Ça commence avec une prise de température à l’entrée et un formulaire à remplir. Il faut suivre les flèches au sol pour respecter le sens de la circulation à pied. Le casse-croûte est fermé.

Autour de la patinoire, les tables habituellement remplies de spectateurs qui regardent l’entraînement à travers les vitres sont bien espacées. Une seule personne par table, tous des membres des médias, car les partisans ne sont pas admis sur les lieux. Caméramans et photographes ? Eux aussi dans cette zone. Les seuls caméramans dans les gradins sont ceux du Canadien.

Au banc des joueurs, les préposés à l’équipement portent un masque.

En fait, le seul endroit où ce premier entraînement officiel du Canadien semblait normal, c’était sur une surface de 200 pi sur 85 pi, communément appelée la patinoire.

« Sur la patinoire, on se sent normaux. Mais le reste ne l’est pas », a lancé Shea Weber, en point de presse, après la séance.

Tout semblait effectivement normal, dans un monde qui ne l’est plus. Les joueurs se parlaient à quelques centimètres du visage, ils rigolaient sans se soucier des gouttelettes. À la fin de l’entraînement, Claude Julien a rassemblé ses hommes, qui se sont agglutinés devant lui pour entendre son message.

« On était en isolement en famille, et en petits groupes de quatre ou cinq joueurs sur la patinoire depuis des mois. De se retrouver avec 30 gars, c’était le fun. L’ambiance est bonne », a exprimé Paul Byron, coreprésentant du Canadien à l’Association des joueurs.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Jordan Weal, Artturi Lehkonen et Paul Byron

Distanciation physique impossible

Dans la mesure où la LNH entend organiser des séries éliminatoires en bonne et due forme, il n’est que normal que les joueurs soient en contact les uns avec les autres. Ça arrivera tôt ou tard dans de vrais matchs, et le circuit entend créer des « bulles » à Toronto et à Edmonton autour des joueurs et du personnel qui y seront admis. Ça implique donc une confiance envers les coéquipiers, mais aussi les adversaires, comme l’a souligné Weber.

À l’heure actuelle, par contre, les joueurs ne sont pas isolés. Ils continuent à vivre à leur domicile. Mais afin que la bulle dans laquelle ils s’installeront à compter du 26 juillet soit hermétique, une grande discipline de tous est nécessaire dès maintenant.

« Il y a une grosse question de confiance », a expliqué Weber, capitaine du Canadien, dans une entrevue par visioconférence. « On en a parlé ce matin en arrivant. On se fie les uns aux autres. On n’est pas encore dans la bulle, les gars prennent leurs propres décisions, mais ces décisions nous touchent tous. C’est crucial que les gars fassent attention et pensent aux autres.

« Une fois sur la patinoire, la bataille commence, il n’y a plus de distance de 6 pi. C’est dur de rester éloignés ! C’est une période très importante. On doit regarder le gars à côté et penser aux autres, pas seulement à nous-mêmes. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Tomas Tatar et Carey Price

D’ailleurs, la LNH elle-même a conclu que cette distanciation physique était impossible. Dans une note interne destinée aux équipes et transmise par erreur à des membres des médias, dont La Presse, un vice-président du circuit implore tout membre d’équipe « de porter un masque et de respecter la distanciation lorsque vous regardez les entraînements ».

« Les photos et vidéos prises hors glace de joueurs qui ne portent pas de masque et qui sont proches les uns des autres, assis dans le vestiaire ou dans la salle vidéo, en train de préparer leurs bâtons, ne devraient pas être publiées. »

Bref, la distanciation physique est impossible, mais il ne faut pas trop le montrer…

Discipline

Pour cette phase du protocole de retour au jeu, qui consiste en la tenue de camps d’entraînement, les joueurs et les membres du personnel qui ont accès aux joueurs sont testés tous les deux jours. Un test positif entraîne un isolement immédiat.

Du reste, ils sont libres de leurs allées et venues en dehors du centre d’entraînement, mais doivent donc faire preuve d’une grande discipline afin de ne pas faire dérailler le projet.

« C’est strict ici, il y a beaucoup de règlements pour qu’on reste en santé, a rappelé Byron. Mais quand on sort de l’aréna, ça change. Les gars veulent des choses au IGA, ils veulent aller manger. C’est à nous d’être responsables pour rester en santé, pour tout le monde. On va voir avec le temps si ça fonctionne ou non, mais je suis convaincu qu’on va dans la bonne direction. »

Sortir au bar ? Vaut mieux s’abstenir, selon Weber.

« C’est le gros bon sens. C’est ce à quoi on s’attend des joueurs, a dit le capitaine du Canadien. On a vu les petites éclosions ici et là dans les bars. Ce sera dur, ce n’est pas une vie normale pour qui que ce soit. C’est un sacrifice, mais tout le monde doit en faire.

