Tous les doutes sont (enfin) dissipés : il y aura du hockey de la LNH en 2021. Mais y en aura-t-il au Canada ? C’est moins clair.

La LNH et l’Association des joueurs ont annoncé en grande pompe, dimanche après-midi, s’être entendues sur l’essentiel des modalités entourant le retour au jeu pour la saison 2020-2021. Le calendrier, réduit à 56 matchs au lieu de 82, s’amorcera le 13 janvier et s’étirera jusqu’au 8 mai. Les séries éliminatoires devraient se conclure à la mi-juillet, à moins que des éclosions de COVID-19 ne jouent les trouble-fêtes.

Comme attendu, les sept formations canadiennes ont été regroupées au sein de ce qui s’appellera dorénavant la division Nord. Or, il n’est pas encore acquis que ces équipes disputeront leurs matchs locaux dans leur aréna respectif.

La Presse a en effet pu confirmer dimanche que le gouvernement du Québec et la LNH n’avaient toujours pas conclu d’entente pour que des matchs de hockey professionnel soient disputés dans la province. La semaine dernière, le Canadien de Montréal a obtenu le feu vert uniquement pour tenir des entraînements.

Dans un courriel, la Santé publique du Québec a écrit que la ligue avait déposé, au cours du week-end, une version bonifiée de son protocole de retour au jeu. Celle-ci sera analysée « dès que possible », nous a-t-on indiqué dimanche.

« Nous sommes toujours en discussion avec [le Canadien], l’Agence de la santé publique du Canada et les autres provinces », a-t-on ajouté. Ottawa joue le rôle d’intermédiaire entre la LNH et les provinces.

Du côté du Canadien, on a convenu qu’il restait des « variables à finaliser » avec Québec.

Selon TSN, l’Ontario et la Colombie-Britannique n’ont pas non plus donné leur aval au plan de retour au jeu. Cette dernière serait particulièrement réticente à ce que des équipes provenant d’autres provinces entrent sur son territoire – une position cohérente avec celle du premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, qui réclame depuis des semaines des restrictions fédérales dans les déplacements non essentiels entre les provinces du pays.

Cela n’a pas empêché la LNH d’aller de l’avant avec son annonce. La ligue a toutefois prévenu qu’elle était « préparée » à ce que soient disputées des parties dans « un ou plusieurs lieux ‟neutres” si cela était nécessaire », et ce, en fonction des « conditions en vigueur » dans les provinces ou États concernés.

On a néanmoins voulu se montrer bon joueur en précisant que vu le caractère imprévisible de la pandémie, la ligue et l’Association des joueurs demeureraient « flexibles » afin de se conformer aux règles de santé publique.

« Nous priorisons la santé et la sécurité de nos participants et des communautés dans lesquelles nous jouons et vivons », a insisté le commissaire Gary Bettman dans un communiqué.

Menace

Jeudi dernier, la LNH a brandi la menace que les équipes canadiennes disputent leurs matchs locaux aux États-Unis si des accords avec les autorités locales n’étaient pas conclus à temps pour le début de la saison. Des rumeurs ont également pointé vers la création d’une « bulle » unique à Edmonton, où tous les matchs de la division Nord pourraient être disputés, comme on l’a fait à Toronto et dans la capitale de l’Alberta au cours des récentes séries éliminatoires.

Il est toutefois encore trop tôt pour savoir si ces scénarios hypothétiques, advenant qu’ils se concrétisent, seraient déployés pour la saison entière ou pour une série de matchs seulement.

Les échos ayant émané d’une réunion de l’Association des joueurs, vendredi soir, ont fait état d’un enthousiasme tiède face à l’idée de disputer les matchs locaux à un autre endroit que dans la ville où est établie leur équipe. Un long reportage du réseau ESPN, publié en septembre dernier, avait d’ailleurs exposé à quel point l’isolement avait pesé lourd sur les joueurs pendant les séries.

Les discussions se poursuivront au cours des prochains jours entre la LNH et les différents territoires où le dossier est encore en suspens.

Au Québec, les deux parties profitent d’une marge de manœuvre limitée, alors que la saison doit se mettre en branle dans à peine un peu plus de trois semaines.

Le camp d’entraînement du Canadien pourra s’amorcer le 3 janvier vu la permission qu’a obtenue l’équipe. Mais si les négociations devaient se retrouver dans une impasse, il faudrait rapidement trouver un plan B.

Les plus jovialistes ont trouvé de l’espoir dans la réaction du premier ministre François Legault, sur Twitter, quelques minutes après l’annonce de la reprise du jeu. « Bonne nouvelle ! Une section avec le #CH, Connor McDavid et Auston Matthews ! », a-t-il écrit. M. Legault avait déjà affirmé, il y a quelques jours, qu’il espérait que le hockey reprenne à la mi-janvier.

Par ailleurs, les Sharks de San Jose ont déjà confirmé qu’ils tiendraient leur camp d’entraînement en Arizona en raison des restrictions imposées par le comté de Santa Clara, en Californie. Le directeur général Doug Wilson a toutefois affirmé qu’il espérait que son équipe puisse amorcer la saison à la maison.

