En 2010-2011, Carey Price a pris place devant son filet à 72 reprises, pour plus tard accompagner son club à une sortie rapide au premier tour des séries éliminatoires.

Ensuite, le gardien vedette a connu des calendriers de 65, 66 et encore 66 matchs la saison dernière. Et c’est précisément ce que le Canadien cherche à éviter cette saison.

Ainsi, à moins d’un solide revirement de situation, c’est le réserviste Keith Kinkaid qui se chargera du match de ce soir à Buffalo, contre les Sabres.

La chose n’a pas été confirmée hier par l’entraîneur-chef Claude Julien, mais le club montréalais amorce une série de trois matchs en quatre jours, et on voit mal Price rater le premier match de la saison au Centre Bell, demain soir, ou rater le rendez-vous de samedi soir au même endroit contre les champions de la Coupe Stanley, les Blues de St. Louis.

À 32 ans, Price n’est plus le jeune homme de 2010-2011, et c’est pourquoi la direction du Canadien a déjà laissé savoir qu’elle espérait une saison d’environ 55 départs dans son cas cette fois-ci.

« La charge de travail doit tenir compte des réalités du calendrier, et aussi de mon état de santé, a expliqué le numéro 31 après l’entraînement du matin, hier à Brossard. C’est difficile d’en arriver à un nombre de matchs exacts parce que ça dépend vraiment d’une chose : comment je me sens à ce moment précis de la saison. »

À la semaine

Pour le moment, le plan est essentiellement décidé à la semaine, en tenant compte des rigueurs du calendrier à venir. Price jure qu’il n’a rien à voir avec cette décision.

« Quand et où je vais jouer cette saison, c’est quelque chose qui revient entièrement à l’entraîneur… et ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on peut décider très à l’avance. Il y a trop de variables, trop de choses qui peuvent changer rapidement, surtout au chapitre de l’état de santé. C’est pourquoi il faut y aller à la semaine. »

Price affirme ne plus se rappeler comment il se sentait à la suite de sa saison de 72 matchs, mais les chiffres nous disent que pour les gardiens de la LNH, ces temps-là sont révolus.

Ainsi, la saison dernière, seulement deux gardiens ont pris part à plus de 65 matchs : Price et Devan Dubnyk, du Wild du Minnesota. En guise de comparaison, en 2010-2011, la saison des 72 matchs de Price, huit gardiens avaient pris part à 65 matchs ou plus, dont Cam Ward, des Hurricanes de la Caroline, champion de cette catégorie avec 74 rencontres au compteur. Un chiffre qui semble impossible dans la nouvelle réalité du hockey.

Kinkaid, qui a brièvement servi de réserviste au New Jersey à Martin Brodeur, le roi des saisons de 70 matchs et plus, estime que la garde partagée des filets est un phénomène qui va aller en grandissant.

On le voit, les entraîneurs cherchent à réduire la charge de travail des gardiens. De nos jours, les équipes ont vraiment besoin de pouvoir compter sur deux gardiens si elles veulent espérer faire un bon bout de chemin jusqu’au mois de juin.

Keith Kinkaid

En juin dernier, justement, les deux gardiens de la grande finale, Tuukka Rask, des Bruins de Boston, et Jordan Binnington, des Blues de St. Louis, étaient deux hommes frais et dispos ; aucun des deux n’avait atteint la barre des 50 matchs lors de la saison.

« Les gardiens de 60 matchs et plus, on va voir ça de moins en moins à cause des blessures, ajoute Kinkaid. Je ne suis pas dans cette ligue depuis si longtemps, mais déjà, je peux constater à quel point le jeu est devenu encore plus rapide qu’il ne l’était. Pour un gardien, tout est plus difficile : le jeu lui-même, mais aussi les déplacements pour aller jouer à l’étranger, les impacts encaissés par le corps, et tout ça finit par nous affecter. »

Dans le cas du Canadien, toutefois, il y a une autre réalité à considérer : avec son salaire de 10,5 millions de dollars par saison, Price peut difficilement être laissé au banc trop longtemps. Une telle stratégie ne serait pas très rentable d’un strict point de vue financier.

Mais peu importe, Kinkaid va se tenir prêt.

« On ne m’a pas dit le nombre de matchs qu’on allait m’offrir cet été quand j’ai dit oui au Canadien, a-t-il ajouté. Mais je vais me tenir prêt. C’est mon travail d’être prêt. »