La saison actuelle dans la conférence Big Ten de la NCAA constitue un baromètre intéressant pour évaluer l’espoir du Canadien, Cole Caufield.

À son année de repêchage, on disait de ce choix de première ronde du CH en 2019 qu’il devait son succès à son centre Jack Hughes. Caufield a marqué 72 buts en 64 matchs et obtenu 100 points cette année-là dans le programme de développement américain. Hughes, premier choix au total de la LNH en 2019, a amassé 112 points, dont 78 aides, en 50 matchs.

Mais Caufield n’a personne digne de l’alimenter cette année avec les Badgers de l’Université du Wisconsin. En l’absence de son joueur de centre habituel, Ty Pelton-Byce — un attaquant correct, 23 ans, jamais repêché, cinquième compteur du club l’an dernier — le premier choix du Canadien en 2019 s’est retrouvé avec son frère Brock vendredi contre les Wolverines du Michigan. En 72 matchs en carrière à Wisconsin, Brock, 21 ans, a amassé… 16 points.

La perte d’Alex Turcotte — cinquième choix au total des Kings de Los Angeles — a fait mal. Comme celles des deux meilleurs défenseurs du club, Wyatt Kalynuk, deuxième compteur de l’équipe derrière Caufield l’an dernier avec 28 points, et K’Andre Miller, choix de première ronde des Rangers de New York.

Le contraste de talent entre les Wolverines et les Badgers était flagrant lors des matchs de jeudi et vendredi.

À l’attaque, les Wolverines comptent sur le choix de première ronde des Bruins en 2019 et membre de l’équipe américaine au Championnat mondial junior, John Beecher. Il y a aussi Brendan Brisson, fils du célèbre agent de joueurs Pat, repêché en première ronde par Vegas en 2020. Sans oublier Thomas Bordeleau, fils de Sébastien, repêché au début de la deuxième ronde par San Jose.

Mais deux de leurs trois premiers compteurs n’ont pas encore été repêchés. Kent Johnson et Matthew Beniers sont classés parmi les dix premiers espoirs en prévision du prochain repêchage.

Dans la BCHL l’an dernier, Johnson a amassé 101 points en 52 matchs. Il en a déjà sept en quatre rencontres à Michigan. Beniers devait jouer à Harvard. Mais l’incertitude entourant la saison dans l’Ivy League l’a fait changer d’idée. Il a amassé presque un point par match dans le programme de développement américain à 17 ans l’an dernier.

En défense, Cam York, un choix de première ronde des Flyers en 2019, est de retour pour une deuxième saison. Mais il n’a pas le calibre d’Owen Power, qui a eu 18 ans dimanche, qui fait 6 pieds 5 pouces et 211 livres et qui sera probablement l’un des deux premiers choix du repêchage de 2021. Il a déjà quatre points en autant de rencontres à Michigan, après en avoir amassé 40 en 45 matchs dans l’USHL à 17 ans l’an dernier.

Devant le filet, Strauss Mann, 22 ans, gardien de l’année dans la conférence Big Ten l’an dernier, est de retour pour une troisième saison.

Sans surprise, Wisconsin a perdu ses deux matchs, mais amassé au moins un point lors d’une défaite en prolongation vendredi.

Les Badgers sont tellement dépourvus en défense que Cole Caufield évolue désormais à la pointe en supériorité numérique. L’entraîneur Tony Granato utilise même souvent cinq attaquants en supériorité numérique.

Caufield a amassé une aide dans chacune des deux rencontres face à Michigan, pour porter son total à quatre points en autant de rencontres. Il a obtenu 15 tirs au but depuis le début de la saison, et une trentaine de lancers vers le filet. Dans la plupart des cas, il a provoqué lui-même ses chances de compter.

Le Wisconsin a marqué seulement dix buts en quatre matchs depuis le début de la saison. Les Wolverines en ont marqué dix-huit et accordé seulement quatre.

À cinq contre cinq, les Badgers ont beaucoup de difficulté à construire des jeux en l’absence de défenseurs doués offensivement et de centres de premier plan (le meilleur centre de l’équipe, Dylan Holloway, a été prêté à l’équipe canadienne junior pour cinq semaines).

Ceux qui s’attendaient à voir Caufield dominer outrageusement la NCAA à sa deuxième saison sans porter une attention particulière au contexte seront donc déçus. Mais amasser un point par match en pareilles circonstances demeure digne de mention. Le hockey demeure un sport collectif après tout et Caufield n’est pas du type à transporter la rondelle d’un bout à l’autre de la glace comme un Connor McDavid. C’est un buteur qui a besoin d’être alimenté par un centre créatif.

Caufield n’a pas encore marqué, il est vrai. Mais en le privant de son endroit privilégié en supériorité numérique, l’enclave, on lui soustrait des occasions de marquer. Par ailleurs, l’adversaire redoute tellement son tir que Caulfield en profite souvent pour alimenter des coéquipiers au lieu de tirer au but.

Tout n’est pas parfait, évidemment. Caufield a encore des choses à améliorer avant d’aspirer aux rangs professionnels. Le DG Marc Bergevin le sait très bien. Il n’a pas accordé des contrats de sept ans à Josh Anderson, six ans à Brendan Gallagher et quatre ans à Tyler Toffoli, trois ailiers droits, pour rien.

En période de prolongation vendredi, Caufield, après s’être approché de son banc après une très longue présence (il jouait déjà aux deux tours dans cette prolongation), a choisi de demeurer sur la glace. Il était à bout de souffle. Thomas Bordeleau en a profité pour marquer un but de toute beauté.

Caufield croyait pourtant avoir marqué le but gagnant en troisième période à la suite d’un tir de derrière le filet, mais l’arbitre, après révision, a refusé le but.

Le jeune homme a amélioré sa vitesse. Il se replie avec plus de vigueur et parvient à l’occasion à arracher le disque à l’adversaire en zone défensive. Il mène d’ailleurs son club au chapitre des rondelles récupérées en zone défensive. Mais il lui arrive encore parfois de quitter son territoire trop rapidement dans l’espoir de profiter d’une longue passe. Ça ne passera pas dans les rangs professionnels.

Cole Caufield est-il un flop parce qu’il n’a pas marqué à ses quatre premiers matchs à Wisconsin ? Non. Deviendra-t-il le prochain Brett Hull ? Probablement pas. La vérité se situe peut-être entre les deux. Si, évidemment, le jeune homme suit une progression normale.

Les Badgers reçoivent Penn State lundi et mardi soir. L’opposition devrait être moins forte.

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