Le 2 juillet 2017, Carey Price signait un contrat de 8 ans et 84 millions de dollars avec le Canadien. Il le faisait 364 jours avant l’expiration de l’entente qui le liait alors à l’équipe.

Le 23 septembre 2018, Paul Byron et le CH s’entendaient pour 4 ans et 13,6 millions. Byron réglait donc sa situation contractuelle en plein camp d’entraînement, s’évitant ainsi un souci pendant la saison.

Si le hockey finit par reprendre, Brendan Gallagher écoulera en 2020-2021 la dernière année de son contrat. Comme le veut la convention collective, il pourra le renouveler un an en avance, à partir du 1er juillet 2020.

Porte-couleurs du CH depuis sept ans, assistant au capitaine Shea Weber, marqueur le plus prolifique de l’équipe depuis trois saisons : pour bien des raisons, il y a lieu de croire que le fougueux ailier droit pourra avoir droit au même traitement que Price et Byron.

Le sentiment d’urgence sera-t-il mutuel ? Gallagher s’adressait aux médias de Montréal en conférence téléphonique, jeudi après-midi, et on lui a demandé s’il souhaitait que sa situation contractuelle soit réglée avant le début de la prochaine saison.

« Ce n’est pas ma plus grosse source d’inquiétude, a répondu Gallagher, depuis son domicile de Tsawwassen, au sud de Vancouver. Ce serait évidemment un souci de moins. Mais j’ai toujours été bon pour bloquer les facteurs non essentiels de stress. Alors tant mieux si ça se règle en été. Sinon, j’aurai la même mentalité que cette saison, celle de faire mon travail. »

La victoire avant tout

On comprend donc que Gallagher ne va pas tout bonnement signer la première offre.

La question du salaire fera bien sûr partie de l’équation, mais avec l’incertitude économique qui touche la LNH comme le reste de la planète, les comparaisons seront difficiles à établir.

La collègue Chantal Machabée a évoqué le cas de Chris Kreider, un ailier qui marque à un rythme similaire à celui de Gallagher depuis deux ans. Kreider a toutefois renouvelé son entente avec les Rangers en février, tout juste avant l’éclosion de la pandémie de COVID-19. Ça lui a valu 45,5 millions pour 7 ans (6,5 millions par saison). Il sera intéressant de voir en quoi la comparaison tiendra, avec la baisse de revenus qui guette la LNH. Mais il y a là une base.

Gallagher dit n’avoir aucun chiffre en tête. Ce qu’il sait, c’est quel critère il priorisera.

« J’étais très heureux de signer mon contrat de six ans. Ça m’a donné de la sécurité et ça m’a permis de bloquer des choses que d’autres jeunes vivent. J’ai profité de cette paix d’esprit et pour devenir un joueur établi dans la LNH.

« Cette fois, le but est d’aspirer à la Coupe Stanley. Il y a du potentiel à Montréal. Mais on devra faire des pas dans la bonne direction. »

Ce thème de la victoire revenait dans pratiquement chaque réponse sur son contrat. Il a évoqué Nick Suzuki, « possiblement notre meilleur joueur en avantage numérique », de même que le défenseur Alexander Romanov (« on a besoin de renfort à cette position »).

Mais d’un autre côté, le Canadien était en voie de rater les séries pour une troisième année de suite. Phillip Danault, Tomas Tatar, Jeff Petry et Joel Armia deviendront eux aussi joueurs autonomes sans compensation à l’été 2021. Et si Marc Bergevin était incapable de payer tous ces joueurs sous le plafond salarial ? Et si un ou plusieurs d’entre eux souhaitent profiter de leur autonomie pour aller voir ailleurs ?

Bref, on voit bien venir tous les facteurs qui pourraient compliquer les négociations.

« On cherchera un compromis. Je ne dirai pas que l’argent n’est pas important, a admis Gallagher. C’est la chance d’être confortable pour la vie. Tout le monde rêve à ça. Ce n’est toutefois pas ma priorité. Être un gagnant, c’est le plus important. Je veux être reconnu comme un gagnant et je ne veux pas avoir de regrets à la fin de ma carrière. »

Le hockey d’été

Les négociations pourraient occuper une partie de l’été de Gallagher, mais le hockey aussi. Avant d’en arriver à son contrat, encore faut-il savoir quand la saison prendra fin.

Gary Bettman martèle qu’il garde espoir de conclure la saison, et il a visiblement l’oreille du président des États-Unis, Donald Trump, qui s’est entretenu avec les bonzes du sport professionnel, dont Bettman lui-même.

Or, on sent Gallagher particulièrement sceptique quand il est question d’une reprise de la saison cet été.

« Tout hockey joué après le 1er juillet devra être approuvé par l’Association des joueurs, a rappelé Gallagher. Ces rumeurs n’ont rien à voir avec nous. Je devine qu’elles viennent des propriétaires. De notre côté, on n’en a pas vraiment parlé.

« Pour nous [chez le Canadien], l’important est de gagner. Si du hockey cet été nous désavantage en vue de la saison prochaine, j’aimerais mieux continuer mon entraînement estival. Mais on est toujours un peu égoïstes dans ces situations. Les joueurs qui ont une chance de gagner voudront que ça continue. »

Deux fois plutôt qu’une, Gallagher a nommé Bettman dans ses réponses. D’abord quand il lui a été demandé d’évaluer les chances d’un retour au jeu cet été.

« Ça dépendra beaucoup des médecins et des villes. À mes yeux, Bettman fera tout pour que le hockey recommence. Mais il devra respecter nos demandes. Je crois qu’on aura une forme quelconque de séries et que la Coupe Stanley sera remise. »

Plus tard, il ajoutera : « Je sais que Bettman tient vraiment à ce que des matchs soient joués. »

Gallagher a aussi souligné l’importance que le tout soit fait avec les plus grandes précautions. « Si on recommence, ce devra être fait en toute sécurité. Dans notre équipe, Max Domi est diabétique. Il ne faut pas être négligent. »

Rappelons que dans les premiers jours de la crise de la COVID-19, au début mars, la LNH avait laissé les Sharks de San José disputer trois matchs à domicile, et ce, malgré la recommandation des autorités locales de santé publique d’interdire tout événement regroupant plus de 1000 personnes.

Coïncidence ou pas, on apprendra dans les semaines qui ont suivi que huit joueurs des équipes visiteuses (5 des Sénateurs, 3 de l’Avalanche) ont reçu un diagnostic de COVID-19 à leur retour.

De bons mots pour Markov

Gallagher a joué cinq saisons avec le nouveau retraité du hockey Andrei Markov. Les deux joueurs ont fait partie du groupe de leadership du CH quand Gallagher a été nommé assistant en 2015. Quels sont donc les souvenirs qu’il conserve de l’ancien numéro 79 ? « Vous le savez, il en disait très peu devant les micros. Il était du genre : montre-moi ce que tu peux faire, pas ce que tu peux dire. Donc quand il parlait, ça comptait. Je me souviens d’une fois en Arizona, près de la date limite des transactions. On ne jouait pas notre meilleur hockey. Le vestiaire était tranquille, puis il s’est levé et a passé son message. On est ensuite partis sur une lancée. Tout le monde l’admirait pour son talent, mais il avait le respect de ses coéquipiers. Quand il parlait, on savait qu’on devait écouter. »