Trevor Timmins a confirmé ni plus ni moins l’arrivée imminente d’Alexander Romanov dans l’organisation du Canadien, jeudi matin lors de son point de presse téléphonique avec les journalistes affectés à la couverture de l’équipe.

« Je dois être prudent, mais tout le monde (chez le CSKA Moscou) savait que Romanov s’en venait dans la LNH, a expliqué le directeur général adjoint du Canadien pour justifier le temps de jeu limité du deuxième choix du CH en 2018. Ça explique pourquoi on l’a utilisé moins souvent que par le passé en fin de saison. Mais on a tous vu ce qu’il était en mesure de faire au Championnat mondial junior. »

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Alexander Romanov (26) mettant en échec le Suisse Nando Eggenberger (22) lors des Championnats mondiaux de hockey junior à Vancouver le 5 janvier 2019.

Même si le bras droit de Marc Bergevin et directeur du recrutement amateur chez le Canadien était appelé à commenter les effets de la Covid-19 sur le repêchage à venir, il a beaucoup été question de Romanov, l’un des plus beaux joyaux de l’organisation.

« La situation de la Covid-19 nous enlève un avantage compétitif sur nos rivaux, dans le sens que nous ne pourrons tenir notre camp d’évaluation en Europe comme nous le faisions depuis deux ans. C’est dans ce contexte que nous avions découvert Romanov. Il nous avait renversés par ses résultats lors des tests physiques, son grand leadership et son entregent. Il encourageait même les autres joueurs. Sa personnalité me rappelle celle de Brendan Gallagher. »

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La personnalité d'Alexander Romanov a des ressemblances avec celle de Brendan Gallagher, dit Trevor Timmins.

La loterie, repoussée à une date ultérieure, devait avoir lieu jeudi soir. Le Canadien est situé au 8e rang, avec 19 % de chances de repêcher parmi les trois premiers, et 6 % de chances de remporter le gros lot. « Il y aura de bons joueurs disponibles dans le top dix, mentionne Trevor Timmins. Nous pourrions mettre la main sur un attaquant de top six, un défenseur du top quatre, quoique probablement pas un défenseur de première paire de défenses, et peut-être un gardien partant. »

La crise de la Covid-19 affecte évidemment le travail des recruteurs amateurs de toutes les équipes de la LNH. On ne sait même pas quand le repêchage, prévu pour juin au départ, mais repoussé il y a quelques semaines, aura lieu et sous quelle forme !

« Nous en saurons plus long ces prochains mois, dit Timmins. Mais je veux que nos fans sachent que notre structure s’applique à chaque repêchage et ça ne change pas. Seulement la manière de travailler change. On possède des outils en ligne. On détient une banque de matchs sur vidéo de tous les espoirs peu importe les ligues, avec des outils pour nous permettre d’en savoir plus long sur certains aspects en particulier de leur jeu. Une de nos tâches consiste justement à analyser les joueurs en situation de matchs et faire un rapport. J’ai regardé plus de matchs sur l’ordinateur que si j’avais voyagé aux quatre coins du monde. Je passe en moyenne six heures par jour pour analyser le jeu d’espoirs. »

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Trevor Timmins (à droite) lors du camp des recrues du Canadien le 5 septembre 2019 au Complexe sportif Bell de Brossard.

Le contact humain n’est cependant pas le même. Les équipes n’auront peut-être même pas le loisir de rencontrer les jeunes joueurs en chair et en os avant le repêchage. « On a quand même déjà vu une grande quantité de matchs sur place. On a un système qui nous permet aussi d’obtenir davantage d’information sur les espoirs et leurs activités sur les réseaux sociaux. On peut aussi parler aux joueurs et à leurs entraîneurs au téléphone ou sur Facetime. »

Un repêchage virtuel changerait aussi la donne. « Un repêchage sur le plancher avec 31 clubs présents facilite la communication et les transactions. Mais on spécule en ce moment. On ne sait pas encore ce qui arrivera. Si les gouvernements permettent des rassemblements, tout changera. Le repêchage de la NFL à la fin du mois nous donnera une idée. Ils ne peuvent même pas avoir leur personnel dans une pièce pour l’instant. »

La cuvée 2020 s’annonce intéressante. Alexis Lafrenière demeure le favori. D’autres attaquants, Tim Stützle, Quinton Byfield, Lucas Raymond, Alexander Holtz, Marco Rossi et Cole Perfetti sont pressentis dans le top dix, tout comme les défenseurs Jamie Drysdale et Jake Sanderson. Le gardien Yaroslav Askarov est le mieux coté.

« Il y a beaucoup de spéculation, répond Timmins. Je ne sais pas à quelle position nous allons repêcher et qui sera disponible. On va prendre le joueur avec le plus de potentiel, peu importe le gabarit ou la position. De toute façon, nous avons de la profondeur à toutes les positions au sein de notre banque d’espoirs. »

Il ne faut pas s’attendre cependant à voir l’éventuel premier choix de l’équipe se joindre au Canadien d’ici un an ou deux, à moins que l’équipe ne remporte la loterie. Le premier choix de 2019, Cole Caufield, restera un an de plus dans la NCAA. Ceux de 2018 et 2017, Jesperi Kotkaniemi et Ryan Poehling, étaient dans la Ligue américaine lors de l’interruption des activités.

« À quelques joueurs par cuvée, un jeune met entre trois à cinq ans à s’établir dans la Ligue nationale. (Phillip) Danault constitue un bon exemple. Il avait de la difficulté à s’adapter à Chicago. Il est devenu un joueur important pour nous. »

Il y a plusieurs candidats québécois intéressants cette année, parmi lesquels Alexis Lafrenière, évidemment, mais aussi Hendrix Lapierre, Jacob Perreault (fils de Yanic Perreault, dans la Ligue junior de l’Ontario), Jérémie Poirier, Mavrik Bourque et Lucas Cormier, sans oublier des joueurs des Maritimes dans la LHJMQ, Dawson Mercer et Justin Barron. Le Canadien ne repêchera sans doute pas l’un de ces joueurs avec son premier choix, mais détient trois choix de deuxième ronde.

« C’est une bonne année pour la LHJMQ, dit Timmins. On a seulement un choix de première ronde on espère qu’ils ne seront pas tous repêchés en première ronde. Il faut attendre notre tour. On se croisera les doigts en espérant qu’ils seront encore disponibles. »

Appelé à évaluer son groupe d’espoirs, Timmins s’est dit encouragé par la progression de plusieurs. « Il y a aussi les espoirs que vous ne voyez pas beaucoup, comme (Tyler) Pitlick, qui connaît une très bonne saison dans l’USHL. Il a beaucoup de vitesse, comme (Jesse) Ylonen, qui malheureusement n’a pas eu l’occasion d’entamer sa carrière à Laval. (Mattias) Norlinder, on ne le connaît pas beaucoup, non plus, il fait partie des nombreux défenseurs gauchers dans nos réseaux avec Jayden Struble, Jordan Harris, Gianni Fairbrother et Jacob Leguerrier. »

Ayant comblé ses besoins à plusieurs positions ces dernières années, le CH pourra donc résister à la tentation de se concentrer sur certains postes, comme il l’avait fait avec Jesperi Kotkaniemi en 2018. Reste à savoir quand aura lieu ce fameux repêchage…