Me voilà donc rentré de France en fin de journée hier dimanche. En quarantaine pour deux semaines, mais des idées plein la tête pour vous divertir en ces temps plus difficiles.

Mes articles quotidiens seront publiés chaque matin comme à l’habitude malgré l’interruption des activités dans le monde du hockey. Comme j’aime analyser le travail des directeurs généraux, revisiter les repêchages, les échanges importants ou la progression des espoirs à être repêchés, les sujets je ne manqueront pas, soyez-en assurés !

Au moment de quitter pour Nice il y a 11 jours, la crise du COVID-19 n’avait pas encore frappé le Québec et nous étions loin de nous douter de la suite. Le blocus ferroviaire occupait encore le gros des manchettes et le Canadien était à la veille de perdre un autre match en Floride. Le virus touchait principalement la Chine, l’Iran et l’Italie. Il y a deux cas confirmés au Québec et Donald Trump ridiculise encore l’affaire.

La situation m’a frappé de plein fouet au milieu de voyage, lors d’une escapade de deux jours en Provence, à La Treille, sur la route de Marcel Pagnol, un vieux rêve. Dès notre arrivée à notre appartement, à Roquefort-la-Bédoule, Trump annonçait qu’il fermait ses frontières. Tout allait s’accélérer par la suite : fin des activités sportives professionnelles et mineures aux quatre coins du globe, mesures serrées, mais nécessaires, au Québec.

J’ai pu profiter pleinement de ces deux jours dans l’univers de Pagnol. Cette visite m’a permis de réaliser à quel point nous avions de fidèles lecteurs et auditeurs un peu partout sur la planète. Ayant eu vent en écoutant la radio de ma visite à Treille, le plus grand fan du Canadien, de La Presse et du 91,9 Sports à Marseille, Bertrand Wuillemme, un trentenaire dans le domaine de logiciels pour les milieux hospitaliers, m’a écrit sur Facebook pour s’offrir comme guide (il a vécu un an au Québec il y a plusieurs années).

J’ai pu voir et toucher la « nouvelle » Bastide, petite résidence de vacances de Pagnol à l’enfance, et théâtre de ses premières aventures racontées dans ses romans, me laver les mains dans la fameuse fontaine du village, visiter le « Château de ma mère », dont il rêvait tant et qu’il a fini par acheter en 1941, me recueillir sur sa tombe et admirer les magnifiques panoramas montagneux de la région.

PHOTO WIKIPÉDIA

Le massif du Garlaban, près d'Aubagne.

À ma grande surprise, les lieux étaient déserts, alors que les rues des grandes villes comme Nice et Marseille étaient pourtant encore bondées. Pagnol repose en paix, c’est le moins qu’on puisse dire. Il n’y a peu d’activité à La Treille, et presque pas de visiteurs. Nous en avons croisé deux. La « nouvelle » Bastide est laissée à l’abandon.

Nous rentrions de la Bastide, j’admirais les panoramas magnifiques de la Provence, et mes conversations avec Bertrand étaient presque surréelles. Je lui posais mes questions sur Pagnol, qu’il répondait avec une précision étonnante, il me rappelait dans son accent typique du sud de la France les années de blogue Rondelle Libre, déplorait le départ de Simon « Snake » Boisvert sur Twitter, me demandait si Marc Bergevin allait demeurer en poste, me questionnait sur la différence de dynamique radiophonique entre Jean-Charles Lajoie et Stéphane Langdeau à l’animation…

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Le Canadien pourra profiter de la trêve des prochaines semaines pour prendre des décisions importantes concernant son avenir.

L’équipe cèdera-t-elle à la tentation de promouvoir Cole Caufield dans les rangs professionnels malgré les réticences de Marc Bergevin ?

PHOTO D'ARCHIVES ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Cole Caufield durant le camp des recrues du Canadien l'an dernier.

Le jeune défenseur gaucher Jordan Harris, dont la saison à Northeastern est terminée lui aussi, se verra-t-il offrir un contrat de façon à terminer l’année dans la Ligue américaine, si le jeu reprend, et lutter pour un poste l’an prochain ?

Alexander Romanov signera-t-il son contrat avec le Canadien ces prochaines semaines, avec la suspension des activités dans la KHL ?

Voilà trois jeunes au cœur du plan de réinitialisation du CH, susceptible d’avoir un impact important d’ici un à trois ans.

Mais il ne suffit pas de posséder de brillants espoirs. Il faut en prendre soin. Et les indices révélés ces derniers temps n’annoncent rien de bon. Interviewé sur les ondes de TSN au début du mois, Jesperi Kotkaniemi, premier choix de l’équipe en 2018, troisième au total, n’a pas voulu commenter les déclarations de son directeur général Marc Bergevin (au cours de notre entretien du 29 février) sur son éthique de travail à améliorer.

Par contre, Kotkaniemi a lancé un cri du cœur étonnant, et préoccupant : il s’est dit heureux d’être dirigé à Laval par des entraîneurs prennent le temps de lui enseigner les notions du jeu dans ses moindres détails. « À Montréal, nous sommes laissés à nous-mêmes, a-t-il confié. Il faut deviner les choses, j’imagine. »

Quelques jours plus tard, au confrère Raphael Doucet, du 91,9 Sports, un autre choix de première ronde, Michael McCarron, a évoqué sa relation difficile avec Claude Julien et l’absence de communication au sein du CH. McCarron, échangé depuis à l’organisation des Predators de Nashville, a lui aussi été impressionné par les méthodes de Joel Bouchard et de ses entraîneurs du Rocket.

Vivre une relation difficile avec son coach n’a rien de singulier ou d’alarmant. McCarron a d’ailleurs avoué lui-même ne pas avoir offert de très bonnes performances lorsque Julien a remplacé Michel Therrien. Par contre, il s’agit d’un autre choix de première ronde à révéler un manque de communication au sein de l’équipe.

Raphael Doucet rapportait d’ailleurs en ondes récemment avoir recueillis sous le sceau de la confidentialité le témoignage de quatre jeunes joueurs lui ayant confirmé n’avoir jamais eu droit à une conversation avec l’entraîneur en chef.

La matière essentielle à un plan de réinitialisation ou de reconstruction réussi repose évidemment sur les jeunes. Comment alors espérer réussir si on ne s’occupe pas d’eux ?

Nick Suzuki est l’un des rares jeunes, avec Victor Mete, à s’être établi à Montréal sous l’autorité de Claude Julien. Suzuki est un spécimen rare. Il n’a pas besoin de beaucoup « d’entretien ». Il n’a jamais bronché d’ailleurs lorsque l’entraîneur l’a critiqué publiquement après certains matchs plus difficiles.

Le Canadien entre dans une période névralgique. La banque de jeunes n’a jamais été aussi prometteuse ; du moins la production de la manne actuelle dans les circuits juniors, la NCAA ou l’Europe surpasse largement celle des cuvées précédentes.

Ces jeunes, il faut les entretenir, leur donner un peu d’amour ; le fouet à l’occasion, mais il demeure inacceptable de voir un jeune de la trempe de Kotkaniemi se sentir isolé comme il dit l’avoir été chez le Canadien.

Si les choses ne changent pas de façon drastique d’ici l’an prochain, cette organisation pourrait avoir de mauvaises surprises l’an prochain et la suivante.

À LIRE

Les joueurs de la LNH sont désormais autorisés à rentrer chez eux. Il n’y aura probablement pas de hockey avant plusieurs semaines. Si tout va bien, les joueurs seront peut-être de retour à lentraînement dans 45 jours…