Seulement 9204 spectateurs ont assisté au match des Sénateurs, hier soir au Centre Canadian Tire.  

Il y en avait 9075 pour le match d’ouverture du Rocket de Laval dans la Ligue américaine le week-end dernier…

Les champions en titre de la Coupe Stanley, les Blues de St. Louis, étaient pourtant en visite à Ottawa. 

Les gradins n’étaient pas pleins lors de l’incroyable parcours printanier de l’équipe en 2017. Imaginez alors après une vente de feu…

Les Sénateurs possèdent quelques jeunes joueurs de qualité, Thomas Chabot, Erik Brannstrom, Brady Tkachuk, mais il y a aussi plein de Bobby Ryan, de Tyler Ennis et de Connor Brown dans leur formation. 

On en demande beaucoup à Colin White, 22 ans, de remplir le rôle de premier centre après une saison de 41 points. 

Derrière lui se trouvent Chris Tierney et Artem Anisimov. Probablement la ligne de centre la plus faible de la LNH. L’ascension du rugueux Scott Sabourin, après sept ans dans les mineures, est sympathique, mais il ne fera pas vendre de billets au sein du quatrième trio. 

Sans surprise, les Sénateurs ont subi leur troisième revers en autant de matchs, hier, 6-4 contre les Blues. Ils ont désormais accordé 15 buts. 

On comprend les fans de bouder le Centre Canadian Tire. Non seulement n’ont-ils pas envie de se taper la circulation lourde de la 417 pour s’y rendre, mais on a chassé les vedettes depuis deux ans.

La dégringolade a commencé après le carré d’as en 2017, quand la direction a choisi de ne pas payer le capitaine Erik Karlsson à sa juste valeur. 

Karlsson a passé l’hiver à Ottawa, mais on le savait tous sur du temps emprunté avec les Sénateurs. La querelle entre son épouse et celle de Mike Hoffman n’a pas aidé. 

PHOTO CHRIS SZAGOLA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Erik Karlsson et Mike Hoffman avec les Sénateurs d'Ottawa en 2016.

La décision de Dion Phaneuf a fait mal aussi. Après le printemps exaltant de 2017, il a refusé de lever sa clause de non-échange. On a dû le protéger au repêchage de l’élargissement des cadres. Le partenaire de Karlsson, Marc Methot, a été perdu. 

Un an après avoir frôlé une participation en finale de la Coupe Stanley, les Sénateurs terminaient au 30e rang du classement général. 

Karlsson allait être échangé pour l’espoir Josh Norris, des choix de première et deuxième rondes et quelques joueurs. 

Mike Hoffman était largué aux Sharks pour un choix de septième ronde après une saison de 56 points. Il allait être refilé aux Panthers de la Floride et obtenir 70 points l’an dernier. 

Dans ce contexte, quel intérêt pour Matt Duchene et Mark Stone de s’engager à long terme avec le club ? 

PHOTO SEAN KILPATRICK, THE CANADIAN PRESS

Matt Duchene (95) et Mark Stone (61) avec les Sénateurs d'Ottawa en 2018.

Quand même hallucinant d’y penser : les six premiers compteurs de l’équipe en 2017-2018, Stone, Hoffman, Duchene, Karlsson, Dzingel et Brassard n’y étaient déjà plus en mars 2019. Outre Brassard, aucun n’avait 30 ans au moment d’être échangé. 

Cette transaction permettant d’acquérir Brassard, en 2016, n’a pas été à l’avantage du DG Pierre Dorion non plus. Brassard a obtenu 39 points à sa première année et il a été échangé la saison suivante pour un choix de troisième ronde.

Les Rangers ont obtenu Mika Zibanejad en retour. Il vient de connaitre à 26 ans sa meilleure saison en carrière avec 74 points et il en compte déjà huit après deux matchs. 

Dirigés par un propriétaire avaricieux, les Sénateurs d’Ottawa ont la plus petite masse salariale de la LNH après celle des Blue Jackets de Columbus à 73,3 millions. Ils s’approcheraient encore davantage du plancher s’ils avaient pu se débarrasser du contrat de Bobby Ryan. 

Malgré tout, Eugene Melnyk aurait encore des appuis au sein de la Ligue nationale selon le chroniqueur du Droit, Sylvain St-Laurent.

Bill Daly vient en effet de se porter à la défense de Melnyk, rappelle St-Laurent, après qu’un chroniqueur du New York Post eut suggéré à la LNH de forcer le propriétaire des Sénateurs à vendre l’équipe afin de permettre aux Sénateurs de s’extirper de leur situation misérable.

Triste de voir l’équipe dans un tel état. Comme dirait le New York Post, vivement un nouveau proprio…

À lire

Je retiens cette phrase de Jeff Petry, dans l'analyse très juste du match d'hier soir par le collègue Jean-François Tremblay : « Cela concerne l’importance de savoir où les joueurs seront, et de s’assurer que les joueurs sont au bon endroit. Quand tu lèves la tête et que tu t’attends à ce qu’un joueur soit à un certain endroit, près de la rampe par exemple, et qu’il n’y est pas, il faut une seconde de plus pour trouver une solution de rechange. » En bref, la solution ne doit pas seulement venir des défenseurs...