À quoi ressemblera le Canadien au prochain camp d’entraînement ? L’exercice est dur à faire, au moment où la vie semble tout sauf normale, dans un contexte où l’on ignore quand aura lieu ledit camp. Mais Marc Bergevin, lui, n’a pas le choix de le faire.

C’est pourquoi La Presse s’est pliée à l’exercice de projeter à quoi ressemblera le Canadien au prochain camp. Le but : déterminer ce que Bergevin pourra faire vendredi, jour de l’ouverture du marché des joueurs autonomes.

Conclusion : pour la première fois depuis longtemps, le directeur général du Canadien n’abordera pas cette période de l’année avec un gros coussin.

Selon nos calculs, avec le personnel actuellement en place, le Tricolore se retrouvera quelque part entre 2 et 3 millions de dollars sous le plafond salarial des 81,5 millions prévus pour la prochaine saison. Dans la mesure où les directeurs généraux se gardent généralement une certaine marge de manœuvre pour amorcer la saison, on peut croire que Bergevin pourra se permettre un joueur de soutien, sans plus.

Le cas échéant, Bergevin en aurait assez pour dénicher une police d’assurance comme centre de quatrième trio, si Jake Evans se montre incapable de remplir le mandat. Evans a constitué une belle surprise cet été, mais son expérience dans la LNH demeure très limitée (13 matchs en saison, 6 en séries). Une amélioration à l’aile, à la place de Jordan Weal, serait une autre option.

L’idée d’un retour d’Ilya Kovalchuk semble donc moins réalisable dans l’état actuel des choses. Ses séries difficiles — une mention d’aide en huit matchs — avaient déjà calmé les ardeurs de plusieurs…

Évidemment, une transaction pourrait changer la donne, mais avec la quantité de choix au repêchage qu’il a en banque, il serait étonnant que Bergevin largue du salaire pour obtenir des choix ou de jeunes espoirs !

Parlant de transaction… Voici les éléments qui compliquent les projections de la formation.

Max Domi

C’est évidemment la plus grosse variable à régler. Sera-t-il échangé ? S’entendra-t-il avec le Canadien ? À court ou à long terme ?

Dans toute négociation, l’équipe et l’agent cherchent des contrats comparables afin de connaître le marché.

Or, des cas comparables à ceux de Domi, ces dernières années, il n’en pleut pas. Nous avons fouillé les ententes signées depuis deux ans, par des attaquants autonomes avec compensation, qui arrivaient à leur troisième contrat, et qui présentaient des statistiques semblables à celles de Domi. Elias Lindholm (6 ans, 4,85 millions par saison) et Tomas Hertl (4 ans, 5,625 millions par saison), qui ont signé leurs contrats en juillet 2018, se rapprochaient le plus de la situation de Domi.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Max Domi sera-t-il avec le Canadien la saison prochaine ?

En reculant à l’été 2017, nous sommes aussi tombés sur le dossier Alex Galchenyuk. Cette comparaison est particulièrement intéressante pour plusieurs raisons : le contrat a été négocié par Bergevin, les statistiques des deux joueurs sont semblables, et Galchenyuk, comme Domi, avait amorcé les séries qui précédaient la signature du contrat… au sein du quatrième trio ! On pourrait ajouter que les deux ont été trimbalés entre le centre et l’aile.

Malgré cette situation inconfortable, Galchenyuk et le Canadien s’étaient entendus sur un contrat de 3 ans, d’une valeur annuelle de 4,9 millions. Un an plus tard, Bergevin a pu échanger Galchenyuk (justement contre Domi) puisque la durée restante du contrat (2 ans) représentait un risque raisonnable pour les Coyotes.

Nous avons donc pris ce contrat, ajusté avec la hausse du plafond salarial depuis, pour estimer un salaire annuel de 5,3 millions pour Domi. Le chiffre tient d’autant plus debout qu’il est similaire au salaire annuel de Jonathan Drouin (5,5 millions) et assurément inférieur à ce qu’obtiendra Brendan Gallagher s’il signe une nouvelle entente avec le CH. La hiérarchie des salaires dans une équipe pèse souvent lourd dans la balance…

Aux fins de l’exercice, nous avons placé Domi à l’aile, même si Claude Julien a déclaré le préférer au centre. Si les jeunes centres poursuivent sur leur lancée de l’été, on voit mal comment l’entraîneur-chef replacerait Domi au centre. Mais cette incompatibilité explique aussi pourquoi la relation entre le joueur et l’équipe semble vouée à l’échec à moyen terme.

Karl Alzner

La période pendant laquelle les équipes peuvent racheter des contrats est en cours. Jusqu’ici, seuls les Sénateurs (Bobby Ryan), les Rangers (Henrik Lundqvist) et les Coyotes (Michael Grabner) en ont profité.

Chez le Canadien, Karl Alzner est le principal candidat à un rachat. « J’ai parlé à Marc, mais il n’a pas pris de décision pour le moment », indiquait à La Presse l’agent d’Alzner, J. P. Barry, dans un courriel le 30 septembre dernier.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Karl Alzner

L’enjeu salarial pour la saison 2020-2021 n’est toutefois pas énorme. Si Alzner est renvoyé à Laval, comme ce fut le cas lors des deux dernières saisons, son salaire compterait pour 3,55 millions sous le plafond, en vertu de la réduction permise pour les contrats « enterrés » dans la Ligue américaine.

Si son contrat est racheté cet automne, il comptera pour 3,96 millions sous le plafond salarial cette saison, selon l’outil de calcul du site CapFriendly. Cette somme diminuerait à 1,96 million en 2021-2022, et à 0,833 million lors des deux saisons suivantes.

Mais pour revenir à la campagne 2020-2021, la différence entre un rachat de contrat et un renvoi à Laval n’est que de 400 000 $.

Victor Mete et Noah Juulsen

Les deux défenseurs sont joueurs autonomes avec compensation. Le contrat de Victor Mete comptait pour 0,748 million sous le plafond, tandis que celui de Noah Juulsen comptait pour 0,863 million.

Le mécanisme des offres qualificatives les assure d’une augmentation salariale. Pour simplifier l’exercice, nous avons estimé leur salaire à 1 million. Mete a certes joué plus que Juulsen, mais l’arrivée de Joel Edmundson et de la recrue Alexander Romanov le menace de jouer le rôle de septième défenseur.

Juulsen a quant à lui l’avantage d’être droitier, et avant qu’une blessure à un œil ne fasse dérailler sa carrière, son potentiel était plus grand que celui de Mete.

Comme les deux doivent désormais passer par le ballottage s’ils sont cédés dans la Ligue américaine, nous les avons inclus dans la formation. Comme Cale Fleury, lui, est encore exempté du ballottage, nous avons projeté qu’il commencerait la saison à Laval.