Les gars du Lightning n’avaient même pas encore bu une première goutte de champagne dans la Coupe Stanley que déjà, Mathieu Darche était de retour au travail.

« On a eu notre défilé mardi à Tampa, les gars se sont bien amusés, mais moi, je pense que j’ai bu deux bières pendant toute la journée !, lance-t-il en entrevue téléphonique à La Presse. Avec [le directeur général] Julien Brisebois, on est de retour au bureau, et la préparation de la saison prochaine est déjà commencée. »

Tel est le lot des champions, et tel est le lot du Lightning, qui a remporté la deuxième Coupe Stanley de sa jeune histoire, lundi soir, dans la bulle à Edmonton, en défaisant les Stars de Dallas le temps de six rencontres.

Darche, à titre de directeur des opérations hockey du club, doit déjà penser à la suite des choses, surtout à bord d’une équipe où les décisions importantes seront nombreuses au cours des prochaines semaines.

« Mais c’est ça la réalité du sport, ajoute-t-il. C’est ça la réalité quand t’as du succès. Les Blackhawks de Chicago ont pu remporter la Coupe trois fois en six ans tout en effectuant des changements… J’aime mieux avoir à faire ça maintenant, après la Coupe, plutôt que d’avoir à le faire suite à une élimination en quatre matchs au premier tour ! »

On sent le Québécois un peu essoufflé au bout du fil, et pour cause ; lui et tous les membres du Lightning ont dû, en gros, passer les deux derniers mois isolés du reste du monde, dans les bulles de Toronto et d’Edmonton.

Darche le dit ouvertement : personne n’est à plaindre dans le monde du hockey, où les joueurs et les dirigeants ont tout de même pu passer tout ce temps dans des hôtels cinq étoiles. Mais ça ne veut pas dire que ce fut si facile non plus.

« En tout, on a été dans les bulles pendant 65 jours, à partir du 26 juillet… Nous autres, les dirigeants, ce ne fut pas si pire. Je pense qu’à Toronto, on a vu un total de 76 matchs, on était toujours occupés à l’aréna, et on pensait déjà à la prochaine saison…

« Pour les joueurs, des fois, ce fut un peu plus difficile. On a un gars dans notre équipe, Blake Coleman, sa petite fille est née deux mois avant qu’il parte pour les séries. Je ne dirais pas que ce fut si difficile, mais c’était surtout des petits inconvénients. Il fallait subir des tests chaque jour. À Toronto, c’était bien, il y avait de l’espace en masse et les gars pouvaient aller jouer au tennis, mais à Edmonton, la cour intérieure était beaucoup plus petite, et les gars ont commencé à dire que ça ressemblait à une cour de prison… Au moins, le concept des bulles a fonctionné et on a pu jouer les matchs sans problème. »

De là à dire que tous les joueurs seraient prêts à répéter l’expérience pendant toute une saison, c’est un pas que Mathieu Darche n’est pas prêt à franchir.

« Dans le fond, on sait la même chose que tout le monde, on entend les mêmes rumeurs que tout le monde par rapport à la prochaine saison… Je ne sais pas s’il ne pourrait pas y avoir une sorte de calendrier avec des bulles différentes, en rotation. Je pense qu’en ce moment, du côté de la ligue, toutes les options demeurent à l’étude, mais ce serait surprenant que ça commence à la date prévue au départ, le 1er décembre. »

En attendant, Mathieu Darche va relaxer encore un peu… mais pas trop.

« En rentrant à Tampa mardi, on a pu sauter sur la glace du Amalie Arena, et les gars ont mis leurs patins et leurs chandails pour faire le tour avec la Coupe… Au moins, on a pu célébrer comme on l’aurait fait normalement. »