Sans spectateurs

Sans surprise, si le Canadien obtenait l’autorisation de jouer à Montréal, il le ferait devant des sièges vides.

L’équipe l’a confirmé dans un courriel envoyé à ses détenteurs d'abonnement de saison.

« Les matchs locaux seront disputés à huis clos jusqu’à nouvel ordre, peut-on y lire. Si la situation devait s’améliorer, nous prévoyons éventuellement rouvrir le Centre Bell au grand public en cours de saison ; fort probablement à capacité réduite. » L’équipe précise qu’il est « encore trop tôt pour se prononcer à ce sujet ».

La ligue s’attend à ce que cette situation prévale dans « la plupart » des amphithéâtres du circuit pour la première portion de son calendrier. Certaines équipes pourraient toutefois accueillir des spectateurs dès le premier match de la saison. C’est notamment le cas du Lightning de Tampa Bay, qui a déjà annoncé que 3000 personnes pourraient assister aux matchs à l'Amalie Arena.

Le retour au jeu en bref

Nouvelles divisions

Afin de limiter les déplacements – dans la mesure du possible – et de répondre à la fermeture prolongée de la frontière canado-américaine, la LNH a redessiné ses quatre divisions. La division Nord regroupera donc les sept équipes canadiennes, alors que les autres (Ouest, Centrale, Est) compteront huit formations chacune. Chaque équipe disputera de huit à dix matchs contre ses adversaires de division, et les deux premiers tours des séries éliminatoires opposeront les quatre premières équipes des mêmes groupes. Ce n’est qu’en demi-finale que des affrontements inédits auront lieu.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Dans la division Nord, le Canadien pourra affronter plus souvent des vedettes de l’Ouest comme Connor McDavid.

Conditions strictes

Exit le côté glamour des matchs sur la route. Frank Seravalli, de TSN, a rapporté que les joueurs et le personnel des équipes visiteuses seraient circonscrits à l’aréna et à leur hôtel, point barre. Aucune visite dans des bars, restaurants ou boutiques ne sera autorisée jusqu’à nouvel ordre. Le protocole de retour au jeu va jusqu’à exiger que les repas pris dans l’avion soient éliminés dans les vols de courte durée. Pas de visite dans les chambres d’hôtel non plus. Insérez ici une blague salée de votre choix. La LNH devrait dévoiler son protocole de sécurité complet au cours des prochains jours.

Camp et calendrier

Les équipes qui n’ont pas participé aux dernières séries éliminatoires peuvent amorcer leur camp d’entraînement à compter du 31 décembre, alors que toutes les autres pourront se mettre au boulot le 3 janvier. Les camps se dérouleront en formule accélérée, mais aussi compacte : 36 patineurs seulement, a rapporté Elliotte Friedman, du réseau Sportsnet. Il n’y aura pas de maximum de gardiens. S’ensuivra un calendrier de 56 matchs en 116 jours, un format légèrement compressé par rapport aux 82 matchs en 186 jours au cours de la dernière saison complète (2018-2019). Chaque équipe disputera en moyenne un match de plus par tranche de 23 jours (11 au lieu de 10).

PHOTO PAUL SANCYA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Des équipes exclues des séries éliminatoires l’été dernier, comme les Red Wings de Detroit, profiteront de quelques jours supplémentaires de camp d’entraînement.

Droit de retrait

Les joueurs se voient offrir le droit de se retirer volontairement de leur équipe pour la saison à venir, si jamais des membres de leur famille ou eux-mêmes souffrent d’une condition médicale mettant leur vie en jeu en cas d'infection à la COVID-19. Le gardien Henrik Lundqvist, nouvellement des Capitals de Washington, a déjà annoncé qu’il se prévalait de cette option. Les joueurs concernés seront tout de même payés, mais leur salaire sera soustrait de la masse salariale de leur équipe. Frank Seravalli a indiqué que la Ligue pourrait faire enquête si des indices laissaient croire qu’une formation se sert de cette disposition pour abaisser indûment sa masse salariale. Les dates limites pour les retraits volontaires ont été fixées au 24 et au 27 décembre, selon que les équipes concernées ont participé ou non aux dernières séries éliminatoires.

PHOTO ANDY MARLIN, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Henrik Lundqvist, nouvellement gardien des Capitals de Washington

Escouades volantes

Comme par les années passées, les équipes compteront sur des formations d’au maximum 23 joueurs. Toutefois, on leur adjoindra désormais des escouades volantes, nommées « taxi squad » dans les médias anglophones. Ces groupes de quatre à six joueurs suivront les équipes sur la route et s’entraîneront avec elles, sans toutefois jouer, et leur salaire ne sera pas comptabilisé dans la masse salariale du club. Leur présence permettra un rappel d’urgence si des joueurs deviennent subitement indisponibles pour un match.

Dates-clés

Pierre LeBrun, de TSN, a publié sur Twitter une liste de dates-clés à retenir pour cette saison hors du commun. La voici :

13 janvier : match inaugural
12 avril : date limite des transactions
8 mai : fin de la saison
21 juillet : repêchage d’expansion préparant l’entrée dans la LNH du Kraken de Seattle 

23-24 juillet : repêchage d’entrée
28 juillet : ouverture du marché des joueurs autonomes