Moins de 24 heures après cet éclatant triomphe de 5-0 aux dépens des Flyers de Philadelphie dans le deuxième match de cette série éliminatoire, les fans du Canadien sont toujours sous le choc : mais quelle est donc cette équipe, si ordinaire en saison, mais dominante depuis le début des séries ?

Les deux jeunes centres de 20 ans du CH ont encore donné le ton vendredi après-midi. Jesperi Kotkaniemi, désormais au centre de Jonathan Drouin et Max Domi, a marqué deux autres buts. Il en totalise désormais quatre en six matchs, au troisième rang de la LNH à ce chapitre derrière Bo Horvat et Connor McDavid.

Nick Suzuki, lui, a été l’attaquant le plus utilisé de l’équipe vendredi avec une moyenne de 18 min 46 s et il a obtenu une aide sur le premier but de l’équipe, celui de Tomas Tatar, en début de rencontre.

Suzuki, désormais au centre de Tatar et Brendan Gallagher, a trois points en six matchs en séries et vient au deuxième rang au chapitre de l’utilisation chez les attaquants de l’équipe, derrière Phillip Danault.

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Nick Suzuki

« Nous nous sommes présentés à Toronto sans attente, sans pression, avec de jeunes joueurs qui ont décidé de jouer au hockey, a déclaré l’entraîneur-chef par intérim en l’absence de Claude Julien, Kirk Muller, en vidéoconférence samedi matin. Ils travaillent fort, ils respectent le système de jeu. »

Les performances de Suzuki surprennent moins, compte tenu de son jeu efficace au centre du deuxième trio en saison, mais la transformation de Kotkaniemi, troisième choix au total en 2018, étonne. Ce garçon vient de fêter ses 20 ans.

« La décision de le renvoyer à Laval [l’hiver dernier] a été importante, a souligné Muller. Ça lui a permis d’améliorer sa compréhension du jeu. Il est jeune et il arrive d’Europe. Le temps passé dans les mineures l’a aidé à être mieux préparé au camp d’entraînement. Il est mieux concentré, plus mature. »

Paul Byron, qui semble avoir retrouvé ses ailes d’antan, est du même avis.

Il a beaucoup amélioré sa vitesse. Il joue avec puissance. Il a travaillé fort en gymnase pendant la quarantaine. Il est plus fort sur la glace, il gagne ses batailles pour la rondelle, il joue vraiment bien.

Paul Byron, au sujet de Jesperi Kotkaniemi

Le Canadien n’a pas compté sur deux centres de 20 ans aussi talentueux dans son histoire récente, mais il ne faut pas oublier les vétérans.

Shea Weber n’a jamais aussi bien joué depuis son arrivée à Montréal. Ce vétéran de 35 ans mène l’équipe avec cinq points en six matchs, une fiche de + 7 et un temps d’utilisation de 25 min 11 s.

Carey Price est impérial. Il montre une fiche de 4-2, une moyenne 1,46 et un taux d’arrêts de ,954. Quand les deux piliers du club jouent ainsi, les chances de succès de l’équipe augmentent de façon importante.

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Carey Price

« Le leadership constitue une grande raison de nos succès, affirme Kirk Muller. Shea Weber est un grand meneur. Notre gardien est en état de grâce [in a zone]. On est bien concentrés. On utilise notre vitesse, on joue dans une seule direction, nord-sud, on a pu utiliser tous nos joueurs. Tout le monde était engagé. »

Paul Byron est plus ou moins surpris par la transformation du CH. « Nous avons vécu beaucoup de hauts et de bas en saison, mais quand on était dans le haut de la vague, on était très bons. Nos jeunes jouent du très bon hockey. Mais on se concentre sur un match à la fois. »

C’est drôle, le momentum. Quand vous l’avez de votre côté, il peut vous transporter. Mais on respecte nos adversaires. On l’a emporté de façon formidable vendredi, mais il faut être prêts pour le prochain match. Les Flyers sont bien dirigés et ils apporteront les ajustements nécessaires.

Kirk Muller

Claude Julien, au repos à la suite d’un malaise à la poitrine subi dans la nuit de mercredi à jeudi, a sans doute été touché de voir les joueurs se rallier ainsi lors du deuxième match.

Kirk Muller, ancien entraîneur-chef des Hurricanes de la Caroline, a opté pour la continuité. Il a conservé sensiblement les mêmes unités comparativement au match précédent et effectué un seul changement, mineur, Jake Evans en remplacement de Dale Weise.

« Je n’ai pas remarqué de changement chez Kirk Muller dans sa façon d’opérer derrière le banc, a noté Paul Byron. Il est resté le même. Il est intense, passe ses messages de façon directe. Il a été dans nos souliers, on sait comment il jouait. Les gars le respectent et l’écoutent. »

La série est égale 1-1. Prochain match dimanche soir.

LA VIE DANS LA BULLE

Le gardien numéro un des Bruins de Boston, Tuukka Rask, a annoncé son départ de la « bulle » de Toronto samedi matin pour retrouver son nouveau-né. « C’est probablement le plus grand défi actuellement, être séparé de ses proches, reconnaît Kirk Muller. Ça peut devenir très long d’être éloigné ainsi. C’est un engagement. Mais il faut reconnaître le mérite de Gary Bettman et de la Ligue. Ils font un travail incroyable, c’est bien organisé. On se sent en sécurité avec les règles et les tests. »

DES BUTS EN SUPÉRIORITÉ NUMÉRIQUE

Le Canadien a marqué deux buts en supériorité numérique vendredi, pour augmenter son taux de succès à 15 %. « Ça commence à cliquer, note Kirk Muller. On n’a pas eu beaucoup d’entraînement. Réunir Jeff Petry et Shea Weber, deux défenseurs qui ont de bons tirs, nous permet d’obtenir plus d’occasions de placer des rondelles au filet. Il faut des résultats immédiats en séries, mais il faut aussi continuer à s’améliorer. »