Marc Bergevin n’a pas fait de cachette. Embaucher Ilya Kovalchuk est un geste « sans risque » pour aider son club « à court terme » afin de compenser l’absence de nombreux attaquants blessés.

Le directeur général du Canadien s’est adressé aux médias ce vendredi matin, peu de temps après avoir causé toute une surprise en annonçant la mise sous contrat de l’attaquant russe Ilya Kovalchuk.

Lisez l'analyse de la transaction par notre journaliste Simon-Olivier Lorange

Il s’agit d’une entente à deux volets qui rapportera à l’ailier droit 700 000 $ s’il évolue dans la LNH et 70 000 $ s’il est cédé au Rocket de Laval.

Kovalchuk, 36 ans, jouait avec les Kings de Los Angeles jusqu’à cette saison, mais l’équipe californienne et lui ont convenu de mettre fin à son contrat il y a quelques semaines. Il n’a pas joué depuis le 9 novembre dernier. Les Kings sont l’une des pires formations de la LNH depuis le début de la campagne.

Avant d’appeler l’agent de Kovalchuk, Bergevin a demandé conseil à Nate Thompson, qui a joué avec lui à Los Angeles la saison dernière, et à son adjoint Scott Mellanby, qui l’a côtoyé chez les Thrashers d’Atlanta. Les deux ont eu de bons mots pour l’ex-terreur des gardiens de la LNH, le décrivant comme un « gros travailleur » et « une bonne personne ». Le directeur général des Kings, Rob Blake, a fourni les mêmes commentaires. Avec les voyants au vert, Bergevin est donc allé de l’avant, sachant toutefois que Kovalchuk « n’est pas le joueur qu’il a déjà été ».

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le directeur général du Canadien, Marc Bergevin

« Des fois, ça ne fonctionne pas avec une équipe, et ça fonctionne bien avec une autre. Il n’y a pas de joueur parfait. […] Il sait que c’est sa dernière chance » de jouer dans la LNH, a avoué le DG.

Plusieurs fois, il a répété à quel point cette embauche ne présentait « aucun risque » pour le Canadien, autant sur le plan de la gestion du personnel que sur le plan financier.

« On n’a rien à perdre, on va voir », a-t-il tranché, réitérant son crédo selon lequel il ne sacrifierait pas de jeunes joueurs de l’organisation pour obtenir de l’aide à court terme.

Même s’il détient un contrat à deux volets, Kovalchuk ne se rapportera « probablement pas » au Rocket, et les chances semblent minces qu’il soit en uniforme samedi soir au Centre Bell contre les Penguins de Pittsburgh. L’équipe travaille avec lui pour l’obtention de son visa de travail au Canada.

Enthousiasme chez les joueurs

Thompson a fourni aux journalistes les mêmes remarques qu’il avait adressées à son patron. Il a assuré que l’ancienne super vedette avait encore beaucoup de carburant dans le réservoir.

« J’ai vu son éthique de travail, la manière dont il travaille au gym et sur la glace, il est encore très compétitif, a dit Thompson après l’entraînement du Canadien. Il veut gagner, il veut bien faire. Je crois que ce sera bon pour nous, bon pour nos jeunes de le voir aller. Il a eu toute une carrière dans cette ligue. On va s’amuser. »

Le vétéran joueur de centre a décrit son nouveau coéquipier comme quelqu’un d’enjoué qui apportera de l’« enthousiasme » à l’équipe. « Il adore le hockey, il est passionné. »

Phillip Danault, lui, a surtout salué la « tape dans le dos » de la part de Marc Bergevin, qui fournit des munitions à une attaque dévastée par les blessures. Brendan Gallagher a été victime d’une commotion cérébrale et devrait rater quelques jours d’activités. Quant à Jonathan Drouin, Joel Armia et Paul Byron, ils ne devraient pas revenir au jeu avant la fin du mois.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Phillip Danault

« Marc fait des petits moves pour nous aider, il voit qu’on ne joue pas mal, qu’on mériterait un meilleur sort dans certains matchs. Ça peut nous aider », a dit le Québécois.

Selon lui, la présence d’un marqueur de cette trempe pourra faire la différence dans des matchs serrés. Par exemple dans des rencontres comme celle de jeudi soir contre le Lightning. « Si Kovy avait été ici, ç’aurait peut-être été 2-2. On sait qu’il peut marquer des buts. Marco Scandella [défenseur acquis jeudi] et lui sont de bons joueurs, on en a besoin. »

Âgé de 26 ans, Danault fait partie des nombreux joueurs du Canadien qui ont grandi en admirant les exploits de Kovalchuk. Jesperi Kotkaniemi et lui ont mentionné qu’il était parmi leurs favoris dans les jeux vidéo de la franchise NHL.

Jordan Weal affirme quant à lui que pendant ses années junior, au plus fort de la carrière de Kovalchuk, il tentait de reproduire sur la glace le tir foudroyant de son idole.

« Je regardais constamment ses faits saillants sur YouTube, je voulais tirer comme lui, a raconté Weal. Il a eu l’un des meilleurs lancers du monde au cours des 20 dernières années. Ce sera incroyable de l’avoir au sein de notre équipe. »

Conscient lui aussi que la vitesse de Kovalchuk ne sera probablement pas au diapason de celle du reste de l’équipe, Weal dit ne pas s’inquiéter. « On a plein d’autres gars rapides, ça ne sera pas un problème. »

Succès passés

Les meilleures saisons de cette ex-gloire des Thrashers d’Atlanta sont résolument loin dans le rétroviseur. Premier choix au total au repêchage de 2001, il a remporté le trophée Maurice-Richard remis au meilleur buteur de la LNH en 2004. Il a en outre atteint à deux reprises le seuil des 50 buts dans une saison, en 2005-2006 et en 2007-2008, inscrivant chaque fois 52 filets.

Les Thrashers l’ont échangé aux Devils du New Jersey à la fin de la saison 2009-2010 et ceux-ci lui ont fait signer une entente monstre de 100 millions de dollars valide pour 15 ans. Kovalchuk s’est toutefois exilé en Russie après trois saisons.

Il a fait un retour dans la LNH chez les Kings l’année dernière, inscrivant 17 buts et 34 points en 64 rencontres en plus d’afficher un différentiel misérable de -26. Cette saison, il a maintenu un rythme similaire avec 9 points en 17 matchs. Ironiquement, il s’agissait d’un affrontement entre les Kings et le Tricolore.

Membre de l’équipe nationale russe depuis le début de sa carrière, il a remporté l’or aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018, dans un tournoi auquel les joueurs de la LNH ne prenaient pas part, par ailleurs. Il a été de tous les JO depuis 2002.