec Nando Eggenberger (22), de la Suisse, lors du match pour la médaille de bronze, en janvier 2019, aux Championnats du monde de hockey junior.

Le retour de Victor Mete a stabilisé le flanc gauche de la défense, complètement déséquilibré en son absence, mais il reste encore du travail à faire. Lorsqu’il joue avec assurance, Brett Kulak est une valeur sûre pour Claude Julien, mais le duo qu’il forme avec Jeff Petry est parfois déboussolé. Et même si on s’est infiniment épanchés sur la belle surprise que constitue Ben Chiarot, une utilisation avoisinant les 23 minutes est peut-être plus raisonnable que les 30 dans son cas. Au début de la saison, Julien et Bergevin disaient magasiner pour un défenseur gaucher. Est-ce toujours le cas ? Les indices laissent deviner que la direction du Canadien a décidé de vivre avec les hommes en place et de prier pour qu’Alexander Romanov veuille bien déménager à Montréal l’été prochain.