Claude Julien a bien tenté de défendre son capitaine après le match d’hier, on le devine sans doute inquiet lui aussi. 

Shea Weber a joué seulement 19:40 contre le Lightning. Outre un match écourté pour blessure, il s’agissait de la deuxième fois seulement depuis son arrivée chez le Canadien qu’il n’atteignait pas la barre des 20 minutes. 

Le défenseur de 34 ans a connu une autre soirée laborieuse. Il se trouvait sur la glace lors des trois buts du Lightning. Il n’avait pourtant pas à affronter le redoutable premier trio de Tampa. 

On comprend l’entraîneur de diminuer son temps d’utilisation depuis trois matchs. Weber a été sur la glace pour les huit derniers buts accordés par le Canadien, deux en troisième période contre Detroit (mais un dans un filet désert), les trois contre St. Louis et les trois contre Tampa Bay hier. 

Temps d’utilisation de Weber lors des six premiers matchs

Hurricanes 24:11
Maple Leafs 26:50
Sabres 25:27
Red Wings 22:26
Blues 21:24
Lightning 19:40

On avait remarqué chez Weber une baisse de régime en deuxième moitié de saison l’an dernier : moins mobile, vitesse de réaction diminuée. On a invoqué sa longue absence, avec raison. 

Or, avec un été complet d’entraînement et un genou neuf, les choses ne semblent pas s’améliorer. Après six matchs, Weber était sur la patinoire lors de 61% des buts marqués par l’adversaire, contre 43% pour Jeff Petry, 35% pour Ben Chiarot et 26% pour Victor Mete. 

Il faut évidemment tenir compte du temps d’utilisation en infériorité numérique. Weber est employé en moyenne 3:29 en pareilles circonstances, 2:46 pour Chiarot, 1:52 pour Petry et 1:09 pour Mete.

Mais à cinq contre cinq, le Canadien marque en moyenne trois buts par tranche de 60 minutes lorsque Weber est sur la glace et en accorde 5,5. La moyenne de Petry s’établit à 2,6, mais l’équipe en accorde aussi seulement 2,1 quand il est sur la glace. 

Claude Julien a blâmé les attaquants, en particulier Jesperi Kotkaniemi, sur le premier but du Lightning. Il n’a pas complètement tort, mais le manque de vitesse de Weber en récupération de rondelle le long des bandes n’a pas aidé sur la séquence. 

Le Canadien a été embourbé dans sa zone pendant plus d’une minute. L’entraîneur du Lightning, Jon Cooper, a flairé l’odeur du sang. Il a envoyé son premier trio sur la glace sans que le quintette du CH ne puisse retraiter au banc. Tampa s’est replacé dans le match en marquant à sept secondes de la fin de la première période. 

Cooper utilise son premier trio de façon brillante. Stamkos, Kucherov et Point se retrouvaient sur la glace à chaque dégagement refusé contre le Canadien. Ça a mené d’ailleurs à une punition contre le CH en début de deuxième. Puis, Weber a tenté du mieux qu’il pouvait en infériorité numérique de récupérer une rondelle envoyée en fond de territoire. Voyant qu’il était rattrapé, il a choisi de protéger le disque entre ses patins. Lekhonen est venu l’aider. Les deux ont perdu la bataille et deux secondes plus tard, Stamkos déjouait Price d’un tir foudroyant. 

Si seulement Weber pouvait compenser avec l’attaque comme il l’a toujours si bien fait. Mais il a obtenu seulement deux maigres passes en six matchs. 

Le quintette qu’il forme en supériorité numérique avec Jonathan Drouin, Phillip Danault, Jordan Weal et Brendan Gallagher n’a toujours pas marqué en pareilles circonstances. Jeff Petry, Max Domi, Tomas Tatar, Nick Suzuki et Joel Armia ont compté les cinq buts de l’équipe.

En fin de rencontre hier, avec un déficit d’un but, Claude Julien a envoyé Petry et non Weber avec les cinq autres attaquants du club et Carey Price au banc des joueurs. Une image évocatrice. 

Petry a joué 24 minutes hier. Il est le nouveau défenseur numéro un de l’équipe. Il joue d’ailleurs 1:30 de plus par match que le capitaine depuis le début de la saison.

Plusieurs ont le réflexe de blâmer Victor Mete pour les difficultés de Weber. Le jeune homme a 21 ans. Il est rapide, certes, mais il ne peut pallier toutes les lacunes de son partenaire. Il n’en a pas encore les capacités non plus. 

Quand on touche 7,8 millions par saison, le plus haut total après Price, on s’attend à ce que vous rendiez votre entourage meilleur, pas le contraire. 

Marc Bergevin dresse souvent un parallèle entre Shea Weber et Zdeno Chara. Mais le capitaine des Bruins a 42 ans. À 34 ans, Chara amassait 52 points, jouait en moyenne 25 minutes par match et figurait parmi les trois finalistes pour le trophée Norris remis au meilleur défenseur de la LNH. Un an plus tard, au printemps 2013, les Bruins se retrouvaient en finale après avoir remporté la Coupe en 2011.  

Chara a aussi eu la chance de bénéficier d’un jeune partenaire exceptionnel ces dernières années, Charlie McAvoy, un luxe que n’a pas Weber. 

Guy Carbonneau avait raison de souligner, sur les ondes de RDS après la rencontre, l’urgence de trouver des solutions pour aider Weber. 

L’équipe est attachée à Weber pour les six prochaines saisons après celle-ci. Aussi bien prendre les moyens pour l’aider à mieux paraître. Y’a-t-il une autre solution ? 

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