Le mois dernier, Stéphane Waite estimait que les gardiens du Canadien étaient rendus à l’équivalent de la mi-juin dans leur préparation. Mardi, on a donc demandé à Pierre Allard, grand responsable de la préparation physique chez le Tricolore, où en étaient les joueurs.

Allard n’a pas été aussi précis que Waite, mais il a assuré que tout le monde arriverait néanmoins en forme, si les plus récentes rumeurs se concrétisent.

« Physiquement, ils seront près d’où ils sont quand ils arrivent au camp, a indiqué Allard, directeur de la science du sport et des performances du Canadien, au cours d’une visioconférence. Ce qu’il manque, c’est la glace pour certains. En situation idéale, on recommande aux joueurs d’avoir une vingtaine d’heures accumulées [sur glace] dans les semaines avant leur arrivée. Ça réduit les possibilités de blessure. »

Le temps commence à presser pour que les joueurs obtiennent leurs 20 heures de glace. Les plus récentes rumeurs, évoquées notamment par Elliotte Friedman, de Sportsnet, font état d’une ouverture des camps d’entraînement le 1er janvier, pour un début de saison le 13 janvier.

Le camp sera donc très court, et en calculant la quarantaine de 14 jours pour ceux qui ne sont pas actuellement au Canada, la préparation physique devra passer à une vitesse supérieure. Plusieurs joueurs n’auront pas nécessairement accumulé lesdites 20 heures sur une patinoire.

« Ce sera notre travail de donner la bonne information aux entraîneurs, a rappelé Allard. C’est quoi, la charge d’entraînement recommandée ? On a eu l’expérience lors des phases 2 et 3 du camp l’été dernier. Toutes les données des dernières années vont nous aider à établir ça. »

Qui est où ?

La bonne nouvelle pour le Tricolore, c’est que l’équipe compte sur un bon contingent de joueurs déjà au Canada, qui n’auront donc pas à se placer en quarantaine.

Selon les plus récentes informations, neuf joueurs parmi ceux qui ont des chances réalistes de faire partie de la formation ne sont pas au Canada. Il s’agit des attaquants Tomas Tatar, Tyler Toffoli, Joel Armia, Artturi Lehkonen, Jesperi Kotkaniemi et Ryan Poehling, des défenseurs Jeff Petry et Xavier Ouellet de même que du gardien Carey Price.

À leur retour à Montréal, ces joueurs devront donc se soumettre à une quarantaine, que ce soit à l’hôtel ou à la maison s’ils en possèdent une dans la région, à moins que le Canadien n’obtienne une exemption auprès du gouvernement. À l’heure actuelle, le défenseur Alexander Romanov et le gardien Vasili Demchenko (qui se battra pour un poste avec le club-école) sont en quarantaine.

Parmi ses tâches, Allard doit donc s’assurer que ces joueurs poursuivent leur préparation physique pendant leurs deux semaines d’isolement. Ça implique notamment la livraison d’un vélo stationnaire, de poids et d’élastiques, et c’est visiblement avec ça que Romanov gardera la forme dans sa chambre d’hôtel.

« C’est très agréable de travailler avec [des élastiques], parce qu’on peut ajouter de la résistance, travailler en explosion, on peut les attacher aux pattes de lit. Il faut avoir beaucoup d’imagination !, rappelle Allard.

« Romanov a vécu ça à Toronto [quand il a rejoint le Canadien dans la bulle], donc ce n’est pas du nouveau pour lui. C’est vraiment de s’ajuster à ce qui est disponible. C’est notre défi : reconnaître la réalité du joueur, avoir l’équipement pour couvrir un minimum, varier l’entraînement, le cardio. »

On peut simuler des présences sur la glace, avec des intervalles. Il y a beaucoup de choses qu’on peut couvrir dans un espace assez restreint.

Pierre Allard, directeur de la science du sport et des performances du Canadien

Pour ceux qui sont déjà au Canada, tout n’est pas parfait, remarquez. L’accès aux patinoires varie d’une région à l’autre, en raison notamment des restrictions sanitaires.

« Dans l’Ouest, des joueurs avaient beaucoup accès au début, mais certaines installations ont fermé, souligne Allard. Certains ont pu jouer des matchs en Europe. Mais on a des données. On connaît la charge de travail d’un morning skate, d’un entraînement moins intense, plus intense. On sait comment les joueurs ont réagi à ces charges. On l’a utilisé lors du retour l’été dernier. On avait prévu chaque séance. On avait fait des recommandations, mais on réévaluait constamment avec les entraîneurs. On est donc beaucoup plus précis. »

Pas catastrophique

En attendant, les entraînements en groupe sont évidemment loin de reprendre, mais l’expérience de l’été dernier a démontré que ce n’était peut-être pas catastrophique.

Le Canadien, dont les joueurs s’étaient rapporté sur le tard à Brossard, n’avait démontré aucun complexe face aux Penguins, qui affichaient pratiquement complet à Pittsburgh plusieurs semaines avant le début officiel des camps.

Par contre, la reprise du jeu l’été dernier s’était faite avec les mêmes éléments qu’avant la pandémie. Cette fois, le groupe que l’on retrouvera à Brossard sera bien différent de celui d’août, avec les ajouts de Romanov, Toffoli, Joel Edmundson et Josh Anderson, en plus du gardien Jake Allen.

Mais ça, c’est le problème de l’entraîneur-chef Claude Julien et de ses adjoints, pas du préparateur physique !