(Vancouver) Si les partisans du Canadien souhaitaient que Marc Bergevin passe à l’action pour améliorer son club à court terme et participer aux séries éliminatoires, ils devront en faire leur deuil.

Car le directeur général du Tricolore a été très clair à ce sujet. Oui, il souhaite que son équipe demeure compétitive. Mais non, les séries ne sont pas une finalité pour lui.

« Je vais vous dire une chose : je ne vais pas hypothéquer le futur de cette équipe juste pour faire les séries », a-t-il lancé lundi à Vancouver lors d’une rencontre avec les médias.

« Je ne vais pas tout miser sur un geste qui nous garantit les séries. Je ne ferai pas ça », a-t-il insisté.

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Pas besoin d’être un enquêteur émérite pour lire entre les lignes. Les espoirs les plus prometteurs de l’organisation – Cole Caufield, Ryan Poehling, Nick Suzuki, Jesperi Kotkaniemi, Cayden Primeau… – sont là pour rester. Du moins à court et moyen termes. « Avoir des jeunes, c’est l’avenir de l’équipe », a résumé Bergevin.

Quelques minutes après le point de presse, on apprenait que plus important joueur disponible sur le marché des transactions, Taylor Hall, avait trouvé preneur. Le voilà parti en Arizona.

Bergevin n’a pas voulu confirmer s’il avait fait une offre aux Devils, car il affirme ne pas être autorisé à parler de joueurs qui appartiennent aux autres équipes du circuit. On peut tout de même présumer qu'il a risqué un coup de fil à son homologue Ray Shero.

Dans tous les cas, le DG a laissé entendre que pour améliorer substantiellement son équipe par le truchement d’une transaction par les temps qui courent, il faut payer « un bras et une jambe ». Emprunter cette voie « nous éloignerait d’où nous voulons être », a-t-il ajouté.

« C’est comme ça maintenant : on fait notre équipe en juin et on souhaite que ça se passe bien. On avance avec nos jeunes, notre profondeur et les gars qu’on rappelle. »

Même à travers la série de huit défaites consécutives du mois de novembre, Marc Bergevin affirme n’avoir jamais été tenté de frapper un grand coup pour brasser ses effectifs. Et surtout, congédier Claude Julien n’a jamais été envisageable : sans « aucun doute », il est demeuré son homme de confiance en tout temps.

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Claude Julien

Il a donné en exemple le Lightning de Tampa Bay, dont on s’attendait qu’il soit l’une des meilleures formations de la ligue, mais qui serait exclue des séries si la saison se terminait aujourd’hui. « Est-ce qu’ils ont viré tout à l’envers ? », a demandé Bergervin.

Romanov l’an prochain ?

Marc Bergevin et Claude Julien ont avoué dès le camp d’entraînement qu’ils cherchaient du renfort du côté gauche de la défense. Même si ce département expose toute sa fragilité depuis la blessure à Victor Mete, le magasinage ne semble pas très actif là non plus.

« Les équipes qui ont de bons joueurs qui jouent de grosses minutes, à gauche ou à droite, vont garder leurs joueurs. Souvent, c’est à l’interne que tu trouves des solutions », a tranché Bergevin.

« À l’interne », l’expérience n’a pas été très concluante jusqu’ici. Gustav Olofsson et Otto Leskinen ont chacun disputé quelques matchs, mais ils ont peu joué et sont déjà retournés à Laval. Il y a bien Mike Reilly, mais il vient de passer presque trois semaines dans les gradins.

C’est donc dans une perspective bien plus large qu’il faut envisager les solutions « internes ». Bergevin a passé du temps en Russie au cours des dernières semaines, notamment pour y voir jouer Alexander Romanov, deuxième choix du Tricolore en 2018.

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Alexander Romanov

Le petit défenseur gaucher écoule la dernière saison d’un contrat le liant au CSKA de Moscou. Puisque cette entente est en vigueur jusqu’au 30 avril, Bergevin ne peut pas encore officiellement négocier sa venue dans la métropole.

Néanmoins, « les chances qu’il vienne jouer à Montréal l’an prochain sont très bonnes », a dit sans détour Bergevin, qui a rencontré le jeune homme avec son père et son agent, en plus de l’avoir vu disputer deux matchs.

« J’ai aimé la façon dont il se défend », a-t-il poursuivi.

À micros fermés, il a confirmé que le Canadien suivait aussi de très près la progression de Cole Caufield, premier choix de l’équipe au dernier repêchage. Le prolifique marqueur n’a jamais caché qu’il souhaitait débarquer à Montréal le plus vite possible. Et avec sa production de 20 points, dont 12 buts, en 18 matchs chez les Badgers de l’Université du Wisconsin, on peut présumer qu’il ne fera pas de vieux os dans la NCAA.

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Cole Caufield

Bergevin n’a pas voulu dire s’il le voyait dans la LNH la saison prochaine, voire dès le printemps 2020 si le Tricolore était éliminé de la course aux séries prématurément.

« Mais il ne jouera pas quatre ans à l’université », a assuré le DG.

Le cas Domi

Bergevin a aussi été interrogé sur la situation de Max Domi.

Sur le point de devenir agent libre avec compensation, le numéro 13 connaît présentement une saison largement en deçà des attentes. Ses 20 points en 32 matchs ne sont pas catastrophiques, mais c’est surtout sa baisse de régime par rapport aux 72 points de la saison passée combinée à des bourdes à répétition sur la glace qui nuisent à son dossier.

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Max Domi

« Je m’attends à mieux de lui », a avoué Bergevin.

« Des fois, le joueur se cherche. Lui-même veut de meilleurs résultats. Il travaille, mais les résultats ne sont pas là. On a vu ce qu’il est capable d’offrir, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas le faire encore. C’est un joueur utile pour l’organisation, il va s’en sortir. »

Ce qui est certain, c’est que le DG ne semble aucunement pressé de précipiter les discussions en vue d’une nouvelle entente avec son joueur. « Il reste beaucoup de temps avant de parler de contrat. »

Bergevin a en outre été invité à faire le point sur la situation des gardiens auxiliaires. Après deux performances solides de Cayden Primeau et des commentaires élogieux de ses entraîneurs, on croyait que le jeune homme passerait un bon bout de temps avec le « grand club ». Or il est retourné à Laval avant le voyage du Canadien dans l’ouest, si bien que c’est Charlie Lindgren qui, du bout du banc, regardera Carey Price disputer les matchs à Vancouver, Calgary, Edmonton et Winnipeg.

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Cayden Primeau

Bergevin a fait valoir que Primeau, dont c’est la première saison professionnelle, avait « besoin de millage, de voir des rondelles ». Et que c’est à Laval qu’il aura l’occasion d’y arriver. « Pratiquer, c’est bon, mais une situation de match, c’est encore mieux », a dit Bergevin, qui a par ailleurs souligné que Charlie Lindgren « jouait du très bon hockey » dans la Ligue américaine et qu’il aurait bientôt la chance de se faire valoir avec le Tricolore.

Et qu’en est-il du malheureux Keith Kinkaid, dont les statistiques ronflantes lui ont valu un renvoi à Laval ? Bergevin a fait remarquer que le vétéran n’avait pas disputé de match entre la date limite des transactions la saison dernière et le camp d’entraînement cet automne. Conséquemment, il mise sur son passage dans les mineures pour ajouter des minutes au compteur et regarder sa confiance. On ne sait toutefois pas si Kinkaid sera rassuré d’entendre que son patron « n’exclut pas » de le rappeler à un moment ou à un autre, sans pour autant s’engager davantage.