(BOISBRIAND) Il y avait de l’entrain dans les corridors du Centre d’excellence Sports Rousseau samedi. C’est ce qui arrive quand un groupe un brin hétéroclite – notamment des joueurs et joueuses professionnels de hockey, des humoristes, une animatrice et une boxeuse – se retrouvent le temps d’un match de hockey pour une bonne cause.

C’est ce qui arrive aussi quand l’organisateur du match, Kevin Raphael, est un gars qui ne manque pas exactement d’enthousiasme. « Notre premier trio, c’est Marie-Philip Poulin, Mélodie Daoust et Kevin Raphael. C’est moi qui fais les trios ! », claironnait l’humoriste avant le match.

La palme de l’enthousiasme revient toutefois à Emilio Zaga Mendez, talentueux rappeur à ses heures, mais pour les besoins de la cause, bénévole dans l’équipe de présentation du match. Vous en connaissez beaucoup, des gens qui vont jusqu’à se teindre les cheveux en motif de coccinelle pour souligner une cause ? Nous non plus.

La coccinelle, c’était un clin d’œil à Leucan, fondation soutenue par Raphael. Malgré une limite de 200 spectateurs, la Classique KR5 a permis d’amasser 20 359 $ pour la fondation qui soutient les enfants atteints d’un cancer.

« Notre objectif était de 10 000 $, et c’était dans le meilleur des mondes. Personne ne peut donner de l’argent, il y a eu la COVID et les gens n’ont pas travaillé ! Finalement, on a amassé 20 000 $ ! », s’est réjoui Raphael en entrevue avec La Presse et à RDS.

  • Kevin Raphael et Marie-Philip Poulin

    PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

    Kevin Raphael et Marie-Philip Poulin

  • Mélodie Daoust et son fils Mathéo

    PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

    Mélodie Daoust et son fils Mathéo

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Laurence Payette, 13 ans, et la boxeuse Kim Clavel

    PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE



    Laurence Payette, 13 ans, et la boxeuse Kim Clavel

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Evelyne Audet, Joseph Veleno et Bokondji Imama

    PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE



    Evelyne Audet, Joseph Veleno et Bokondji Imama

  • Anthony Duclair, 

Laurence Payette, Kim Clavel et 

Kevin Raphael

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    Anthony Duclair,

    Laurence Payette, Kim Clavel et

    Kevin Raphael

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L’autre cause

Leucan n’était toutefois pas l’unique cause que Raphael avait à cœur. Sur le gilet de chaque joueur était imprimé un logo du mouvement Black Lives Matter. Avec la présence d’Anthony Duclair, Pierre-Olivier Joseph et Bokondji Imama, l’enjeu était incontournable.

« J’en ai parlé avec Anthony Duclair. On a un groupe Facebook avec plusieurs joueurs noirs de la LNH. C’était vraiment important de montrer notre soutien », affirme Raphael.

Contrairement à ce que la LNH a fait – et je serai peut-être dans l’eau chaude –, on n’a pas peur de le dire : “Black Lives Matter.” On n’a pas peur de le mettre partout, de se montrer fiers de soutenir la cause. C’est pourquoi c’est sur le chandail de tout le monde, autant les joueurs noirs que les joueurs blancs.

Kevin Raphael

« Si tu ne soutiens pas la cause, la porte est là ! On est fiers de ce qu’on a monté. Avoir Marie-Philip Poulin avec un logo de Black Lives Matter sur l’épaule, c’est plus fort que de mettre un carré noir sur Instagram. »

Que fait la LNH ?

Lors des matchs préparatoires du tournoi éliminatoire de la LNH, les joueurs demeuraient debout pendant le Star-Spangled Banner, mais chacun était flanqué de deux rivaux, en signe d’unité.

Le 31 juillet, Eric Trump, fils de Donald Trump, a félicité la LNH pour cette initiative. L’ancien joueur Akim Aliu, dont la dénonciation des comportements racistes de Bill Peters avait mis en lumière le problème du racisme au hockey, lui a donné la réplique sur Twitter. « Tu es la dernière personne de qui la LNH et le monde du hockey veulent du soutien. Ce n’est pas du vrai patriotisme si tu t’en sers pour nous diviser. »

https://twitter.com/Dreamer_Aliu78/status/1289272020635488257

« Son tweet disait tout, explique Duclair. Ce sont des personnes comme lui qu’on veut vraiment éduquer. Tout le monde peut changer, car personne ne naît raciste. »

Les bons mots d’Eric Trump ont donné des munitions à ceux qui soutenaient que l’initiative de la LNH était nettement trop timide. Ces critiques ont aussi été alimentées quand Matt Dumba a été le premier joueur à poser un genou au sol pendant l’hymne national américain. Et qu’il a été seul à le faire.

Dans un match subséquent, il a toutefois été imité par Ryan Reaves, Robin Lehner, Tyler Seguin et Jason Dickinson, avant un match entre les Stars de Dallas et les Golden Knights de Vegas.

« Matt a eu beaucoup de soutien des joueurs dans la bulle, de ses coéquipiers et de ses entraîneurs, affirme Duclair. Même Bill Guerin [son directeur général au Minnesota] était d’accord avec lui. Seguin, Lehner et Reaves ont suivi. On voit que des joueurs prennent conscience. »

Pierre-Olivier Joseph, qui était dans la bulle avec les Penguins, a lui aussi défendu les autres joueurs, qui n’ont pas emboîté le pas à Dumba.

Ça prend beaucoup de courage pour faire ce qu’il a fait. Mais des joueurs de Dallas et de Vegas ont ensuite mis un genou par terre. Ça montre qu’une fois qu’une personne le fait, ça en fait embarquer d’autres.

Pierre-Olivier Joseph

« Ça en prend un, ajoute Imama. Même si ça prend deux mois avant que d’autres embarquent, Dumba l’a fait. Plus on sera à le faire, mieux ce sera. »

Évidemment, Kevin Raphael est plus libre de ses propos que ne peuvent l’être Duclair, Joseph et Imama. Duclair est établi dans la LNH avec les Sénateurs, Joseph et Imama y aspirent. Il y a des limites à cracher dans la soupe…

« Il ne faut pas avoir peur de dire : “Black Lives Matter”, lance Raphael. Ça ne veut pas dire que “White Lives Don’t Matter”. La vie des autochtones compte aussi, et on n’en parle pas. C’est mettre en lumière certaines communautés, certaines situations. La WNBA et la NWSL le font, et ce sont des ligues qui n’ont pas autant de moyens que la LNH. Et elles n’ont pas peur de dire “Black Lives Matter”, de prendre le coup, de le mettre partout. C’est quelque chose que la LNH peut améliorer. »