Jesperi Kotkaniemi a connu un autre match discret hier soir en Arizona. Il a néanmoins joué 13 minutes, deux de plus que lors des deux matchs précédents, et obtenu trois tirs.

Le jeune homme n’a pas été mauvais. Mais sa production offensive tarde et quelques erreurs d’inexpérience, ou de concentration, placent parfois son club dans des situations difficiles. 

Kotkaniemi, troisième choix au total en 2018, a été blanchi pour la huitième fois à ses neuf derniers matchs. Il a trois points en douze rencontres depuis le début de la saison. 

Nick Suzuki, au contraire, semble prendre son envol à l’aile droite du quatrième trio. Il a désormais quatre points à ses six derniers matchs. 

Comme Kotkaniemi a surpris l’an dernier en méritant un poste dans la LNH quelques mois après avoir été repêché, les attentes ont augmenté cet automne. Il demeure pourtant un jeune homme de 19 ans encore en apprentissage. 

Mais on se laisse presque tous prendre au jeu d’exiger de lui un meilleur rendement. Claude Julien, dont plusieurs fans reprochent à tort de ne pas faire confiance aux jeunes, demeure son plus grand protecteur et a choisi de le garder à Montréal pour le meilleur et pour le pire. 

Remettons toutefois les choses dans leur contexte pour mieux apprécier Kotkaniemi. 

Le Finlandais est l’un des plus jeunes de sa cuvée en raison de sa date de naissance le 6 juillet. Quarante jours plus tard, il aurait été éligible pour le repêchage de 2019. 

Parmi tous les joueurs choisis en 2018, seulement cinq sont implantés dans la LNH: Rasmus Dahlin, Andrei Svechnikov, Kotkaniemi, Brady Tkachuk et Quinn Hughes. 

J’exclus Barrett Hayton, cinquième choix au total, en uniforme hier contre le Canadien, mais à son cinquième match seulement dans la Ligue nationale, après avoir été rayé de la formation dans sept des dix premières rencontres des Coyotes. 

Seulement six des 217 joueurs repêchés en 2018 ont disputé au moins dix matchs dans la LNH à ce jour. Les deux premiers choix, Rasmus Dahlin et Andrei Svechnikov, demeurent des joueurs d’exception dont l’impact au sein de leurs équipes respectives se fait déjà sentir. 

Dahlin, l’un des meilleurs joueurs de sa génération, a 10 points en 13 matchs à Buffalo. II en avait obtenu 44 l’an dernier. Svechnikov a pris son envol. Il a déjà 12 points en autant de rencontres en Caroline. 

Brady Tkachuk, quatrième choix au total, a obtenu trois points de plus que Kotkaniemi, six en onze matchs avec les Sénateurs. Tkachuk a presque un an de plus. S’il était né deux jours plus tôt, on l’aurait repêché en 2017. Et Kotkaniemi était à moins de 40 jours de passer au repêchage de 2019. Voyez la différence? 

Le 4 juin 2018, j’annonçais mes couleurs sur Twitter, 19 jours avant le repêchage: «Malgré les suppositions et les analyses, mon choix au troisième rang pour le Canadien demeure le jeune défenseur Quinn Hughes. Tenez-vous le pour dit!»

Je n’ai pas hurlé ma désapprobation pour autant lorsque le CH a choisi Kotkaniemi. Le jeune homme deviendra, avec le temps, un centre de premier plan dans la Ligue nationale. 

Mais à mes yeux, le Canadien avait besoin d’un défenseur gaucher offensif de la trempe de Hughes. Celui-ci a ajouté trois points à sa fiche hier, dans une autre victoire des Canucks. Il a déjà 10 points en 12 matchs, dont sept à ses cinq dernières rencontres. Il joue en moyenne 20:21 par match depuis le début de la saison. 

PHOTO BEN NELMS, LA PRESSE CANADIENNE

Quinn Hughes

Mais comme Tkachuk, Hughes est né après le 15 septembre. Vingt-neuf jours plus tôt et on le repêchait en 2017. Il faut donc donner à Kotkaniemi presque une saison de plus avant de comparer les deux joueurs. Hughes demeure néanmoins, deux ans plus tard, mon choix sentimental pour le CH.

Le parcours d’Aleksander Barkov, désormais l’un des meilleurs centres de la LNH, peut encourager les fans du Canadien. Deuxième choix au total en 2013, l’un des plus jeunes de sa cuvée lui aussi étant né le 2 septembre, Barkov a obtenu 24 points en 54 matchs à sa première année et seulement 36 en 71 parties la saison suivante. 

Il a amélioré son rendement à sa troisième année, mais a explosé à sa cinquième seulement, à 22 ans, avec 78 points en 79 matchs. Il a amassé 111 points à ses 95 derniers matchs.

Kotkaniemi n’a évidemment pas les ailiers idéals pour l’instant. Artturi Lehkonen et Paul Byron se cherchent. Après un bon départ, Lehkonen est retombé dans l’une de ses léthargies habituelles. Il a été blanchi à ses sept derniers matchs et son temps de jeu diminue au fil des rencontres.

Paul Byron n’est plus que l’ombre de lui-même depuis le début de la saison. Byron a deux aides en 12 matchs. 

Mais les deux hommes demeurent fiables défensivement et Kotkaniemi a besoin d’un tel support. Son jeu défensif ne lui permet pas pour l’instant de se retrouver devant les meilleurs trios adverses. 

On pourrait néanmoins voir d’un bon œil la promotion de Nick Cousins, cinq points en six matchs, au sein de son trio. Qui se plaindrait d’une rétrogradation de Lehkonen au sein du quatrième trio à l’heure actuelle? Et pourquoi pas Nick Suzuki aussi, quoique la perspective de placer deux recrues au sein d’un même trio risque d’inquiéter l’entraîneur. 

À lire

Jolie victoire de 4-1 hier soir en Arizona, encore une fois grâce à la locomotive de l'équipe (dixit Guillaume Lefrançois), Brendan Gallagher, dont le but dans les premiers instants du match a donné le ton. Les Coyotes semblaient fatigués et le porteur de la rondelle chez le Canadien se retrouvait rarement sous haute pression. Claude Julien en a profité pour bien répartir le temps d'utilisation de ses joueurs dans le premier de deux matchs en moins de 24 heures. Jeff Petry et Ben Chiarot ont été les plus utilisés, suivi de Victor Mete. Shea Weber, solide hier, devrait être plus frais pour ce soir à Las Vegas.