« Les joueurs ont des familles, certaines personnes ont des problèmes médicaux. Il faut penser aux autres, sinon c’est égoïste. Chacun devra faire le nécessaire pour être prêt pour le camp, et penser à son coéquipier. »

En bref

Deux « faux positifs »

Il semble que deux des trois joueurs du Canadien qui ont été déclarés positifs à la COVID-19 auraient en fait été de « faux positifs ». C’est ce qu’affirme le confrère d’Athlétique Arpon Basu, qui a rapporté dimanche les trois cas positifs. Le Canadien n’a fait aucun commentaire sur le sujet, puisque la LNH a décrété que les équipes ne donneraient aucun détail sur les blessures ou les maladies des joueurs, afin de protéger leur confidentialité. Notons que dans son bilan hebdomadaire de cas de COVID-19, publié lundi, la LNH affirme avoir testé « plus de 600 joueurs », pour en arriver à 30 cas positifs. À cela s’ajoutent 13 autres cas positifs de joueurs qui ne s’entraînaient pas dans les installations de leur équipe, et qui ne participaient donc pas à la deuxième phase du protocole de retour au jeu.

Cinq absents

Il y avait cinq absents à l’entraînement du Canadien : Max Domi, Alexander Romanov, Brett Kulak, Xavier Ouellet et Josh Brook. Domi manquait évidemment à l’appel puisque l’équipe a annoncé la fin de semaine dernière qu’elle lui accorderait de 7 à 10 jours avant qu’une décision soit prise à son sujet. Domi souffre de diabète de type 1. Romanov, dont le contrat avec le Tricolore a été officialisé lundi matin, est toujours en Russie, mais devrait arriver à Montréal dans les prochains jours. Quant aux défenseurs Kulak, Ouellet et Brook, aucune raison n’a été donnée pour leur absence.

Kotkaniemi dans le top 9

Sans surprise, Claude Julien a gardé intact le trio de Tomas Tatar, Phillip Danault et Brendan Gallagher pour ce premier entraînement. Sinon, l’absence de Domi fait en sorte que Jesperi Kotkaniemi se retrouve au centre d’un des trois premiers trios, avec Byron et Artturi Lehkonen comme ailiers. Kotkaniemi, rappelons-le, jouait pour le Rocket de Laval au moment de l’interruption de la saison, après avoir connu une saison très difficile à Montréal. L’absence de Domi lui donne une belle occasion de reprendre le poste de troisième centre qu’il a occupé pendant la majeure partie de sa première saison, en 2018-2019. Il sera toutefois intéressant de voir comment Julien gérera son effectif si Domi finissait par se joindre au groupe.

Défense incomplète

L’absence de trois défenseurs brouillait quelque peu le portrait à la ligne bleue. Le duo de Ben Chiarot et Shea Weber est demeuré intact, tandis que Victor Mete patinait à la gauche de Jeff Petry, dans un poste qui appartenait à Kulak avant l’interruption des activités. Les droitiers Noah Juulsen et Christian Folin formaient ce qui ressemblait au troisième duo, tandis que Gustav Olofsson et Cale Fleury formaient un autre tandem. Il faudra surveiller si Julien donnera une chance à Juulsen de gagner le troisième poste à droite, derrière Weber et Petry. Juulsen, ancien choix de premier tour, a été ralenti par des problèmes de migraines depuis deux saisons et n’a joué que 13 matchs (LNH et LAH) en 2019-2020, et 24 l’année précédente.

Prévention à Pittsburgh

Les Penguins de Pittsburgh, adversaires du Canadien lors de la ronde de qualification, ont annoncé lundi le retrait temporaire de neuf de leurs joueurs du camp d’entraînement par mesure préventive. Les neuf joueurs ont été en contact avec une personne qui, elle, a été en contact avec une personne déclarée positive à la COVID-19. Les noms desdits neuf joueurs n’ont pas été dévoilés. « Les neuf joueurs ne participeront pas aux entraînements tant qu’il ne sera pas sécuritaire de le faire, en vertu des protocoles de la LNH », a écrit l’équipe sur son compte Twitter officiel. Selon Wes Crosby, correspondant de LNH.com à Pittsburgh, les absents à l’entraînement étaient tous des joueurs de soutien, à l’exception de Patric Hornqvist, ailier auteur de 17 buts en 52 matchs cette saison.

Les trios à l’entraînement

Tatar-Danault-Gallagher
Drouin-Suzuki-Armia
Byron-Kotkaniemi-Lehkonen
Weise-Evans-Weal
Belzile-Dauphin-Poehling-Hudon

Défenseurs

Chiarot-Weber
Mete-Petry
Juulsen-Folin
Olofsson-Fleury

Gardiens

Price
Primeau
Lindgren
McNiven