La période des Fêtes aura été fatale pour le Canadien. L’équipe occupait le troisième rang de sa division le 23 décembre, à deux points des Maple Leafs et du deuxième rang, avec un match en main.

Deux semaines, plus tard, le CH est à neuf points du troisième rang et à six points des Panthers de la Floride et de la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires, avec Philadelphie, Columbus et Buffalo à devancer. La chute a été vertigineuse.

À moins d’un revirement de situation inattendu, le Canadien ne participera pas aux séries éliminatoires. Le défi était déjà titanesque avec une équipe en santé. La perte de Jonathan Drouin, Joel Armia, Paul Byron et maintenant Brendan Gallagher a été trop lourde à encaisser.

L’arrivée de Marco Scandella, un défenseur efficace, mais défensif, et d’Ilya Kovalchuk, trop lent pour la nouvelle LNH, ne transformera pas l’équipe.

La suite? Certains suggèrent de liquider certains actifs, Tomas Tatar et Jeff Petry, qui ont une bonne valeur, pour amasser d’autres espoirs ou des choix au repêchage.

Or, à l’an 3 du plan de réinitialisation, l’an prochain, il faut consolider les acquis, pas soustraire des éléments de qualité. Si Marc Bergevin est encore en poste en 2020-2021, et il devrait l’être, l’équipe doit participer aux séries. Il n’y aura plus d’excuses.

Les succès du Canadien passeront par la progression des jeunes. Il n’y a aucune garantie, évidemment, mais les indices sont favorables.

La ligne du centre n’a jamais été aussi solide depuis 1995. Phillip Danault est une valeur sûre avec Tatar et Brendan Gallagher. Nick Suzuki aura un an de plus. Déjà, à 20 ans, il est depuis quelques matchs l’attaquant le plus utilisé de l’équipe. Il s’achemine vers une saison de 47 points, mais pourrait atteindre la marque des 50 points s’il continue à son rythme du dernier mois. Suzuki a 17 points à ses 25 derniers matchs.

La guigne de la deuxième année a frappé Jesperi Kotkaniemi. La relance du CH passe par lui l’an prochain. Il a seulement 19 ans. On n’amasse pas 34 points à seulement 18 ans par hasard. On est en droit de s’attendre à une progression intéressante de sa part à 20 ans.

Le Canadien a le luxe de faire jouer Ryan Poehling à l’aile. Le jeune homme a été blanchi en 15 matchs. Difficile de produire au sein d’un quatrième trio, sans obtenir de temps d’utilisation en supériorité numérique. Il a obtenu une promotion récemment au sein du troisième trio. Il montre de belles choses, même s’il ne produit pas. C’est une année d’apprentissage pour lui.

Il ne deviendra jamais un gros producteur de points dans la LNH, ses statistiques dans la NCAA ne le suggèrent pas, mais il aura son importance et son gabarit demeure un atout.

Cole Caufield est un ailier droitier capable de marquer. Dans un monde idéal, il aurait dominé au Championnat mondial junior. Il s’est contenté d’un but et d’une aide en cinq matchs. Il aurait sans doute produit davantage si son entraîneur l’avait utilisé plus souvent en supériorité numérique.

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Cole Caufield

Alex DeBrincat, 41 buts l’an dernier, un joueur de format semblable, avait obtenu un seul point en cinq matchs au Championnat mondial junior au même âge. Il a marqué 28 buts à sa première année à Chicago.

La production de 20 points, dont 12 buts, en 18 matchs de Caufield à Wisconsin rassure. Il pourrait rejoindre le CH ce printemps.

L’arrivée de Caufield, la présence de Drouin, de Domi (idéalement à l’aile), de Tatar et Gallagher, permettrait de mieux équilibrer l’attaque. Placer Caufield ou Armia au sein d’un troisième trio constituerait un scénario intéressant. Lehkonen, qui flirte avec une saison de 18 buts et 40 points, serait refoulé au sein d’un quatrième trio avec Paul Byron, Nick Cousins et compagnie.

En défense, l’arrivée d’Alexander Romanov est essentielle. Bergevin ne s’est pas tapé un voyage en Russie pour rien. Romanov, 20 ans, ne deviendra pas un Cale Makar ou un Quinn Hughes. Mais il a les atouts pour solidifier dès l’an prochain le top 4 du CH.

Comme je l’écrivais hier dans mon analyse de la finale du Championnat mondial junior, Romanov a de nouveau été dominant à ce tournoi. Il a joué 21:42, dans toutes les situations. Il a obtenu une passe sur le deuxième but de son équipe. Ce point lui permettait de devenir le meilleur compteur de l’histoire chez les défenseurs de la Russie au Championnat mondial junior avec 14 points en autant de rencontres, un de plus que Dmitry Orlov.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Alexander Romanov

Pour une deuxième année consécutive, il a été nommé au sein de la première équipe d’étoiles du tournoi, mais le titre du défenseur par excellence lui a échappé cette fois, au profit de Rasmus Sandin, de la Suède.

Ses mises en échec percutantes font frémir l’adversaire. Il a fait mal à plusieurs joueurs au cours du tournoi. Son synchronisme est parfait et il possède la vitesse pour atteindre l’ennemi rapidement. Son «intelligence défensive» doit plaire à Marc Bergevin. Romanov n’est jamais pris hors position. Il bloque des tirs. Il parvient à extirper la rondelle de sa zone dans les moments critiques. Il anticipe bien les jeux. Bergevin a déclaré récemment que ses homologues ne se donnaient même plus la peine de lui s’enquérir de la disponibilité du jeune homme tellement ils se sont fait dire non depuis un an.

Depuis deux ans, Victor Mete, Brett Kulak et Mike Reilly ont joué régulièrement à gauche. L’acquisition de Ben Chiarot a amélioré l’équipe. Avec Romanov, Mete serait placé dans une chaise plus adéquate, au sein de la troisième paire avec le jeune Cale Fleury. Un club ne peut espérer gagner avec des Kulak et des Reilly au sein du top 4.

Devant le filet, voyons si le CH aura le courage l’an dernier de promouvoir Cayden Primeau et alléger de façon substantielle la charge de travail de Carey Price, nettement plus efficace lorsque reposé.

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Cayden Primeau

Il n’y a évidemment pas de garantie de succès l’an prochain. Des clubs comme les Sabres, les Panthers, les Oilers et les Flyers espèrent éclore avec leurs jeunes depuis plusieurs années et ils n’ont toujours pas l’assurance de participer aux séries.

Une chose encourageante dans le camp du CH: on ne craint pas de faire jouer les jeunes. Trois membres du top 9 à l’attaque (Poehling, Suzuki, Kotkaniemi) ont 21 ans et moins. Domi, Drouin et Lehkonen ont 24 ans. Gallagher a 27 ans, Danault et Armia 26 ans. En défense, Victor Mete et Cale Fleury ont 21 ans. Romanov a 20 ans aujourd’hui.

Si la tendance se maintient, le Canadien repêchera parmi les huit premiers en juin. Un solide joueur sera disponible. Qui sait si le sort ne lui sera pas favorable la loterie, de façon à obtenir l’un des premiers choix, Alexis Lafrenière ou Quinton Byfield.

Le Canadien doit rester fidèle à son plan de relance. Mais l’échéance approche et l’excuse de la jeunesse ne sera plus valable d’ici un an ou deux.

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Dans le même thème, Guillaume Lefrançois parle de la situation au quotidien chez le CH, de l’avenir qui chevauche le «passé», avec Ilya Kovalchuk qui trimait dur à l’entraînement pendant que Nick Suzuki profitait d’une journée de congé après son match de presque 22 minutes.