Des partisans du Canadien espèrent déjà une élimination précoce aux mains des Penguins de Pittsburgh en ronde préliminaire des séries éliminatoires.

Ainsi, le Canadien conserverait ses chances de participer à la loterie avec les huit clubs perdants pour déterminer le détenteur du premier rang au repêchage.

Dans le pire des scénarios, en cas d'élimination, le Tricolore repêcherait au 9e rang ; il choisira au mieux au 16e rang s’il élimine Pittsburgh.

On comprendrait néanmoins Marc Bergevin de rêver à un parcours de quelques tours en séries éliminatoires cet été. Et pas nécessairement dans une perspective de remporter la Coupe Stanley en 2020.

Le directeur général du Canadien le sait trop bien : une expérience en séries éliminatoires pour un groupe de jeunes joueurs dans un contexte de réinitialisation n’est pas nécessaire, mais bien essentielle.

Blackhawks, Penguins, Kings…

Prenons son ancienne équipe, les Blackhawks de Chicago. Jonathan Toews et Patrick Kane ont raté les séries à leur première saison avec le club, en 2007-2008. Ils ont remporté deux tours l’année suivante, avant de gagner la Coupe Stanley en 2010.

La défaite en cinq petits matchs contre les Red Wings de Detroit en finale d’association, en 2009, a fait mal, mais elle a permis à ce noyau constitué de Toews, Kane, Duncan Keith, Brent Seabrook et Patrick Sharp de mûrir. Keith, Seabrook et Sharp ont eu à attendre plusieurs saisons avant même de prendre part aux séries éliminatoires.

À Pittsburgh, Sidney Crosby a raté les séries éliminatoires à sa première saison, en 2005-2006. Les Penguins ont été éliminés en six matchs dès le premier tour par les Sénateurs d’Ottawa la saison suivante. Ils ont atteint la finale de la Coupe Stanley un an plus tard et remporté leur premier championnat l’année suivante, en 2009.

Anze Kopitar a raté les séries éliminatoires à ses trois premières années à Los Angeles, entre 2006 et 2009. Le parcours en séries n’a pas été très long en 2010, les Kings ont perdu en six matchs contre les Canucks de Vancouver au premier tour. Mais ces parties auront permis à Kopitar, Drew Doughty et compagnie de vivre l’expérience des séries. Les Kings ont gagné la Coupe Stanley deux ans plus tard.

Les Blues de St. Louis ont vécu des éliminations trois fois au premier tour, deux fois au deuxième tour et une fois en finale d’association avant de finalement soulever la Coupe Stanley l’an dernier.

Malgré tout leur talent, les Maple Leafs de Toronto et l’Avalanche du Colorado n’ont pas encore atteint le troisième tour. Après plusieurs saisons sans participer aux séries, Denver a perdu au deuxième tour l’an dernier et au premier l’année précédente. Toronto a perdu deux fois au premier tour au cours des deux dernières années. Ce sont encore de jeunes équipes.

Forger le caractère

Le Canadien n’a pas encore de joueurs d’impact comme les équipes mentionnées précédemment. Mais s’il veut espérer aspirer à la Coupe Stanley un jour, ses jeunes joueurs doivent vivre l’expérience des séries le plus rapidement possible.

Le premier centre du Canadien pour l’heure, Phillip Danault, a six matchs derrière la cravate en séries. Le premier trio qu’il forme avec Brendan Gallagher et Tomas Tatar n’a jamais joué ensemble en éliminatoires.

Nick Suzuki en sera évidemment à ses premières séries. Idem pour Jesperi Kotkaniemi, dont le retour en Amérique du Nord à temps pour la reprise des activités a été confirmé par le site theathletic.com il y a quelques jours.

Malgré ses 25 ans, Max Domi a seulement disputé des matchs de saison en quatre ans de carrière. Jonathan Drouin a un peu plus d’expérience en la matière. Il a disputé un tour avec le Lightning de Tampa Bay à l’âge de 20 ans, puis 17 rencontres deux ans plus tard, au cours desquelles il a amassé 14 points.

Joel Armia a joué seulement une fois en séries au cours de ses cinq saisons dans la LNH. Artturi Lehkonen seulement six matchs, à sa première année à Montréal.

Malgré leur bagage, Jeff Petry, Ben Chiarot et Paul Byron ont très peu joué en séries éliminatoires au cours de leur carrière. Petry a 18 matchs d’expérience, Chiarot 24 et Byron, 6.

Marc Bergevin et Geoff Molson espèrent aussi sans doute convaincre la LNH de changer son fusil d’épaule et de permettre aux plus récents joueurs de la KHL ayant signé un contrat, comme Alexander Romanov, de participer aux séries. Il s’agirait pour Romanov d’un excellent baptême, un peu comme P. K. Subban l’avait fait en 2010 après seulement deux matchs en saison.

Une défaite contre les Penguins serait une expérience en soi pour les jeunes joueurs de l’équipe. Mais un ou deux tours supplémentaires forgeraient encore davantage le caractère de ce jeune club.

D’autant plus que l’obtention du premier choix est tout, sauf garantie. Le Canadien aurait une chance sur huit de l’emporter, soit 12,5 %.

Le Canadien serait-il avantagé avec un neuvième choix comparativement à un seizième ? Évidemment, mais les récents repêchages nous ont prouvé que la différence n’était pas si marquée, comme vous pouvez le constater ci-dessous.

Alors ? Souhaitez-vous toujours une défaite rapide ?

2017

8- Casey Mittelstadt
9- Michael Rasmussen
15- Erik Brannstrom
16- Juuso Valimaki

2016

8- Mikhail Sergachev
9- Tyson Jost
15- Jakob Chychrun
16- Luke Kunin

2015

8- Zack Werenski
9- Timo Meier
15- Zach Senyshyn
16- Mathew Barzal (Kyle Connor, Thomas Chabot)

2014

8- Nikolaj Ehlers
9- Nick Ritchie
15- Dylan Larkin
16- Sonny Milano (Nick Schmaltz, Travis Sanheim)

2013

8- Rasmus Ristolainen
9- Bo Horvat
15- Alex Wennberg
16- Ryan Pulock

2012

8- Derrick Pouliot 
9- Jacob Trouba 
15- Cody Ceci
16- Tom Wilson (Tomas Hertl, Teuvo Teravainen)

2011

8- Sean Couturier 
9- Dougie Hamilton
15- J. T. Miller 
16- Joel Armia

2010

8- Alexander Burmistrov 
9- Mikael Granlund 
15- Derek Forbort 
16- Vladimir Tarasenko

2009

8- Scott Glennie
9- Jared Cowen
15- Peter Holland
16- Nick Leddy