Qu’avez-vous fait lors de votre dernière Saint-Valentin pré-COVID 19 ? Jake Evans, lui, n’a pas eu droit à un souper en amoureux chez Pacini. Le bar à pain allait attendre.

Evans a plutôt passé sa soirée avec une bande de hockeyeurs. C’était son cinquième match dans la Ligue nationale, et il évoluait à droite de Nate Thompson. Les autres trios du Canadien étaient pilotés par Phillip Danault, Nick Suzuki et Max Domi.

De l’autre côté ? Les Penguins de Pittsburgh, avec notamment deux types du nom de Sidney Crosby et Evgeni Malkin. Intimidant pour un débutant ?

« Surtout à l’échauffement. C’est assez cool quand tu réalises que tu vas affronter ces gars-là, que tu as regardés en grandissant, a expliqué Evans, après l’entraînement de mardi à Brossard. Mais quand ça commence, tu oublies ça. Évidemment, tu sais très bien quand ils sont sur la glace, pas parce que tu es impressionné, mais en raison de ce qu’ils peuvent faire sur la patinoire. »

Ce genre de réponse, on l’entend souvent en cours de saison. Les mois d’automne sont parfaits pour permettre à des recrues d’apprendre leur métier et de s’habituer à affronter ces idoles.

Mais le Canadien de l’été 2020 est dans une situation particulière. Depuis ce 14 février, Thompson a été échangé, parce que le directeur général Marc Bergevin calculait alors que son équipe raterait les séries éliminatoires. Domi réfléchit à la maison, le temps d’évaluer si le risque de contracter la COVID-19 est assez bas pour un diabétique comme lui.

Ainsi, si on se fie aux deux premiers jours du camp, c’est une ligne de centre très jeune que le Canadien pourrait déployer dans la série trois de cinq contre Pittsburgh, s’il fallait que Domi renonce au retour au jeu. Il y a bien l’excellent Phillip Danault, qui s'immisce encore cette année dans le lot des candidats au trophée Selke. Mais ensuite, ça rajeunit !

Matchs dans la LNH des quatre premiers centres du Canadien

Phillip Danault : 339 matchs en saison, 6 en séries
Nick Suzuki : 71 matchs en saison, 0 en séries
Jesperi Kotkaniemi : 115 matchs en saison, 0 en séries
Jake Evans : 13 matchs en saison, 0 en séries
Total : 538 matchs en saison, 6 en séries

Chez les Penguins ?

Sidney Crosby : 984 matchs en saison, 164 en séries
Evgeni Malkin : 907 matchs en saison, 162 en séries
Jared McCann : 310 matchs en saison, 3 en séries
Teddy Blueger : 97 matchs en saison, 1 en séries
Total : 2298 matchs en saison, 330 matchs en séries

Et pour ceux qui se demandent dans quel état d’esprit est Crosby, le confrère de Pittsburgh Josh Yohe a observé ceci, une trentaine de minutes avant le début de l’entraînement.

Crosby et Malkin n’ont pas besoin de présentation. McCann s’établit quant à lui comme un joueur capable d’amasser une quarantaine de points par saison, tandis que Blueger, à sa deuxième année, jouait déjà 16 minutes par match en moyenne.

Quel objectif en séries ?

Dans les circonstances, des observateurs voient le tournoi éliminatoire de cet été comme une belle occasion pour les jeunes du Canadien de gagner de l’expérience, à défaut de gagner une série. Bergevin a parlé d’expérience, lundi.

« C’est une série courte, tout est possible. On veut gagner le plus d’expérience possible à Toronto. Ça peut seulement aider pour l’avenir. Je ne vois aucun côté négatif à aller dans ce tournoi et vivre cette expérience », a expliqué le directeur général.

Nulle part n’est-ce aussi vrai qu’au centre, devenu avec le temps la position la plus valorisée au hockey. Après des années de vaches maigres, c’est là que jouent les jeunes les plus prometteurs de Montréal. Suzuki a épaté la galerie à sa première saison, Kotkaniemi a été repêché au troisième rang en 2018, et la progression d’Evans achète du temps à un autre ancien choix de premier tour, Ryan Poehling, qui a connu une première année difficile dans les rangs professionnels.

