Le Canadien disputait samedi soir son 20e match de la saison, concluant ainsi le premier quart du calendrier. On vous propose donc l’exercice hautement scientifique suivant : on cible quelques statistiques de l’équipe, on les multiplie par quatre, et on se prononce à savoir si la projection sera réalisée ou non. Vous avez bien sûr le droit d’encadrer cet article à la maison afin de vous payer la tête de l’auteur une fois avril venu.

104 points pour le Canadien ?

C’est évidemment la statistique la plus importante. Les 26 points du Tricolore n’ont pas été acquis au rabais. Pensez-y : les Blues de St. Louis, les Bruins de Boston et les Capitals de Washington totalisent, à eux trois, seulement dix défaites en temps réglementaire. Quatre d’entre elles ont été subies aux mains du CH ! L’équipe a disputé autant de matchs à la maison qu’à l’étranger (dix), de même que quatre séquences de deux matchs en 24 heures. En fait, s’il y a un bémol, c’est que la profondeur du groupe n’a pas été testée. Les blessés totalisent seulement 13 matchs manqués, la plupart par des joueurs marginaux. Reste à voir pour combien de temps en aura Jonathan Drouin. Tôt ou tard, la loi de la moyenne rattrapera le Canadien, et des joueurs d’importance devront s’absenter

Verdict : non

40 victoires pour Carey Price ?

Le gardien dispute plus de matchs que prévu, alors il est normal qu’il soit premier dans la LNH pour les victoires (10). Ce n’est toutefois pas seulement une question de volume, car Price affiche une efficacité de ,917 et il a été un acteur essentiel de quelques-unes de ses victoires. Cela dit, la marque des 40 victoires est devenue difficile à atteindre, les équipes réalisant l’importance d’arriver en séries éliminatoires avec un gardien frais et dispos. Ainsi, l’an passé, aucun gardien n’a atteint les 40 victoires. Il y en a eu trois en 2017-2018, et quatre la saison précédente.

Verdict : non

280 buts ?

Voilà un chiffre intéressant. Avec 70 buts, le Canadien est en voie d’atteindre la marque des 280 pour la première fois depuis 1993-1994. Comme l’an dernier, le Tricolore excelle à cinq contre cinq, occupant le premier rang du circuit avec 50 buts dans ces circonstances. Sauf que cette fois, l’avantage numérique fonctionne à un rythme acceptable (20,3 %). De plus, à deux exceptions près (nous y arrivons), la grande majorité des joueurs produisent à un rythme soutenable sur une saison complète.

Verdict : oui

Tomas Tatar à 80 points ?


PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Tomas Tatar


Tatar dispute sa septième saison complète dans la LNH. L’an passé, il a connu la meilleure campagne de sa carrière avec 58 points. Ne serait-ce que sur le plan des probabilités, les chances qu’il fracasse sa marque personnelle, à 29 ans, sont déjà minces. Ajoutons à cela le fait que la qualité de son jeu d’ensemble a régressé, au point où l’entraîneur-chef Claude Julien l’a retiré du trio de Phillip Danault, et il y a de bonnes raisons de croire que son rythme actuel de production (20 en 20) est insoutenable. Tatar nous a aussi confié récemment qu’il jouait parfois sur les freins afin d’éviter d’être de nouveau pénalisé.

Verdict : non

Shea Weber à 68 points ?

Les 17 points en 20 matchs du capitaine sont certainement une contribution inattendue à l’attaque. Weber a amorcé la saison en santé, et la progression de Jeff Petry ces dernières années permet à Julien de ménager un peu plus son numéro 6. Mark Giordano a établi une marque personnelle l’an dernier chez les Flames de Calgary à 35 ans, mais il possède un style de jeu qui cadre parfaitement avec la LNH moderne. Pas Weber. Cependant, il aurait besoin de 40 points dans les 62 derniers matchs pour excéder ses 56 points de 2013-2014. Ça, ne l’excluons pas. Mais 68 points, c’est beaucoup.

Verdict : non

Joel Armia à 25 buts ?

Un cas difficile à analyser. Armia compte déjà six buts, mais aucun à ses neuf derniers matchs. On l’a vu l’an passé, il est capable de tomber au neutre pendant de longues séquences, par exemple sa série de 14 matchs sans but en février. Par contre, Julien utilise Armia en moyenne une minute de plus que l’an dernier et l’emploie constamment en avantage numérique. Le colosse de Pori a aussi augmenté sa moyenne de tirs par match, se donnant ainsi plus d’occasions. Cette hausse pourrait toutefois être plus importante s’il cessait, comme on le voit souvent dernièrement, de chercher la passe parfaite à faire à un coéquipier, plutôt que de se servir de son tir.

Verdict : oui

82 matchs pour Nick Suzuki ?


PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Nick Suzuki

Suzuki montre de belles choses sur la patinoire, il a la cadence d’un marqueur de 20 buts, un chiffre intéressant pour une recrue. Mais la plus belle preuve de sa progression, on l’a vue samedi, quand Julien l’a promu au centre du deuxième trio au détriment de Max Domi, déplacé à l’aile. Sachant l’importance qu’accorde Julien à cette position, sachant à quel point Domi est à risque défensivement, la décision n’était pas anodine. Suzuki montre une capacité d’adaptation impressionnante jusqu’ici, et voilà pourquoi, à moins d’une blessure, il sera en uniforme pour les 62 derniers matchs de Montréal.

Verdict : oui

3 défenseurs à 160 mises en échec ?

La statistique des mises en échec ne veut pas tout dire, mais dans ce cas-ci, elle illustre bien la nouvelle identité du groupe de défenseurs du Canadien. La production offensive des arrières (15 buts) retient l’attention, avec raison. Mais avec les ajouts de Ben Chiarot et de Cale Fleury, le CH présente son groupe de défenseurs le plus robuste depuis des années. Weber n’est pas réputé pour sa douceur, et Petry distribue de plus en plus de coups d’épaule percutants. Entendons-nous : le Tricolore n’est pas devenu une version 2.0 des Broad Street Bullies. Mais il n’est pas impossible que trois de ces défenseurs terminent la saison avec une moyenne de deux mises en échec par match, ce qui n’est jamais arrivé à Montréal depuis que la LNH compile cette statistique (1997-1998).

Verdict : oui