En gros, ça a commencé avec Brendan Gallagher, qui s’est mis à tomber sur les nerfs d’Ivan Provorov alors que les dernières notes des hymnes nationaux résonnaient encore. Ça s’est poursuivi avec Shea Weber, qui a imité les plus poétiques coups de bâton de Chris Pronger. Et puis, pour bien enfoncer le clou, c’est le jeune Nick Suzuki qui s’est permis de donner une petite tape sur la tête du gardien Carter Hart après un mauvais but.

Plus tôt en journée, Kirk Muller avait parlé de faire quelques petits ajustements, et puis de toute évidence, les ajustements, c’était ça : avoir les Flyers à l’usure.

Et celui qui a mis le feu, c’est Gallagher.

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« On a regardé aller Brendan lors de sa première présence, et ensuite, tout le monde a suivi, a noté Jonathan Drouin par conférence vidéo en fin de soirée. Il a donné le ton. »

Oui, il a donné le ton, et ça explique cette improbable victoire de 5-3 qui vient, du coup, forcer la présentation d’un sixième match dans cette série, vendredi soir.

Avant mercredi soir, Gallagher était incapable de marquer, et pour être bien honnête, il ne faisait pas grand-chose non plus. Mais ce joueur-là a l’énergie contagieuse, et rien qu’à le voir aller, les autres n’ont pas eu le choix de suivre.

PHOTO JOHN E. SOKOLOWSKI, USA TODAY SPORTS

Joel Armia (40), Xavier Ouellet (61) et Paul Byron (41)

Ainsi, on a vu Armia aller au filet, on a vu Drouin foncer sur des rondelles libres et effectuer des passes savantes, comme celle par-derrière sur le but de Suzuki en milieu de troisième période. On a bien vu quelques débordements aussi (Jesperi Kotkaniemi devrait savoir qu’on ne frappe personne quand on voit les numéros dans le dos), et dans l’ensemble, on a vu les joueurs du Canadien camper un rôle équivalant à celui du méchant à la lutte professionnelle.

Étonnant ? Un peu, oui.

C’est une victoire acquise par notre force de caractère. Ça a commencé en partant, avec la première présence de la rencontre… on a prouvé qu’on était prêts. Il fallait répliquer après le match précédent.

Kirk Muller

Cette fois, ce sont les Flyers qui ont eu l’air essoufflés, à bout de patience aussi. Est-ce que ça pourra durer ? C’est la grande question pour le Canadien, qui doit maintenant reproduire ce genre de performance pendant deux matchs de suite afin d’éviter les vacances. Ce ne sera pas facile.

Mais on peut présumer que Kirk Muller et ses adjoints vont parler de Carter Hart à leurs hommes. Ce que tout le monde va retenir, c’est le bout facile à retenir, celui de la tape sur la tête par Suzuki. Mais on peut parier que Muller va plutôt chercher à souligner une autre séquence du match, celle où le jeune gardien des Flyers se fait dire de sortir par l’entraîneur-chef Alain Vigneault, avant que le Canadien ne se fasse refuser un but en raison d’un hors-jeu.

Ce bout de vidéo est intéressant, parce que si les joueurs du Canadien regardent avec attention, ils vont voir le moment où Hart, d’un air paniqué tel un chevreuil dans les lumières, tente désespérément de trouver la porte pour pouvoir quitter, tandis que Claude Giroux lui indique qu’il n’est pas du bon bord.

Après ce moment-là, les joueurs du Canadien, comme par hasard, se sont mis à tirer de tous les angles possibles. Cela s’ajoute à tous les gestes de frustration qui ont été faits par certains membres des Flyers mercredi soir, dont Sean Couturier et Jakub Voracek à la fin. Souvent, ça ne ment pas.

Ce qui nous ramène, comme il se doit, à la célèbre question de Dave Hilton jr : est-ce que le dommage est « dedans la tête » ?

Si la réponse est oui, le Canadien pourrait bien nous surprendre encore un peu.

PHOTO JOHN E. SOKOLOWSKI, USA TODAY SPORTS

Jeff Petry (26) fait trébucher Kevin Hayes (13) en troisième période.

Ils ont dit

Je n’avais pas d’intention particulière quand j’ai mis ma main [sur la tête de Carter Hart]. Je n’y ai même pas pensé. J’étais content du but, c’était juste une réaction de ma part. Mais j’ai vu la reprise et je me suis dit que je n’aurais pas dû faire ça. Carter est un très bon gardien.

