(Las Vegas) Max Pacioretty savait que les médias de Montréal étaient à Las Vegas pour lui parler, à 24 heures du duel contre l’équipe dont il a été le capitaine durant trois saisons. Il a répondu à toutes les questions de bon cœur. Beaucoup plus à l’aise que les dernières fois, en tout cas.

Il a admis d’entrée de jeu qu’il était «heureux de nous voir». Il a ensuite demandé quelles étaient les plus récentes nouvelles. À des années-lumière du Pacioretty frustré que l’on croisait un peu trop souvent à ses derniers moments avec le Canadien de Montréal, et même à ses débuts avec les Golden Knights de Vegas.

Il nous a tout de suite parlé de Marc-André Fleury. On comprend vite que le rôle du gardien québécois dans ce vestiaire dépasse la simple statistique, aussi exceptionnelle soit-elle (fiche de 8-3-0, une efficacité à ,928 et une moyenne de 2,29).

«J’aurais pu être surpris de ses succès à 34 ans avant d’arriver ici, mais quand on voit quel genre de personne il est et à quel point il travaille fort, on n’est pas surpris. Il mérite tout le crédit qu’il reçoit. Personne ne travaille aussi fort que lui dans l’équipe. C’est probablement le meilleur leader avec lequel j’ai joué. Un jour, je pourrais repenser à ma carrière et me rendre compte que j’ai été chanceux de jouer avec lui.»

Le meilleur leader avec lequel il a joué. Difficile de trouver plus élogieux, et plus symbolique de ce qu’est l’ambiance en ce moment chez les Golden Knights.

Il faut dire que Pacioretty a cette fois toutes les raisons de sourire. Il est en parfaite santé, d’abord et avant tout. Les innombrables blessures sont derrière lui, haut du corps, bas du corps, genou, jambe.

«L’an dernier, j’ai eu plusieurs blessures qui m’ont sorti de la formation. Quand tu combats les blessures qui reviennent, tu te bats avec toi-même pour savoir si tu devrais jouer ou non. Ils ont pris la décision pour moi quand la situation a empiré. Depuis que je suis revenu, je me sens plus fort et plus à l’aise. C’était un point tournant pour moi.»

D’autant plus qu’il a trouvé chez les Golden Knights de Vegas une véritable paix d’esprit, au sein d’un trio inspirant avec Paul Stastny et Mark Stone, et dans un vestiaire exceptionnel.

Il le dit sans hésiter : il joue son meilleur hockey depuis longtemps.

«C’est notre style de jeu, c’est l’environnement positif ici. J’ai aussi été en santé comparé aux dernières années. Je jouais blessé les dernières saisons. J’ai eu un long été. J’ai été en mesure de venir au camp et de me sentir à l’aise avec la situation dans laquelle j’étais. Je ne peux dire que de belles choses sur cette organisation. La saison s’est terminée trop tôt l’an dernier. On a eu un bon été et tout le monde se sent bien avec son jeu en ce moment, comparé à pareille date l’an dernier.»

En attendant les buts

PC

Max Pacioretty lors 'un match contre les Oilers à Edmonton.

Pour le moment, les statistiques de Pacioretty sont correctes, sans être exceptionnelles. Il totalise 11 points en 13 matchs, mais seulement 2 buts au compteur. C’est plutôt mince pour quelqu’un qui a fracassé cinq fois le plateau des 30 buts dans sa carrière.

Pourtant, Pacioretty ne s’en fait pas trop. Il domine chez les Golden Knights pour les tirs au but, avec 54. En fait, il est troisième de toute la LNH à ce chapitre. D’autant plus que son pourcentage du succès sur les tirs, anémique en ce moment à 3,7%, tend généralement plus vers les 11%.

«Les statistiques sont correctes, mais j’ai plusieurs belles occasions. C’est ce qui compte le plus pour un joueur. Éventuellement les buts vont venir.»

Il faut dire que ses partenaires de trio ne sont pas à prendre à la légère. Stastny compte 5 buts et 4 aides, tandis que Stone, à 7 buts et 9 aides, est de loin le plus prolifique des siens. L’un des principaux sujets de conversation autour de Pacioretty à Montréal était ses partenaires de trio, surtout son joueur de centre. S’il a connu des années sans lustre à Montréal, c’est tout le contraire désormais à Vegas.

«On joue très bien ensemble. Plus tôt dans la saison, en raison des blessures, ils ont un peu changé la formation. Maintenant, on joue ensemble, et on a une bonne chimie. L’avantage numérique aussi va très bien (à 25% d’efficacité). C’est une des belles nouvelles tôt dans la saison. La chimie s’améliore chaque match, à l’intérieur du trio et avec les autres coéquipiers, et c’est l’une des grandes raisons de nos succès.»

Pour l’entraîneur des Golden Knights Gerard Gallant, la différence entre le Pacioretty d’en ce moment et celui d’il y a un an est claire.

«Il est à l’aise. L’an dernier, il y avait beaucoup de choses qui lui passaient par la tête après la transaction. Je pense qu’il est détendu, il joue bien, il a frappé plus souvent le poteau que quiconque. Il travaille fort. Il veut marquer.»

En terminant, impossible de ne pas poser une question sur l’importance d’un match contre le Canadien pour Pacioretty. Il a servi la réponse d’usage - un match comme les autres - qui ne sera pas bizarre, qui n’a rien de particulier. À une exception près : «Le match pourrait me coûter cher». Une référence à la tradition pour un joueur d’offrir un cadeau à ses coéquipiers en cas de victoire dans un match qui lui tient à cœur.

Parce que Pacioretty contre le Canadien, ce ne sera plus jamais qu’un simple match.