Le 26 mai 1995, au lendemain de l’annonce officielle du départ des Nordiques vers le Colorado, La Presse offrait un cahier spécial de 12 pages. Philippe Cantin, Denis Lessard, Mathias Brunet, Réjean Tremblay et le regretté Gilles Blanchard y avaient contribué. Nous vous proposons de vous replonger dans cette édition historique, pour mieux saisir le contexte de l’époque et découvrir quelques prédictions de ce qui allait survenir quelques mois plus tard.

Victimes du système

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C’est une citation de Claude Blanchet, PDG du Fonds de solidarité FTQ, qui résume un peu tout. Les Nordiques ont été les premières victimes d’un système défavorable aux petits marchés dans la LNH. Les Jets de Winnipeg déménageaient à Phoenix l’été suivant, puis les Whalers de Hartford, à Raleigh en mai 1997. La spirale des salaires dans la LNH était bien enclenchée. Mario Lemieux allait gagner plus de 11 millions en 1996 et Joe Sakic, plus de 16 millions en 1997 (un salaire en dollars de l’époque !). La Ligue a instauré un plafond salarial pour la saison 2005-2006, après une année complète de conflit de travail.

Pas de partisans à Denver ?

Wilfrid Paiement avait probablement sous-estimé que l’Avalanche du Colorado allait présenter une superbe équipe, bourrée de vedettes, à un public ravi du retour du hockey. En 2007, le club annonçait en grande pompe sa 500e salle comble depuis le déménagement de l’équipe… en 515 matchs. L’Avalanche a récemment connu une baisse des assistances, mais il faut dire que l’équipe battait des records de médiocrité. Maintenant, tout est de retour à la normale dans les Rocheuses.

Jean Béliveau et les salaires

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Une citation qui ressemble à Jean Béliveau, un des plus grands joueurs de l’histoire du Canadien et un gentleman, qui a toujours placé le collectif avant l’individuel. Jean Béliveau, il est vrai, a déjà été l’un des joueurs les mieux payés du hockey, mais les montants n’avaient rien à voir à l’époque. Il a signé un contrat de plus de 20 000 $ annuellement avec le Canadien en 1953, qui était également assorti de primes de représentation pour la brasserie Molson et de bonis de performance. Au total, ce serait environ 400 000 $ d’aujourd’hui. Un autre monde.

L’histoire des Jets

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« En 1979, Marcel Aubut, des Nordiques, et Michael Guboty, des Jets, négocient la fusion avec la LNH. Les pourparlers sont difficiles, les partisans de Winnipeg réagissent : “Au diable la LNH”. Aujourd’hui, Winnipeg s’accroche à son équipe de la LNH et Québec perd la sienne. »

Évidemment, le texte qui accompagne la photo fait sourire aujourd’hui, connaissant tout ce qu’auront vécu les Jets de Winnipeg. Ils allaient quitter la ville manitobaine un an plus tard, avant d’y revenir par la grande porte en mai 2011. Les Jets naissaient tandis que les Thrashers d’Atlanta disparaissaient. Les Nordiques ont semblé à l’époque près d’un retour, les Coyotes de Phoenix vivotaient, mais les partisans de Québec, en fin de compte, attendent toujours.

Le toit du stade

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Les propos sont ceux du député péquiste Michel Rivard, dans un texte de Denis Lessard qui parle, incroyablement, du toit du Stade olympique. Si on avait su à l’époque que ni le dossier des Nordiques ni celui du toit du stade ne seraient réglés 25 ans plus tard… Bref, ses propos imagés étaient particulièrement bien renseignés : en effet, le hockey était déséquilibré, et en effet, la solution des Jets ne survivrait pas très longtemps.

La boule de cristal de Réjean Tremblay

Un mois avant le départ des Nordiques, Claude Brochu, propriétaire des Expos de Montréal, avait demandé au DG Karl Malone de réduire la masse salariale. La grève de 1994 avait coûté cher aux Expos : financièrement d’abord, puis pour le moral des partisans puisque l’équipe était prétendante aux grands honneurs. En quelques jours, les joueurs étoiles Larry Walker, Ken Hill, John Wetteland et Marquis Grissom étaient partis. Moises Alou, Mel Rojas et Pedro Martinez ont suivi peu de temps après. C’était le début d’une triste glissade qui a mené au départ des Expos en 2004. Réjean Tremblay n’avait pas de boule de cristal, mais il avait dit à l’époque : « J’espère que Claude Brochu n’a jamais déclaré que les Expos étaient à Montréal pour toujours. »