Marc Bergevin aime répéter que les pires erreurs sont commises le 1er juillet. Voilà qu’il est pris pour effacer une de ses pires gaffes depuis son arrivée en poste.

Le Canadien va racheter le contrat de Karl Alzner. L’équipe en a fait l’annonce mardi midi.

Le défenseur a été soumis au ballottage mardi, et l’entente sera officiellement rachetée mercredi s’il n’est pas réclamé par une autre équipe.

Comme il reste deux ans à son contrat, les pénalités seront réparties sur quatre ans. Selon CapFriendly, l’impact du rachat sur la masse salariale du Canadien se détaillera comme suit :

Note : Le salaire de 3,55 millions représente l’impact qu’aurait eu Alzner sous le plafond salarial s’il avait été cédé au Rocket de Laval, comme ç’a été le cas lors des deux dernières saisons.

Comme on peut le voir dans le tableau, le rachat pénalisera le Canadien en 2020-2021, de même qu’en 2023-2024. Par contre, l’équipe fera des économies en 2021-2022 et en 2022-2023, des années cruciales avec les négociations à venir.

Rappelons que Brendan Gallagher, Phillip Danault, Tomas Tatar et Joel Armia amorcent leur dernière année de contrat et pourraient être joueurs autonomes sans compensation à l’été 2021. Jesperi Kotkaniemi aura également besoin d’une nouvelle entente, lui qui deviendra joueur autonome avec compensation.

Un mauvais contrat

Bergevin a généralement fait preuve de prudence sur le marché des joueurs autonomes, sauf le 1er juillet 2017. Ce jour-là, il s’est entendu avec Alzner pour cinq ans, le plus long contrat que le directeur général ait accordé à un joueur autonome sans compensation.

Le Tricolore venait alors d’échanger Nathan Beaulieu et Mikhail Sergachev, Alexei Emelin venait d’être réclamé au repêchage d’expansion et Bergevin n’arrivait pas à s’entendre avec Andrei Markov. Bref, tout le côté gauche de la défense était à refaire.

C’est dans ce contexte qu’Alzner a signé ce contrat de cinq ans et 23,125 millions de dollars (valeur annuelle moyenne de 4,625 millions).

L’ancien des Capitals de Washington n’aura finalement joué que 95 matchs avec le Tricolore, inscrivant 12 points. Il a montré un différentiel de - 7. Alzner a passé le reste de son temps avec le Rocket de Laval, avec lequel il a disputé 87 matchs.

En le cédant à Laval, le Tricolore pouvait soustraire 1,075 million de son salaire sous la masse salariale, tel que permis par la convention collective de la LNH pour les contrats « enterrés » dans la Ligue américaine.

Cet été, Alzner est le seul joueur du Tricolore qui a refusé de se joindre à l’équipe dans la bulle à Toronto. Il est difficile de dire si c’était la décision d’un joueur qui savait que son avenir était déjà réglé ou si sa décision a froissé l’organisation.

Interrogé sur la situation au début du camp d’entraînement, en juillet, Bergevin avait répondu ceci : « Dans l’entente entre l’AJLNH et la LNH, un joueur a l’option de se retirer des phases 3 et 4. J’ai eu une conversation avec Karl. Il m’a mentionné ses intentions de ne pas y participer. On respecte sa décision. À partir d’aujourd’hui, il n’y aura plus de mention de Karl Alzner. On va juste dealer avec les joueurs en ce moment au camp d’entraînement. »

Quelques jours plus tard, Alexander Romanov retrouvait le Canadien à l’entraînement, et portait le numéro 27 – le numéro d’Alzner quand il était rappelé.

Reconnaissant

Au moment d’écrire ces lignes, ni Alzner ni son agent n’avaient répondu aux messages de La Presse. Le défenseur a cependant transmis une déclaration écrite au réseau Sportsnet.

« Je remercie l’organisation du Canadien de me donner l’occasion d’avoir un nouveau départ – même si elle n’était pas obligée de le faire – et de m’avoir embauché à l’origine, a-t-il écrit. Je suis très reconnaissant de m’y être fait des amis parmi mes coéquipiers et le personnel d’entraîneurs et j’ai bon espoir que ces amitiés dureront longtemps !

« Enfin [je remercie] la ville de m’avoir montré une culture différente. Son amour pour son équipe de hockey est admirable. J’espère obtenir une autre chance de jouer dans la LNH et de revenir au Centre Bell. »

Sa réaction correspond à la personnalité d’un gars unanimement salué pour son professionnalisme.

Même s’il était pris dans une situation fâcheuse à Laval, Alzner ne s’est jamais plaint de son sort – du moins publiquement. Ses coéquipiers chez le Rocket, de même que l’entraîneur-chef Joël Bouchard, ont tous été charmés par son attitude exemplaire.

Cette bonne attitude ne datait visiblement pas d’hier. Le 6 octobre 2017, le Tricolore débarquait à Washington pour y affronter les Capitals le lendemain. Après l’entraînement du jour, plusieurs journalistes de la capitale américaine ont passé une bonne vingtaine de minutes autour d’Alzner, qui leur parlait sans compter son temps, avec son éternel sourire.