Le bilan des 31 clubs de la Ligue nationale de hockey a pris fin vendredi. Quelles sont les meilleures équipes de la dernière décennie ? Les pires ? Les meilleurs et les pires directeurs généraux ? Les meilleurs et les pires directeurs du recrutement amateur ? Voici mes impressions…

LES MEILLEURS CLUBS DE LA DÉCENNIE

1- Pittsburgh

2- Chicago

3- Boston

4- Los Angeles

5- Washington

Les Penguins de Pittsburgh viennent au premier rang pour les rondes gagnées en séries (12, sur un pied d’égalité avec Boston), ils ont remporté deux Coupes Stanley, une de moins que Chicago, et demeurent le seul club à ne pas avoir raté les séries éliminatoires lors des dix dernières saisons. Le DG Jim Rutherford a hérité d’un noyau solide à son entrée en poste en 2014 avec Crosby, Malkin, Letang, Kunitz, et des espoirs de premier plan déjà repêchés, Guentzel, Matt Murray et Bryan Rust, mais il a mis la touche finale à un club qui ne parvenait plus à gagner en séries.

Avec trois Coupes Stanley, difficile de ne pas accorder le deuxième rang aux Blackhawks, même si les dernières saisons ont été difficiles.

Les Bruins de Boston ont gagné la Coupe une seule fois, mais ils ont atteint la finale trois fois, et remporté douze rondes de séries, un sommet, tout en étant exclus seulement deux fois.

NOMBRE DE COUPES STANLEY

Chicago 3

Pittsburgh 2

Los Angeles 2

St. Louis 1

Washington 1

Boston 1

Seulement six clubs ont remporté la Coupe Stanley ces dix dernières années. À eux trois, Chicago, Pittsburgh et Los Angeles en ont gagné sept. Vingt-cinq clubs n’ont pas gagné la Coupe depuis dix ans.

Les Rangers constituent la meilleure équipe en séries éliminatoires parmi celles qui n’ont pas gagné la Coupe depuis dix ans. Ils ont remporté dix rondes et atteint la finale une fois. Les Predators et les Sharks suivent avec neuf rondes gagnées. Ils ont tous les deux atteint la finale.

LES PIRES CLUBS DE LA DÉCENNIE

1- Buffalo

2- Floride

3- Edmonton

4- Arizona

5- Caroline

Les Sabres de Buffalo n’ont remporté aucune ronde de séries éliminatoires en dix ans et ils y ont été exclus neuf printemps sur dix. Difficile de faire pire. Ils ont pourtant bénéficié de nombreux choix au repêchage dans le top dix. Ils ont changé de DG trois fois et de directeur du recrutement amateur quatre fois.

Chaque automne apporte son lot d’espoir en Floride. Ils n’ont pourtant pas remporté la moindre ronde depuis dix ans et on été exclus des séries éliminatoires sept fois.

Les Hurricanes et les Oilers ont été exclus des séries huit fois en dix ans. Mais leurs perspectives d’avenir semblent enfin bonnes. Les Coyotes ont été exclus sept fois et cette organisation semble tourner en rond.

LES MEILLEURS DIRECTEURS GÉNÉRAUX

1- Don Sweeney (Boston)

2-Jeff Gorton (New York)

3- Steve Yzerman (Tampa)

4- Brian MacLellan (Washington)

5- Joe Sakic (Denver)

Dans mon évaluation, j’ai considéré l’état dans lequel se trouvait l’organisation lors de l’entrée en poste du directeur général. Don Sweeney a hérité d’un club exclu des séries éliminatoires, étouffé par le plafond salarial. Patrice Bergeron, Brad Marchand, Zdeno Chara et Tuukka Rask s’y trouvaient déjà, mais l’avenir en défense suscitait de grandes inquiétudes et les Bruins étaient sur une pente descendante.

À New York, il n’y avait pas de relève en raison de nombreux choix au repêchages sacrifiés pour des résultats à court terme. La reconstruction des Rangers sera plus courte grâce au flair de Jeff Gorton. Ne négociez pas avec lui. Il gagne presque tous ses échanges. Il a réussi à acquérir Mika Zibanejad et Ryan Stome, ses deux premiers centres, Adam Fox et Tony DeAngelo, ses deux meilleurs défenseurs offensifs, sans payer trop cher.

Steve Yzerman et Joe Sakic ont rebâti patiemment des clubs à la dérive. Tampa et Denver sont deux des clubs les plus compétitifs de la Ligue, même s’ils n’ont pas encore remporté de Coupe.

Jim Rutherford et Stan Bowman ont hérité de deux clubs au noyau déjà redoutable à Pittsburgh et Chicago. Mais ils ont le mérite d’avoir trouvé les bons ingrédients pour permettre à leurs équipes de gagner la Coupe plusieurs fois. Ils sont tout proche du top cinq. Brian MacLellan est dans la même situation à Washington mais il a eu des décisions importantes à prendre : l’embauche de Barry Trotz et les acquisitions de T. J. Oshie et de Lars Eller, essentielles à la conquête de la Coupe. Rutherford aurait sans doute eu une place dans le top cinq sans ses années difficiles en Caroline dans la première moitié de la décennie.

