Les joueurs du Canadien se préparaient à passer l’été à la maison. Puis le carton d’invitation est arrivé. Inattendu. Une permission spéciale pour disputer les éliminatoires, même si l’équipe venait de terminer la saison au 24e rang du classement général.

Les joueurs étaient contents.

Les partisans ? Moins.

Souvenez-vous des couinements pour que l’équipe perde, afin de pouvoir repêcher Alexis Lafrenière. Des jérémiades parce que le club ne méritait pas d’être là. On aurait dit un party auquel personne ne voulait vraiment assister. Comme dans la chanson Le dîner, de Bénabar, lorsque le narrateur cherche un prétexte pour éviter une soirée qui s’annonce mortelle.

On s’en fout, on n’y va pas
On n’a qu’à se cacher sous les draps
On commandera des pizzas
Toi, la télé et moi.

Finalement, le party a levé. Et pas à peu près.

Le Canadien nous a offert son meilleur hockey des cinq dernières années. Du jeu intense. Inspiré. Du cœur. De la fougue. De l’énergie. Même après que son entraîneur-chef, Claude Julien, a dû quitter le groupe, après avoir subi un malaise.

Carey Price était motivé – et ça paraissait. Il s’est vraiment surpassé. Il termine le tournoi avec deux blanchissages et un taux d’efficacité de ,936. Le site Evolving Hockey estime qu’il a sauvé 9 buts en 10 matchs. C’est énorme. Deux fois plus que Carter Hart, deuxième de la LNH à ce chapitre.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Carey Price (31) félicite le jeune Carter Hart (79)

Devant Price, on a beaucoup vanté le jeu de Shea Weber, de Jeff Petry et de Ben Chiarot. Mais Brett Kulak mérite lui aussi un pot de jujubes. En 10 parties, il n’a été sur la glace que pour quatre buts de l’adversaire. Il présente le meilleur ratio de tirs tentés/tirs alloués (56 %) chez les défenseurs de l’équipe. Il a dépassé Victor Mete dans la hiérarchie du côté gauche. Dire que Marc Bergevin l’a obtenu contre Matt Taormina et Rinat Valiev, deux défenseurs qui ont passé tout l’hiver dans la Ligue américaine.

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

Claude Giroux (28) et Shea Weber (6), après la rencontre

Jesperi Kotkaniemi et Nick Suzuki nous ont donné un aperçu des prochaines saisons. Le premier – métamorphosé – est plus robuste et a retrouvé sa touche de marqueur. Le tournoi lui a permis de rebâtir sa confiance, après une saison extrêmement difficile qui avait pris fin au bout de la ligne orange, à Laval.

Suzuki, lui, s’est imposé comme le meilleur centre de l’équipe. Parmi toutes les recrues de la LNH, seul Denis Gurianov, des Stars de Dallas, a compté plus de buts que lui dans ce tournoi. Vendredi soir, peu intimidé par les menaces des Flyers, il était de toutes les actions offensives. Sa chimie avec Jonathan Drouin est bien réelle. Quant au Québécois, il termine en tête des compteurs du Canadien et semble avoir trouvé, en Suzuki, le joueur capable de diriger ses passes magiques dans le fond du filet.

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki (14) et Jonathan Drouin (92)

Un autre joueur qui m’a impressionné, c’est Artturi Lehkonen. Je vous mentirais si je vous disais que j’accumule ses cartes recrues en attendant son éclosion offensive. Mais il faut reconnaître que son jeu est passé à un autre niveau. Il est plus impliqué et se dirige davantage au filet. Ses entraîneurs l’ont récompensé en lui offrant le temps de jeu le plus important parmi tous les ailiers de l’équipe.

D’autres joueurs ont moins brillé. Il y a eu des « passagers », pour reprendre l’expression de Claude Julien. J’y reviendrai plus tard cette semaine.

Je retiens plutôt que le Canadien s’est très bien battu. Il méritait de disputer un septième match contre les Flyers. Vendredi soir, il a été malchanceux, car il a dominé la partie.

Maintenant, les lumières sont allumées.

Le party est fini.

La défaite est d’autant cruelle que l’effort y était.