L’année 2020 n’est décidément pas normale.

Après l’annulation de la saison, le confinement, les matchs sans spectateurs dans des « bulles » à Toronto et à Edmonton, on a remis, mardi soir, le match entre les Bruins de Boston et les Hurricanes de la Caroline à mercredi matin parce que la rencontre entre le Lightning de Tampa Bay et les Blue Jackets de Columbus n’était toujours pas terminée, six heures après avoir commencé…

Le Lightning l’a finalement emporté au milieu de la cinquième période de prolongation, grâce à un but de Brayden Point.

Faut-il pour autant changer la formule des séries éliminatoires ? Un tel match pourrait hypothéquer l’équipe qui survivra à cette ronde. Mais de tels dénouements surviennent rarement.

Par contre, sans pour autant imposer des tirs de barrage trop rapidement, on pourrait adopter une formule à quatre joueurs contre quatre après une période de prolongation, puis passer à trois joueurs à la deuxième.

Je ne sais pas combien de joueurs ont été impliqués dans un match aussi long, mais c’était spécial, a déclaré le héros du match. C’était éreintant, mais amusant rendu à un certain point.

Brayden Point

Revenons à cette série. On comprenait le Lightning d’avoir l’esprit revanchard à l’aube de ces affrontements contre les Blue Jackets.

Après une saison presque parfaite l’an dernier, l’équipe de Tampa Bay a été lessivée en quatre matchs consécutifs par les Jackets le printemps passé.

Mais le Lightning a un club différent devant lui cet été. Sept joueurs des Jackets dans cette série de 2019 n’y sont plus, et pas les moindres : les deux meilleurs compteurs, Artemi Panarin et Matt Duchene, le gardien Sergei Bobrovsky, Ryan Dzingel, Brandon Dubinsky, Adam Clendening et Josh Anderson, blessé. On parle ici d’un tiers de l’équipe !

Le directeur général des Blue Jackets, Jarmo Kekalainen, a joué le tout pour le tout l’an dernier en conservant les futurs joueurs autonomes Panarin et Bobrovsky et en cédant des choix de premier et deuxième tours ainsi que des espoirs pour obtenir Duchene et Dzingel. Les Jackets jouaient gros.

Malgré la perte de tous ces joueurs importants, la formation de Columbus a été surprenante cette saison. Elle a maintenu une fiche de 33-22-15, une proportion victoires/défaites légèrement supérieure à la saison précédente.

Tampa Bay a des choses à se faire pardonner, mais Columbus n’a rien à perdre. Comme l’an dernier, Victor Hedman est diminué par une blessure, même s’il était du premier match mardi. Le capitaine Steven Stamkos est toujours absent.

Comme les Blue Jackets l’an dernier, le Lightning a fait des sacrifices au printemps pour s’améliorer à court terme. Le directeur général Julien BriseBois a cédé deux choix de premier tour pour obtenir Blake Coleman et Barclay Goodrow, deux joueurs qui, sans être les plus talentueux, jouent avec fougue.

« C’est seulement un match »

Les Blue Jackets ne comptent pas de grandes vedettes offensives. Le meilleur compteur, Pierre-Luc Dubois, a obtenu 49 points en saison. Personne n’a marqué plus de 22 buts.

Le deuxième centre derrière Dubois, Boone Jenner, a obtenu 24 petits points en 70 matchs. Le troisième centre, Riley Nash, à peine 14 en 64 rencontres.

À titre de comparaison, cinq joueurs du Lightning ont autant ou plus de points que Dubois : Nikita Kucherov, Brayden Point, Steven Stamkos, Victor Hedman et Alex Killorn.

Mais les Blue Jackets comptent l’une des meilleures défenses de la Ligue avec Seth Jones, Zach Werenski, David Savard et Vladislav Gavrikov.

Et leurs attaquants, malgré leur manque de productivité, travaillent comme des damnés pour leur entraîneur John Tortorella et pressent le porteur de rondelle comme peu d’équipes le font. Ils l’ont encore démontré mardi soir.

« C’est seulement un match, a prévenu Point. Ils ont un grand club. Ils travaillent très fort. »

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

Joonas Korpisalo

Quelques chiffres

– Le défenseur Seth Jones, des Blue Jackets, a joué 65 min 6 s, un record de la LNH ;
– Le gardien Joonas Korpisalo, des Blue Jackets, a bloqué 85 des 88 tirs dirigés vers lui, soit le plus grand nombre d’arrêts depuis que le nombre de tirs est comptabilisé (1955-1956). Kelly Hrudey détenait le record, 73, depuis 1987 ;
– Aucun des défenseurs n’a joué moins de 30 minutes ;
– L’entraîneur-chef des Blue Jackets, John Tortorella, a « coupé » son banc. Nathan Gerbe et Eric Robinson ont joué seulement 17 minutes, soit 13 minutes de moins que l’attaquant le moins utilisé après eux ;
– Seulement trois matchs dans l’histoire de la LNH ont duré plus longtemps.