LES PIRES DIRECTEURS GÉNÉRAUX

1- Peter Chiarelli (Edmonton)

2- Dale Tallon (Floride)

3- Tim Murray (Buffalo)

4- John Chayka (Arizona)

5- Ray Shero (New Jersey)

Peter Chiarelli pouvait difficilement faire pire que des prédécesseurs à Edmonton et pourtant, il a réussi. Il a échangé deux des meilleurs ailiers du club, Taylor Hall et Jordan Eberle, s’est débarrassé de défenseurs offensifs comme Justin Schultz et Erik Gustavsson, sacrifié des choix de première et deuxième ronde pour une jeune défenseur de Ligue américaine, Griffin Reinhart, et alourdi la masse salariale des Oilers avec de monstrueux contrats, dont celui de Milan Lucic.

Dale Tallon promet chaque année un avenir meilleur en Floride. En dix ans avec les Panthers (moins une pause d’un an), l’équipe a été exclue des séries huit fois et n’a pas remporté la moindre ronde malgré de hauts choix au repêchage.

John Chayka est dur à suivre en Arizona. Il semble vouloir courir avant d’apprendre à marcher. Il a échangé presque tous les joueurs repêchés en première ronde par les Coyotes. Il sacrifie déjà des choix de première et des espoirs alors que son club n’est pas rendu à maturité.

Ray Shero et Tim Murray ont cherché eux aussi à prendre des raccourcis avec des clubs en reconstruction au New Jersey et à Buffalo. Ils ont fait reculer l’organisation et perdu leurs emplois.

LES MEILLEURS RECRUTEURS

1- Ross Mahoney (Washington)

2- Al Murray (Tampa Bay)

3- Mark Hillier (Winnipeg)

4- Alan Hepple (Colorado)

5- Chrys Pryor (Philadelphie)

Parmi les belles prises de Mahoney à Washington depuis dix ans : Evgeny Kuznetsov, Filip Forsberg, Tom Wilson, Dmitry Orlov, Marcus Johansson, Jakub Vrana, Ilya Samsonov, Cody Eakin et Phillip Grubauer. Et pourtant, il n’a jamais repêché dans le top dix et deux fois dans le top quinze.

À Tampa, Al Murray a réussi à trouver deux grandes vedettes offensives après la première ronde : Nikita Kucherov (58e au total) et Brayden Point (79e au total). Ondrej Palat a été choisi en septième ronde. Andrei Vasilevskiy, considéré par plusieurs comme le meilleur gardien de la LNH, a été repêché au 19e rang en 2012. Trop de coups de circuit pour l’ignorer.

Mark Hiller a frappé dans le mille avec ses choix de première ronde. Patrik Laine était un choix plus facile au deuxième rang en 2016, mais Mark Scheifele, Jacob Trouba, Nikolaj Ehlers, Josh Morrissey et Kyle Connor n’étaient pas des choix du top six.

Au Colorado, on doit à Alan Hepple depuis son arrivée en 2014 Mikko Rantanen (10e au total) et Cale Makar. Alex Newhook promet énormément.

Chris Pryor a été congédié en 2017. Pourtant, il a rempli la banque d’espoirs chez les Flyers avec Sean Couturier, Travis Konecny, Carter Hart, Ivan Provorov et Travis Sanheim. Il a fait des gaffes, ils en font tous, mais les coups de circuit les font oublier.

LES PIRES RECRUTEURS

1- Paul Castron (New Jersey)

2- Erin Ginnell (Floride)

3- Ron Delorme (Vancouver)

4- Greg Joyce (Buffalo)

5- Tim Bernhardt (Arizona)

Tous les directeurs du recrutement amateur sur cette liste ont été congédiés au cours de la dernière décennie.

Les Devils ont raté d’éventuels défenseurs numéro un comme Ivan Provorov, Zach Werenski, Thomas Chabot, Charlie McAvoy et Jakob Chychrun pour repêcher Pavel Zacha et Michael McLeod en 2015 et 2016. Les Devils ont repêché deux fois au premier rang ces dernières années. Nico Hischier et Jack Hughes devraient constituer les deux premiers centres de l’équipe à long terme, mais sinon, la récolte est mince.

Les Panthers ont bénéficié de quatre choix parmi les trois premiers entre 2010 et 2013, dix choix de première ronde et onze choix de deuxième ronde au cours des dix derniers repêchages. Ils en ont tiré trois joueurs d’impact, Aleksander Barkov, Jonathan Huberdeau et Aaron Ekblad, tous repêchés parmi les trois premiers. On pourrait inclure à cette liste Vincent Trocheck. On comprend pourquoi les Panthers tournent en rond.

Les Canucks avaient un affreux rendement au repêchage avant l’arrivée de Judd Brackett en 2015. On lui doit Elias Pettersson et Quinn Hughes. Le DG Jim Benning doit absolument le convaincre de rester.

