Faudrait se faire une idée. Une grande majorité d’experts et de fans excluaient le Canadien des séries éliminatoires cette année.  

Le CH glisse au classement et on commence à réclamer la tête de Marc Bergevin et de Claude Julien.

Le Canadien vit évidemment une période très difficile. Une série de huit défaites consécutives demeure dure à avaler. 

Malgré cette affreuse léthargie, l’équipe demeure à deux points des Maple Leafs de Toronto et du troisième rang dans la division Atlantique, avec un match de plus à disputer. 

Permettez qu’on se décolle un peu le nez de la vitrine. Marc Bergevin a annoncé une réinitialisation à l’aube de la saison 2018. À la surprise générale, le Canadien s’est accroché et a lutté pour une place en séries jusqu’à la fin l’an dernier. 

Fallait-il pour autant s’attendre à voir l’équipe dominer cette saison? Évidemment pas. Mais se battre, comme l’an dernier, dans l’espoir de se faufiler dans les éliminatoires? Peut-être. 

Le Canadien, on le répète, ne sera pas un club de premier plan avant au moins un an, sinon deux. Le temps que Jesperi Kotkaniemi, Nick Suzuki ne gagnent en expérience et en maturité; que Ryan Poehling ne se replace et vienne aider l’équipe à Montréal. 

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Jesperi Kotkaniemi et Nick Suzuki

Que Cole Caufield, 18 points, dont 10 buts, en seulement 16 matchs à Wisconsin, dans la NCAA, ne rejoigne l’équipe; qu’Alexander Romanov ne vienne solidifier le côté gauche de la défense. Peut-être ce printemps, qui sait? Le jeune homme reçoit d’ailleurs la visite de Marc Bergevin aujourd’hui ou demain à Moscou. 

Le Canadien compte d’ailleurs quatre joueurs de 21 ans ou moins dans sa formation: Kotkaniemi, Suzuki, Victor Mete et Cale Fleury. Il y en aurait probablement un cinquième si Ryan Poehling n’avait pas subi une commotion cérébrale au camp d’entraînement. C’est presque le quart de l’équipe. 

Plusieurs espéreraient voir Kotkaniemi éclore plus rapidement. À 18 ans, David Pastrnak, le meilleur buteur de la LNH, a entamé la saison dans la Ligue américaine, a été prêté à son équipe junior pour le Championnat mondial, avant d’être rappelé par les Bruins. Il a obtenu 27 points, dont 10 buts, en 46 matchs à sa première année, 27 points en 51 matchs la saison suivante. Il a explosé à sa troisième saison seulement. On ne compare pas les deux joueurs, évidemment, mais il faut «respecter le processus», comme pourrait le dire un dirigeant de la vieille école.

Avec 13 points en 27 matchs, Suzuki, 20 ans, est en voie de connaître une saison de 40 points. Mais comme il en a obtenu sept à ses dix derniers, on peut sans doute s’attendre à plus de points encore.

Si Geoff Molson et Marc Bergevin avaient promis la Coupe cette année, nous serions en droit de hurler. Des équipes comme les Predators de Nashville, les Flames de Calgary et les Golden Knights de Vegas, qui ont sacrifié des espoirs et des choix de première ronde ces dernières années pour des résultats à court terme, ont de quoi inquiéter davantage. Calgary et Vegas ont deux points de plus que le Canadien, mais moins de matchs à disputer. Nashville a autant de points que le CH, mais une partie de plus à jouer.

Certains pourraient reprocher à Bergevin d’être resté entre l’arbre et l’écorce au lieu de procéder à une reconstruction complète. L’avenir nous le dira. Shea Weber aura 35 ans l’an prochain, Carey Price 33 ans. Ils seront sur la pente descendante lorsque le club s’approchera de son apogée. Les échanger aurait pu permettre de collectionner encore davantage de jeunes éléments de premier plan.

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Carey Price et Shea Weber

Deux mots sur Claude Julien et la situation actuelle. Un entraîneur ne dort jamais confortablement après huit défaites consécutives. Par contre, le Canadien a disputé de bons matchs ce weekend. L’équipe était préparée et motivée. 

Hier soir, à Boston, contre la première équipe au classement général, le CH a disputé un match presque parfait défensivement jusqu’à ce que Gustav Olofsson, fraîchement rappelé des mineures, n’oublie Pastrnak derrière lui. «Oublier» le meilleur buteur de la Ligue avec une mince avance d’un but en troisième période ne pardonne pas. 

Le défenseur Ben Chiarot, brillant hier, l’a rappelé de façon assez directe au jeune défenseur de 24 ans après la rencontre. 

En bref, Julien ne donne pas l’impression d’un entraîneur en perte de contrôle de son vestiaire. Si son équipe manquait de hargne et de discipline, accumulait les revers cuisants, il en serait autrement. 

Par contre, le club doit se remettre à gagner rapidement parce que le DG voudra peut-être tenter de sauver les possibilités de lutter pour une place en séries et, ou, calmer la grogne. 

Certains joueurs devront faire leur part. Max Domi n’est plus que l’ombre de lui-même cette saison. Non seulement sa production de 17 points en 27 matchs inquiète, mais son jeu d’ensemble en arrache. Domi continue à jouer de façon individualiste et à multiplier les revirements. 

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Max Domi

Jeff Petry, le meilleur défenseur de l’équipe par grands bouts depuis un an, connaît un passage à vide inquiétant. Carey Price a rassuré hier. Mais il faudra trouver une solution au poste d’auxiliaire. 

À lire

Quelle formidable histoire de persévérance et d'acharnement que celle de l'attaquant des Predators de Nashville, Mathieu Olivier, jamais repêché dans la LNH, repêché en septième ronde seulement par les Wildcats de Moncton.  Guillaume Lefrançois, qui décidément connait un gros weekend (allez lire son texte sur Derek Aucoin), raconte.