Au moment de retirer son équipement dans le vestiaire des Sabres de Buffalo, le 6 avril 2019, Jason Pominville se doutait bien que c’était la dernière fois. La dernière fois qu’il patinait sur une glace de la LNH, la dernière fois qu’il faisait ce qu’il avait fait depuis la saison 2003-2004, la dernière fois d’une longue carrière bien remplie.

Aussi, Jason Pominville se doutait fort bien que ce 6 avril 2019 allait être le premier jour du reste de sa vie.

« J’étais encore capable de jouer, mais en même temps, c’est la LNH et la roue continue de tourner, explique-t-il en entrevue téléphonique. Les équipes veulent faire confiance à des plus jeunes, et c’est normal. Je le savais. »

C’est donc de cette façon, et aussi sans trop faire de bruit, que Pominville a mis fin à sa carrière. Une fin de carrière à son image : discrète, sans aucune étincelle, sans rien déplacer. D’ailleurs, à la suite de ce dernier match, il n’y a pas eu de grandes déclarations dans les médias, il n’y a pas eu de grande cérémonie sur un tapis rouge, il n’y a pas eu, non plus, de communiqué officiel pour annoncer la retraite.

En fait, il n’y a rien eu du tout.

« Je n’ai jamais été un gars flamboyant, ajoute-t-il. Je me suis dit, si jamais je joue en 2019-2020, il va falloir que je me retrouve dans une bonne situation, parce que je voulais passer plus de temps en famille.

« Par exemple, ça n’aurait pas tombé sous le sens que j’aille jouer à Anaheim pour peut-être me retrouver à être échangé à Chicago à la date limite, au mois de février, avec ma famille qui attend derrière. Je ne voulais pas avoir à vivre ça à ce moment-là. »

727 points

Pominville, qui a joué pendant plus de 10 saisons à Buffalo, aurait bien aimé un nouveau contrat de la part des Sabres, mais ce n’est jamais arrivé. Ensuite, il n’y a rien eu de sérieux, vraiment, et il n’y a rien eu de sérieux non plus de la part du Canadien, même si certaines rumeurs en ce sens ont circulé il y a un an environ.

C’est sûr que ça aurait été spécial de jouer à la maison, pour l’équipe avec laquelle j’ai grandi, mais non, il n’y a pas eu de discussions avec le Canadien.

Jason Pominville

Alors ce fut la fin, et pour bien comprendre à quel point cette aventure aura été fabuleuse, Pominville n’a qu’à jeter un coup d’œil sur quelques chiffres, qui détaillent fort bien une carrière qui aura été très productive : en tout, 1060 matchs disputés dans la Ligue nationale, un total de 727 points récoltés lors de cette carrière, surtout à Buffalo, mais aussi en près de cinq saisons passées au Minnesota, dans le maillot du Wild.

On ajoutera qu’ils ne sont pas si nombreux, les joueurs de hockey qui, dans l’histoire de cette ligue, ont réussi à disputer plus de 1000 matchs tout en récoltant plus de 700 points au passage… En fait, ils ne sont que 182 dans ce club très sélect.

PHOTO KEVIN HOFFMAN, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Le 3 novembre 2018, Terry et Kim Pegula, propriétaires des Sabres de Buffalo, ont remis une épée à Jason Pominville pour souligner son 1000e match dans la LNH.

Mais ce n’est pas ce qu’il retient.

« Ce que je retiens ? Probablement les détails d’usage, mon premier but, mon premier but en séries… Mais je retiens surtout l’équipe qu’on avait quand je suis arrivé à Buffalo ; mes deux premières saisons, on a pris part à la finale de l’Association de l’Est, et on en a perdu une en sept matchs, contre les Hurricanes de la Caroline, qui sont allés gagner la Coupe Stanley ensuite… On avait une très bonne équipe et je ne vais pas oublier ces moments-là. »

Retour au Québec

Et maintenant ? Maintenant, Jason Pominville, à 37 ans, n’est pas si certain de la suite des choses. Sa maison dans la région de Buffalo sera vendue sous peu, et après toutes ces années, il se prépare au grand déménagement et à un retour au Québec, dans la région de Repentigny. Il prévoit de donner un coup de main à son équipe locale de hockey mineur, les Pionniers de Lanaudière.

C’est tout ce qu’il sait pour le moment.

« Je vais peut-être vouloir revenir dans le monde du hockey professionnel plus tard, dépendant de ce qui me sera offert. Mais mes deux enfants, Jayden et Kaylee Rose, n’ont jamais pu se rapprocher de la famille et là, ils pourront le faire. Pour le moment, le but, c’est un peu ça, de rattraper le temps perdu avec la famille… »