Au cours des prochaines semaines, nous vous offrirons une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les Blues de St. Louis.

SITUATION ACTUELLE

Les Blues sont passés près de devenir l’un de ces clubs –comme le Wild du Minnesota, par exemple– à dominer pendant presque une décennie en saison régulière sans jamais percer en séries éliminatoires.

Ils étaient d’ailleurs au bord de la catastrophe en janvier 2019, dans la cave du classement avec un club pourtant riche en talent, avant de voir un gardien méconnu, Jordan Binnington, les mener à la Coupe Stanley. Le directeur général, Doug Armstrong, avait même avoué sa tentative de faire exploser son noyau quelques mois plus tôt. Il faut aussi rappeler un moment clé dans la relance des Blues, le congédiement de Mike Yeo en novembre au profit de Craig Berube.

Les Blues doivent leur succès à des années fructueuses de repêchage, sous l’autorité de Jarmo Kekalainen, directeur du recrutement amateur entre 2003 et 2010. Plusieurs de ses choix au repêchage ont pu soulever la Coupe en 2019 : Vladimir Tarasenko, Jaden Schwartz, Alex Pietrangelo, Jake Allen (comme gardien auxiliaire) et David Perron (après quelques détours).

Mais St. Louis a toujours manqué cruellement de joueurs de centre et Armstrong, préféré à Kekalainen pour le poste de directeur général en 2010, a payé le gros prix pour en obtenir, d’abord en 2017 deux choix de première ronde pour Brayden Schenn, qui ont permis aux Flyers de Philadelphie de repêcher Joel Farabee et Morgan Frost, puis, l’année suivante, un choix de première ronde en 2019, un choix de deuxième ronde en 2021, l’espoir Tage Thompson, Patrik Berglund et Vladimir Sobotka pour Ryan O’Reilly. Celui-ci a été essentiel dans les succès printaniers des Blues. Non seulement son nom est-il désormais gravé sur la la Coupe, mais on lui a remis le trophée Conn-Smythe du joueur par excellence en séries.

À l'arrêt de la saison, les Blues occupaient le deuxième rang du classement général, derrière les Bruins. Ils ont une équipe relativement jeune, mais ils devront retenir leur capitaine, le défenseur Alex Pietrangelo, joueur autonome sans compensation à la fin de la saison. Un autre pilier en défense, Jay Bouwmeester, a été perdu en raison de problèmes cardiaques, et on a mis sous contrat Marco Scandella pour quatre ans dans l’espoir de combler le vide.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Bill Armstrong, 49 ans, (aucun lien de parenté avec le DG) a succédé à Jarmo Kekalainen en 2011. Même privé de choix de première ronde en 2011, 2013, 2015 et 2019, il a réussi à dénicher des joueurs importants, même si trois de ses choix de première ronde, Dominik Bokk, Tage Thompson et Robby Fabbri ont déjà été échangés. Bokk a servi d’appât l’été dernier pour obtenir le défenseur des Hurricanes, Justin Faulk. Thompson a été cédé dans la transaction pour O’Reilly. Fabbri, par contre, a été perdu pour Jacob De La Rose, désormais exclu de la formation. Fabbri a 31 points en 52 matchs avec les Red Wings.

Comme la plupart des recruteurs, Bill Armstrong a frappé dans le beurre. Jordan Schmaltz, 25e au total en 2012, en est un exemple. Mais il a déniché de nombreux joueurs dans les rondes subséquentes : Joel Edmundston et Jordan Binnington en 2011, Colton Parayko en 2012, Samuel Blais en 2014 et Vince Dunn en 2015.

Meilleur coup

Robert Thomas, centre, 20e en 2017.

Thomas est le Nick Suzuki des Blues. Il a obtenu 42 points en 65 matchs à 20 ans cet hiver.

Pire coup

Ty Rattie, ailier, 32e au total en 2011

Rattie a constitué le deuxième choix de la deuxième ronde d’un repêchage très riche. Il a joué brièvement dans la LNH et se retrouve désormais dans la KHL. Scott Mayfield, Boone Jenner, John Gibson et Brandon Saad ont été repêchés immédiatement après lui. St. Louis a repêché trois fois en deuxième ronde cette année-là. Seul Joel Edmunston est devenu un régulier. Ils ont tous été repêchés avant Nikita Kucherov, William Karlsson, Vincent Trocheck, Jean-Gabriel Pageau et Johnny Gaudreau.

Meilleur espoir

Scott Perunovich, défenseur, deuxième ronde, 45e au total en 2018.

Ce défenseur offensif de petite taille -5 pieds 9 pouces– vient de remporter le trophée Hobey-Baker remis au hockeyeur par excellente dans la NCAA avec une production de 40 points en 34 matchs à l’université Minnesota-Duluth. Le jeune homme de 21 ans a signé un contrat professionnel avec les Blues le 27 mars.

