Les détracteurs de Jesperi Kotkaniemi auront eu quatre matchs pour déverser leur fiel sur le jeune centre du Canadien.

Quatre matchs nécessaires pour chasser la rouille et combler le retard sur ses coéquipiers finlandais des Ässät de Pori, à l’œuvre depuis déjà cinq ou six semaines au moment où le CH a prêté son premier choix en 2018 à son ancienne formation.

Kotkaniemi a été blanchi dans ces quatre rencontres. Puis, le talent est remonté à la surface. Le Finlandais a amassé huit points à ses six derniers matchs à Pori.

Le prêt a pris fin lundi. Kotkaniemi se préparera donc à rentrer en Amérique pour y entamer sa troisième saison, début janvier si tout va bien.

Kotkaniemi n’avait rien à prouver en Finlande. On l’y a envoyé pour lui donner un peu d’action. Il n’empêche, il a bien répondu.

La Ligue d’élite de Finlande (Liiga) n’est pas la Ligue nationale. Ni probablement la Ligue américaine. Du moins est-ce très difficile de comparer les circuits puisque le jeu y est complètement différent.

Mais on n’y amasse pas les points gratuitement non plus. Jesse Ylonen, un autre espoir du CH, repêché en début de deuxième ronde en 2018, en a obtenu 4 en 17 matchs jusqu’ici.

Ylonen, pourtant, a presque un an de plus que Kotkaniemi même s’il a été repêché la même année. Le jeune homme est né le 2 octobre 1999. Kotkaniemi, lui, a vu le jour le 6 juillet 2000.

Ça nous ramène à l’importance de considérer la date de naissance des espoirs de la LNH avant qu’ils n’atteignent leurs 21 ou 22 ans.

« Pourquoi faire tout un plat d’un attaquant qui a amassé 42 points en 115 matchs dans la LNH ? », s’interrogeait un lecteur ce week-end.

Comme il n’est probablement pas le seul à penser ainsi, et à nous ramener Brady Tkachuk, repêché un rang après Kotkaniemi en 2018, au moindre faux pas du jeune Finlandais, remettons à nouveau les choses dans leur contexte.

D’abord rappeler cette date importante. Un joueur doit avoir eu 18 ans le 15 septembre pour être admissible au repêchage.

Tkachuk est né le 16 septembre 1999. Deux jours plus tôt et il allait être de la cuvée 2017. Jesperi Kotkaniemi est né le 6 juillet 2000. Neuf semaines de plus et il était plutôt admissible à la cuvée… 2019.

La différence d’âge est plus mince entre Kotkaniemi et son compatriote Kaapo Kakko, deuxième choix au total en 2019, né en février 2001, qu’entre Kotkaniemi et Tkachuk. Il y a aussi un peu moins de sept mois de différence entre Kotkaniemi et Cole Caufield, le choix de première ronde du Canadien en 2019.

Il y a un mois et des poussières de différence entre Nick Suzuki, né en août 1999, et Tkachuk. Et pourtant, que dit-on en comparant Suzuki et Tkachuk ? Que le premier a un an de plus…

Allons encore plus loin. Il y a deux mois et demi de différence entre Kotkaniemi et Raphaël Lavoie, repêché en début de deuxième ronde par les Oilers d’Edmonton en 2019. Lavoie a joué à Halifax, puis Chicoutimi l’hiver dernier.

Kotkaniemi avait 19 ans il y a quelques mois à peine. Imaginez s’il avait passé les deux dernières saisons dans les rangs juniors, à Chicoutimi, Guelph ou Moose Jaw ? Qu’il avait brûlé les rangs juniors comme le cinquième choix de 2018 (deux rangs après Kotkaniemi), Barrett Hayton, l’a fait ? Qu’il avait survolé le Championnat mondial junior en janvier ? Pour ensuite joindre les rangs du Canadien cet été et marquer quatre buts en séries éliminatoires ? On l’aurait porté aux nues à Montréal.

Hayton, par ailleurs, joue lui aussi en Finlande cet automne. Il a amassé quatre aides en six matchs avec Ives, le club le plus puissant de la Liiga. Ives a marqué 42 buts à ses huit derniers matchs, pour une moyenne supérieure à cinq buts par rencontre.

Troisième choix au total en 2011, comme Kotkaniemi en 2018, Jonathan Huberdeau a passé une année et demie supplémentaire dans les rangs juniors après le repêchage. En raison du lockout de 2012, son entrée dans la LNH a été retardée à janvier.

Il a connu des débuts prometteurs chez les Panthers avec 31 points en 48 matchs. Puis, à sa deuxième saison dans la LNH, à 20 ans, l’âge de Kotkaniemi aujourd’hui, sa production a chuté à 28 points, dont 9 buts, en 69 matchs. On verra ce que Kotkaniemi pourra offrir de son côté. Mais sans comparer le style ou le talent des deux joueurs, rappelons qu’Huberdeau était en route vers une deuxième saison de plus de 90 points l’an dernier.

Un premier but pour Cole Caufield

Cole Caufield a enfin marqué un premier but cette saison, lundi soir contre Penn State. Il porte son total à cinq points en autant de rencontres avec les Badgers du Wisconsin, victorieux 6-3. Mais cette performance est trompeuse. Penn State, la pire équipe du Big Ten cette saison selon une majorité d’observateurs, a dominé 52-20 au chapitre des tirs.

L’espoir du Canadien a marqué son but grâce à une belle manœuvre individuelle et le commun des mortels retiendra cette pièce de jeu spectaculaire. Mais il n’a pas connu un très grand match, probablement son pire après la rencontre d’ouverture face à Notre Dame la semaine dernière.

À force d’être l’un des seuls à posséder un peu d’habiletés offensives, on tente d’en faire trop et les revirements surviennent. Rien de catastrophique, cela dit. La progression suit son cours normal. Mais il faudra le sortir de ce club dépourvu de talent avant le printemps avant qu’il ne prenne de mauvais plis.

À LIRE

Guillaume Lefrançois nous en apprend davantage sur la fin du prêt de Jesperi Kotkaniemi en Finlande.