« On a beaucoup de temps pour faire des ajustements. Mais les jeunes que tu vois au centre, ce sont de bons jeunes, a souligné l’entraîneur-chef Claude Julien. Suzuki, on sait ce qu’il peut faire. On a vu Kotkaniemi à son meilleur. Il a subi une blessure l’an passé, son départ n’était pas à la hauteur. Mais il patine beaucoup mieux qu’en début de saison. Evans a montré du bon hockey sense, il est très intelligent. On leur donne la chance au centre et on verra ce qu’on peut faire avec ces joueurs-là. »

Julien était particulièrement insistant sur Kotkaniemi lors de sa première rencontre avec les médias depuis le début du camp d’entraînement. Il a encensé son jeune centre pas une, ni deux, mais bien trois fois.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Jesperi Kotkaniemi

La première de ces trois fois était sans doute la plus révélatrice, puisque l’entraîneur-chef était questionné sur Suzuki. Julien a parlé de Suzuki comme d’« un excellent joueur de hockey, qui était rattrapé par la fatigue » en mars dernier.

« On voit un gars bien reposé, il patine bien. Je peux dire la même chose de Kotkaniemi. Il patine bien. Il avait eu une opération au genou avant le début de la dernière saison. Ce que je vois, ce sont des choses encourageantes », a dit l’entraîneur-chef.

S’il y a une situation fascinante à suivre au camp, ce sera bien celle-là. Kotkaniemi a droit à une vraie chance jusqu’ici avec Paul Byron et Artturi Lehkonen comme ailiers. Il joue à sa position naturelle, même s’il a aussi évolué à l’aile en Finlande.

On ne cesse de nous dire que Domi veut jouer. Bergevin le répétait lundi. Mais s’il rejoint ses coéquipiers, ce sera le même Max Domi dont Julien disait, après un essai infructueux à l’aile en novembre, qu’il « ne patine pas aussi bien qu’au centre. Ce qui est surprenant, c’est qu’il a passé la majorité de sa carrière à l’aile. »

« [Kotkaniemi] a eu ses hauts et ses bas. Jusqu’ici, j’aime ce que je vois, il a un bon rythme, il patine bien, a dit Julien mardi. Même si Max n’est pas ici en ce moment, ça ne veut pas dire que c’est Kotkaniemi qui se ferait tasser. »

Beau dilemme en vue. Mais quel qu’en soit le résultat, le Canadien amorcera cette série en déficit d’expérience face aux Penguins.

En bref

Weber en fin de séance
Shea Weber a raté la majorité de ce deuxième entraînement du Canadien. En fait, il a sauté sur la patinoire à la toute fin de la séance, après que les joueurs eurent fait leurs étirements qui marquent la fin des exercices organisés. « C’était impossible pour lui de s’entraîner avec le groupe. C’est le protocole qu’on nous demande de suivre à la LNH », a répondu Julien, avant de mentionner qu’il s’attend à voir Weber avec ses coéquipiers mercredi.

Kulak toujours absent
Brett Kulak n’était également toujours pas présent. Le défenseur gaucher apparaît dans la formation du Tricolore pour le camp, mais n’a toujours pas été vu officiellement sur la patinoire à Brossard, ni même dans les derniers jours de la phase 2. Le Canadien n’a donné aucune explication à son sujet, puisque les équipes ne sont pas autorisées, pour les phases 3 et 4 du retour au jeu, de divulguer la raison des absences. Un autre défenseur, Xavier Ouellet, était quant à lui absent pour un deuxième jour de suite. Ouellet avait participé à quelques entraînements facultatifs la semaine dernière, pendant la phase 2.

Au jeu le 28 juillet
Le Canadien disputera son seul match préparatoire le 28 juillet, a annoncé la LNH. Son adversaire sera les Maple Leafs de Toronto. Le circuit a aussi annoncé que les trois premiers matchs de la série entre le Tricolore et les Penguins seront à 20 h. Les amateurs n’auront donc pas à sacrifier un après-midi au soleil pour voir l’équipe à l’œuvre. Les trois premiers matchs auront lieu les 1er, 3 et 5 août. Les quatrième et cinquième matchs (si nécessaires) sont prévus les 7 et 8 août, mais l’heure n’a pas été annoncée. Fait intéressant, la LNH n’a toujours pas dévoilé quels réseaux diffuseront ces matchs…

Les trios à l’entraînement du Canadien mardi
Tatar-Danault-Gallagher
Drouin-Suzuki-Armia
Byron-Kotkaniemi-Lehkonen
Weise-Evans-Weal
Belzile-Dauphin-Poehling-Hudon

Défenseurs
Chiarot-Folin
Mete-Petry
Brook-Juulsen
Olofsson-Fleury

Gardiens
Price
Primeau
Lindgren
McNiven

Absents
Domi
Weber*
Kulak
Ouellet
Romanov