On ne peut pas préférer Sam Reinhart à Leon Draisaitl, Alexander Nylander à Mikhail Sergachev et Charlie McAvoy ou Mikhail Grigorenko et Zemgus Girgensons à Teuvo Teravainen, Tomas Hertl, Andrei Vasilevskiy et Brady Skjei sans en souffrir.

En Arizona, Tim Bernhardt, congédié en 2018, a eu un bon repêchage en 2016 avec Clayton Keller et Jakob Chychrun, mais le 12e choix au total en 2014, Brendan Perlini, a constitué un flop total, comme la majorité de ses autres premiers choix, hormis Max Domi.

LE CANADIEN

Le Canadien ne se situe pas parmi les meilleures équipes de la décennie ni parmi les pires. Il se classe 13e au chapitre des rondes gagnées avec trois et 13e pour les exclusions des séries avec quatre. Onze équipes sur trente ont remporté plus de rondes de séries que lui et dix ont été exclues moins souvent. Il s’agit donc d’un bilan moyen.

Par contre, les cinq dernières saisons ont été mauvaises quatre exclusions en cinq années (incluant celle-ci) et aucune ronde remportée. À ses trois premières années en poste, Marc Bergevin a vu le Canadien remporter ses trois rondes de séries et n’a exclu après des saisons de 100 points ou plus (au pro rata d’une saison de 82 matchs en 2012-2013).

Trevor Timmins a jadis été reconnu comme l’un des meilleurs de sa profession. Entre 2003 et 2007, il a repêché Carey Price, Jaroslav Halak, P. K. Subban, Ryan McDonagh, Mark Streit, Alexei Emelin, Max Pacioretty, Mikhail Grabovski, Guillaume Latendresse, Maxim Lapierre, Andrei et Sergei Kostitsyn, Matt D’Agostini, Ryan White, Kyle Chipchura, Yannick Weber et Ryan O’Byrne. Certains ont eu moins de succès que d’autres, mais dénicher en cinq repêchages 17 joueurs de 300 matchs ou plus dans la LNH relève de l’exploit.

Mais le début de la dernière décennie a été plus difficile pour Timmins. Entre 2008 et 2015, seuls Brendan Gallagher, Nathan Beaulieu, Alex Galchenyuk, Artturi Lehkonen et Jacob de la Rose sont devenus des réguliers dans la LNH. Gallagher est le seul joueur de premier plan du lot. Un bilan extrêmement faible.

Ça semble s’être replacé depuis 2016. Mikhail Sergachev est un coup de circuit. Victor Mete est déjà dans la LNH depuis trois ans, un bel exploit pour un choix de quatrième ronde.

Trois choix de 2017, Ryan Poehling, Cayden Primeau et Cale Fleury, ont déjà disputé des matchs dans la LNH. Ils montrent de très belles promesses. Josh Brook pourrait être le prochain.

En 2018, le troisième choix au total Jesperi Kotkaniemi a obtenu 34 points à sa première saison, à 18 ans. Le meilleur semble à venir malgré la guigne de la deuxième année cet hiver. Le choix de deuxième ronde Alexander Romanov est attendu avec beaucoup de fébrilité après de grandes performances au Championnat mondial junior. Jordan Harris et Mattias Norlinder en défense, Cole Caufield à l’attaque, dominent dans leurs ligues respectives, ce que Jarred Tinordi, Michael McCarron, Louis Leblanc et Nikita Scherbak (du moins au niveau mondial dans son cas) n’ont jamais été capable de faire.

Timmins sauve la mise avec les dernières années, mais ses espoirs devront continuer à progresser comme ils le font.

CLASSEMENT EXCLUSIONS

1- Pittsburgh 0

2- San Jose 1

2- Washington 1

4- Boston 2

4- Chicago 2

4- Anaheim 2

4- Nashville 2

4- New York 2

4- St. Louis 2

10- Los Angeles 3

10- Minnesota 3

10- Tampa Bay 3

13- Montréal 4

13- Detroit 4

13- Philadelphie 4

16- Columbus 5

16- Long Island 5

16- Ottawa 5

16- Toronto 5

16- Vancouver 5

21- Dallas 6

21- Colorado 6

21- Calgary 6

21- Winnipeg 6

25- Arizona 7

25- Floride 7

25- New Jersey 7

28- Caroline 8

28- Edmonton 8

30- Buffalo 9

CLASSEMENT RONDES GAGNÉES

1- Boston 12

1- Pittsburgh 12

3- Chicago 10

3- Los Angeles 10

3- New York 10

6- Nashville 9

6- San Jose 9

6- Washington 9

9- St. Louis 8

10- Tampa Bay 7

11- Anaheim 5

11- Philadelphie 5

13- Detroit 3

13- Montréal 3

13- New Jersey 3

13- Vancouver 3

17- Ottawa 3

18- Dallas 2

18- Arizona 2

18- Caroline 2

18- Minnesota 2

18- Long Island 2

18- Winnipeg 2

24- Columbus 1

24- Colorado 1

24- Calgary 1

24- Edmonton 1

28- Buffalo 0

28- Floride 0

28- Toronto 0

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