Nick Suzuki

Sur notre quatrième but, j’espérais que Nick passe par là, j’ai vu qu’il avait semé son poursuivant et je l’ai entendu faire un appel pour la rondelle. Il a vraiment réussi un beau jeu.

Jonathan Drouin

Je pense seulement que Jesperi [Kotkaniemi] a voulu compléter sa mise en échec, et puis au même moment, leur joueur s’est tourné… c’est difficile quand un joueur veut finir sa mise en échec et que l’autre se tourne comme ça. Mais j’ai aimé notre réplique après cette pénalité.

Kirk Muller

Non, ce ne fut pas une décision difficile que de ramener Carter [Hart] pour un deuxième match en autant de soirs. Il joue très bien. Il aimerait peut-être revoir un ou deux buts accordés [mercredi soir]. Mais on a beaucoup de confiance en lui, et il a très bien joué pour nous. Il sera correct au prochain match.

Alain Vigneault

On aurait pu passer au tour suivant. On ne l’a pas fait. Je ne dirais pas qu’on n’était pas désespérés. Parfois, dans une série, ça va moins bien. Chaque fois qu’on prenait du momentum, ils marquaient tout de suite. En saison, souvent, on transportait notre erre d’aller à la prochaine présence. Bravo à eux.

Jakub Voracek

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Joel Armia a inscrit ses deux premiers buts des séries éliminatoires, mercredi soir, dont le premier du match.

Dans le détail

Enfin, un but !

C’est un immense soupir de soulagement collectif qui a dû être poussé au banc du Canadien, lors de la première période, quand Joel Armia a marqué, à la suite d’un excellent jeu du défenseur Xavier Ouellet. D’abord parce que ça permettait au Canadien de marquer le toujours très important premier but du match, et ensuite parce que c’était le premier but du Canadien depuis le deuxième match de la série, présenté vendredi de la semaine dernière. En tout, donc, il s’est écoulé un grand total de 132 minutes et 18 secondes entre ce but et le précédent, le cinquième du match numéro deux, qui avait été réussi par Jesperi Kotkaniemi. Armia en a profité pour ajouter son deuxième du match un peu plus tard, en milieu de deuxième période.

Une première pour Hudon

On a déjà pensé, jadis, que Charles Hudon ne faisait plus partie des plans du Canadien, mais mercredi soir en tout cas, c’est lui qui a été ajouté à la formation, à la place d’Alex Belzile, sur le quatrième trio. Ainsi, Hudon, à l’âge de 26 ans, prenait part à un premier match des séries dans le maillot montréalais. En fait, ça faisait bien longtemps que l’attaquant québécois n’avait pas vécu la frénésie d’un match éliminatoire ; son match éliminatoire précédent remontait à la saison 2016-2017 dans la Ligue américaine, avec la formation de St. John’s. « On espère que la série sera longue, et on voulait tout simplement amener quelqu’un de frais et dispo dans la formation », a expliqué Kirk Muller, qui a fait jouer Hudon pendant seulement 5 minutes et 43 secondes. On peut par ailleurs se demander ce que cela signifie pour un autre attaquant, Ryan Poehling, qui a dû accueillir cette nouvelle avec bien peu de joie. Et on peut probablement se demander si le premier choix du Canadien au repêchage de 2017 fait encore partie des plans à moyen terme.

Une pénalité coûteuse

Alors, est-ce que Jesperi Kotkaniemi méritait vraiment une pénalité majeure de cinq minutes et une inconduite de match pour son coup à la tête de Travis Sanheim en deuxième période ? Disons qu’on risque d’en parler longtemps. D’une part, c’était bel et bien un coup à la tête, et les arbitres ont sans doute réagi au résultat et au sang qui était visible. Mais d’autre part, Philippe Myers a porté un double-échec au visage de Jake Evans quelques instants plus tard, un geste tout aussi dangereux, et le défenseur des Flyers s’en est tiré avec une pénalité de quatre minutes. Reste à voir si Kotkaniemi pourrait être suspendu pour son geste, qui a mené à deux buts des Flyers, les deux de Jakub Voracek, son troisième et son quatrième des séries.

En hausse : Joel Armia

Ils étaient nombreux, les fans du CH à vouloir l’échanger en retour de n’importe quoi à la suite du match précédent. Mais quand il est impliqué comme ça, il paraît beaucoup mieux.

En baisse : Max Domi

Dans un match aussi émotif et intense, les joueurs du style de Domi doivent briller… et non disparaître.

Le chiffre : 2

Le nombre d’aides récoltées par Jonathan Drouin, qui a disputé son meilleur match de la série.