ÉCHANGES

Le bilan de Doug Armstrong est mitigé. Son premier coup d’éclat, avec l’Avalanche en 2011, Erik Johnson, Jay McClement et un choix de première ronde (11e au total) pour Kevin Shattenkirk, Chris Stewart et un choix de deuxième ronde (32e au total), était plutôt égal pour les deux clubs.

On n’a sans doute pas été assez patient avec Ben Bishop, repêché par Kekalainen en 2005, en l’échangeant aux Sénateurs pour un choix de deuxième ronde en 2012.

Céder aux Flames de Calgary un choix de première ronde en 2013 (Émile Poirier) pour Jay Bouwmeester en valait la peine. Tout comme le choix de première pour Ryan O’Reilly en 2018.

Par contre, céder des choix de première et deuxième ronde, Jaroslav Halak, Chris Stewart et William Carrier pour les joueurs de location Ryan Miller et Steve Ott en 2014 a constitué l’un de ses plus grands coups d’épée dans l’eau. Cette année-là, les Blues ont été éliminés en première ronde et Miller a connu des séries difficiles. Céder deux choix de première ronde pour Brayden Schenn, peu importe ses qualités, est très cher payé.

Parmi ses bons coups, des choix de première ronde obtenus pour ses joueurs de location Kevin Shattenkirk et Paul Statsny, ainsi que pour Ryan Reaves.

Meilleur coup

Sans l’acquisition de Ryan O’Reilly en 2018, les Blues n’auraient jamais gagné la Coupe. L’espoir Tage Thompson tarde à se développer. Berglund et Sobotka n’ont pas eu d’impact. Le joueur choisi en première ronde par les Sabres, 31e au total, Ryan Johnson, n’a rien cassé à sa première année dans la NCAA.

Pire coup

T. J. Oshie aux Capitals de Washington pour Troy Brouwer en juillet 2015. On a associé à tort les insuccès en séries des Blues à Oshie. Brouwer devait procurer à l’équipe une robustesse nécessaire à l’équipe. Brouwer a disputé une seule saison à St. Louis, obtenu 39 points, avant de tester le marché des joueurs autonomes. Oshie en est à sa cinquième saison à Washington. Il a obtenu 21 points en 24 matchs lors de la conquête de la Coupe en 2018. Outre une seule saison, il n’a jamais marqué moins de 25 buts et moins de 50 points à Washington.

JOUEURS AUTONOMES

Les grosses dépenses des Blues sont assez limitées, somme toute. Il y a eu Paul Stastny en 2014, 28 M$ pour quatre ans. Stastny s’est contenté de saisons de quarantaine de points, une nette baisse de production par rapport à ses années au Colorado, avant d’être échangé pour un choix de première ronde aux Jets de Winnipeg à quelques mois de l’expiration de son contrat en 2018.

Après l’exclusion des séries éliminatoires en 2017, Armstrong a ouvert les coffres en offrant 15 M$ pour trois ans à Tyler Bozak, 16 M$ pour quatre ans à David Perron et 1,75 M$ à Patrick Maroon, sans oublier l’acquisition d’O’Reilly sur le marché des échanges. La stratégie a mené à la conquête de la Coupe, même si Bozak n’a pas livré.

Meilleur coup

David Perron, le fidèle ailier de Ryan O’Reilly lors de la conquête de la Coupe. Perron avait 59 points en 70 matchs cette année, son meilleur rendement en carrière.

Pire coup

Tyler Bozak a obtenu 38 points à sa première saison à St. Louis et il en comptait 27 cette année. C’est trop peu pour un salaire de cinq millions par année. Il a aussi été victime d’une commotion cérébrale.

Dix saisons (huit rondes remportées, deux exclusions)

2010-2011 : 38-33-11, 11e Ouest, OUT.

2011-2012 : 49-22-11, 2e Ouest, deuxième ronde.

2012-2013 : 29-17-2, 4e Ouest, défaite première ronde.

2013-2014 : 51-22-9, 3e Ouest, défaite première ronde.

2014-2015 : 52-23-7, 2e Ouest, défaite première ronde.

2015-2016 : 49-24-9, 2e Ouest, finale d’association.

2016-2017 : 46-29-7, 5e Ouest, deuxième ronde.

2017-2018 : 44-32-6, 9e Ouest, OUT.

2018-2019 : 45-28-9, 5e Ouest, Coupe Stanley.

2019-2020 : 42-19-10, 1er Est, (16 points d’avance sur le dernier club exclu des séries).

(Demain : le Lightning de Tampa Bay)

À LIRE

Je fais entrave à mes habitudes pour la première fois, mais il faut lire cette interview de Denys Arcand réalisée par Chantal Guy. Denys Arcand n’est pas seulement un immense cinéaste, mais un grand penseur, dont les lumières méritent d’être propagées.

Denys Arcand m’avait accordé une interview sur ses films favoris dans le sport la semaine précédente.