(Sunrise) Il y a longtemps, quand Maurice Richard écrivait dans les pages en papier de La Presse, un titre de chronique avait fait abondamment réagir lors de la saison 1985-86 : « Le problème est devant le filet. »

Ce que le vénérable Rocket cherchait à dire, c’est que le gardien numéro un était chancelant, et que derrière lui, le Canadien n’avait pas vraiment de solution de rechange.

Eh bien, s’il était encore parmi nous en ce moment, le sympathique Rocket écrirait peut-être la même affaire.

Est-ce que cette défaite de 6-5 contre les Panthers de la Floride, dimanche soir à Sunrise, doit être entièrement attribuée au gardien de but ? Bien sûr que non. Ce serait un tantinet injuste et puis aussi, des coupables, on pourrait vous en nommer une bonne dizaine sans trop forcer. Mais voyez-vous, c’est différent avec le Canadien, parce que depuis plus de 10 ans, au moins, ce club-là a choisi de vivre ou mourir avec Carey Price.

Ce qui signifie une chose, aussi : quand le gardien vedette trébuche, c’est tout le reste de l’équipe qui tombe avec lui.

« Je dois faire ma part et arrêter plus de tirs », a admis Carey Price après le match, sans se défiler.

Un peu plus tard, Claude Julien a un peu perdu patience quand on a osé une théorie selon laquelle ce résultat ne fut peut-être pas que de la faute de son gardien. « Alors il n’a aucune responsabilité ? a répondu le coach sans hésiter. Si on accepte les fleurs à l’occasion, il faut aussi savoir accepter le pot. »

Et vlan.

Ce n’était pas une critique acerbe, non, mais de mémoire, il doit bien s’agir de la première fois où le coach se permet de pointer son gardien du doigt de cette façon. Ensuite, il en a rajouté, rappelant au détour que son club avait tout de même marqué cinq buts dimanche soir, puis quatre buts la veille contre le Lightning à Tampa. « Quand tu marques neuf buts en deux matchs, tu dois récolter des points », a-t-il dit, non sans raison.

Les Panthers ont inscrit ces six buts à leurs 22 premiers tirs. Ce n’est pas une très bonne moyenne pour le gardien, même si on peut chercher des excuses et expliquer à quel point la couverture défensive a été défaillante sur tel ou tel but. Mais peu importe : six buts sur 22 tirs, ce n’est tout simplement pas assez bon. Pas assez, en tout cas, pour un club qui vise une place au printemps.

Dans un monde idéal, le Canadien pourrait demander à Carey Price de se reposer un peu, de jouer moins souvent pour lui permettre de retrouver ses repères, mais le Canadien n’a pas ce luxe. Pourquoi ? Parce que depuis 10 ans, la position de deuxième gardien a été négligée par la direction du Canadien. Alors, quelles sont les options en ce moment ? Keith Kinkaid, Charlie Lindgren et Cayden Primeau. De toute évidence, il n’y a personne dans ce trio-là qui inspire confiance à court terme, et c’est pourquoi Carey Price se dirige encore vers une saison de plus de 60 matchs, même si le plan de départ à l’été, c’était de diminuer sa charge de travail.

En 1985-86, c’est un certain Patrick Roy qui avait fini par répondre à la chronique de Maurice Richard, avec les résultats spectaculaires que l’on sait. En 2019-20, personne ne s’attend à une telle conclusion hollywoodienne, mais en revanche, il y a bien du monde qui s’attend à ce que Carey Price joue toujours comme Carey Price.

À commencer par son coach.

Dans le détail

Suzuki se porte très bien

On dit souvent que Nick Suzuki ne fait pas ses 20 ans, et à le voir aller depuis quelques matchs, on peut ajouter que c’est de plus en plus vrai. Ainsi, en ajoutant trois aides à sa fiche dimanche soir à Sunrise, le jeune attaquant se retrouve avec une récolte d’un but et sept passes pour un total de huit points à ses cinq derniers matchs. On ajoutera que Suzuki, avec ses trois passes face aux Panthers, est devenu aussi le plus jeune joueur de l’histoire du Canadien à pouvoir récolter trois aides dans un même match depuis le défenseur Éric Desjardins, qui avait réussi le coup en 1989, alors qu’il en était à ses premiers coups de patin dans la LNH avec le Canadien. « Je ne suis pas surpris de mon jeu, parce que je sais ce dont je suis capable, a-t-il dit en fin de soirée dimanche. On me donne l’occasion de me faire valoir et je veux en profiter. »

Jonathan Huberdeau se porte très bien lui aussi

PHOTO LYNNE SLADKY, AP

Jonathan Huberdeau

Ce fut un pas pire dimanche soir en Floride pour la famille Huberdeau. En premier, Josiana, la sœur du joueur des Panthers, s’est chargée de chanter les hymnes nationaux, et fort bien à part ça, comme à son habitude. Ensuite, c’est Jonathan lui-même qui a connu une bien belle soirée devant la famille, avec une très solide soirée de deux buts et deux passes. Pour l’attaquant des Panthers, ça donne donc un gros total de trois matchs de quatre points lors de ses six derniers matchs. Mieux encore, le voici donc avec une récolte de… 16 points à ses six derniers matchs ! Le pire, c’est que le joueur québécois a bien failli obtenir un troisième but dimanche soir, et la foule y a cru aussi en lançant quelques casquettes, mais le sixième but des Panthers est plutôt allé à la fiche de Mike Matheson.

À guichets fermés

C’est toujours un succès quand le Canadien vient patiner dans le sud de la Floride, et le match de dimanche soir n’a pas dérogé de cette grande vérité. Ainsi, la rencontre a été présentée devant 19 651 spectateurs au BB & T Center, un match à guichets fermés selon la direction des Panthers. En fait, c’est la première fois cette saison que les Panthers franchissent la barre des 19 000 billets vendus pour un match à domicile. Malgré tout, les Panthers ont encore bien du mal à attirer du monde à leur aréna et dans ce coin un peu perdu de la région, eux qui ont une moyenne de seulement 13 518 spectateurs par match cette saison, la 29e moyenne au chapitre des assistances dans la LNH.

Ils ont dit

On vient de perdre un match important, des points précieux, et nous avons besoin de ces points-là d’ici à la fin de la saison.

Tomas Tatar

Je me sens frais comme une rose.

Carey Price (à propos de la fatigue ou pas)

C’est bien d’obtenir des points à ma fiche, mais c’est mieux quand on gagne.

Nick Suzuki

On n’a pas joué assez bien d’un point de vue défensif pour pouvoir battre une équipe comme celle des Panthers.

Jeff Petry

On avait parlé de l’importance du jeu défensif plus tôt en matinée, mais on ne dirait pas que ça a fait une différence. On joue comme si on jouait du hockey de patinoire extérieure présentement. Il va falloir resserrer notre jeu en défense.

Claude Julien

En hausse

Nick Suzuki

Une soirée de trois points pour ce jeune homme, qui ne démontre aucun signe d’essoufflement.

En baisse

Shea Weber

Il a bel et bien obtenu un but, mais il a aussi très mal paru et a fini sa soirée à -3.

Le chiffre

8

Le nombre de tirs au but réussis par Brendan Gallagher.