En partant, avant même de passer au peigne fin la formation du Canadien en vue de la saison 2019-2020, il faut regarder autour, du côté des rivaux de division, et bien comprendre ce qui se dresse sur la route du club montréalais.

À Tampa, les joueurs du Lightning reviennent d’une saison de 62 victoires. À Boston, les joueurs des Bruins reviennent d’une présence en grande finale. À Toronto, il y a une formation dont tous les indicateurs, ou presque, pointent vers le haut. En Floride, on peut prévoir des jours plus ensoleillés avec un entraîneur de premier plan, Joel Quenneville, derrière le banc. C’est sans parler des Sabres, qui vont bien finir par avoir meilleure mine un jour.

Vous avez dit congestion ? C’est bien ça, le problème : le Canadien est pris dans une division de haut calibre, où tous les compétiteurs, ou presque, se sont déjà améliorés par rapport à la dernière saison. Le Canadien, lui, a essentiellement fait du surplace cet été.

Voici le portrait d’ensemble.

Les gardiens

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Keith Kinkaid

En avril, au moment d’analyser l’échec de 2018-2019, de nombreux coupables ont été évoqués : Jonathan Drouin, l’avantage numérique, Antti Niemi, et ainsi de suite. Pourtant, il y a un constat évident que bien peu d’observateurs ont osé faire : si Carey Price avait affiché sa forme des beaux jours lors des deux premiers mois, le Canadien aurait pris part aux séries. Price, ne l’oublions pas, a mis plusieurs semaines avant de retrouver ses repères, subissant entre autres 7 revers à ses 12 premiers matchs, et accordant 36 buts lors de cette période. Le Canadien a fait de lui le gardien le mieux payé de l’histoire pour une raison : parce qu’il est censé être, et de loin, le meilleur de la ligue, et celui qui peut faire une différence à lui seul. Pas à l’occasion, pas la moitié du temps, mais bien d’octobre à avril. C’est de la pression, oui, mais c’est une responsabilité qui vient avec cet énorme contrat. La bonne nouvelle, c’est que le nouveau réserviste, Keith Kinkaid, devrait être en mesure d’offrir de meilleures performances que Niemi l’an dernier, ce qui pourrait permettre au Canadien de ramener la charge de travail de Price à un chiffre plus raisonnable – quelque chose comme 60 matchs, par exemple.

Verdict : progression

Les défenseurs

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Shea Weber

Ici, c’est Shea Weber qui nourrit tous les espoirs. La saison dernière, le vétéran a commencé en retard en raison d’une blessure au pied gauche, ne disputant son premier match qu’à la fin de novembre. Cette fois, il sera là en partant, début octobre, en même temps que tout le monde. Est-ce que c’est immense ? Bien sûr. Weber est le capitaine, il est respecté, et sa seule présence contribue à rehausser les performances du reste du groupe. Mais qui va jouer à sa gauche ? Ça, c’est un problème. À 34 ans, Weber n’est plus le jeune homme fringant de jadis, et son jeu bénéficierait grandement de la présence d’un plus jeune à sa gauche, capable d’allier vitesse et précision en relance. Mais ce joueur-là n’existe pas actuellement dans la formation du CH – ni à Laval dans l’immédiat. Alors le Canadien devra se contenter d’espérer en insérant un plan B à cette position (Victor Mete ? Ben Chiarot ?), ce qui n’est certes pas idéal. Sinon, Chiarot devrait rapidement faire oublier le départ de Jordie Benn et devrait former un bon deuxième duo en compagnie de Jeff Petry, qui a encore quelques bonnes saisons devant lui. Malgré ces quelques doutes, les résultats à la ligne bleue ne devraient pas être source d’inquiétudes.

Verdict : progression

Les attaquants

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jesperi Kotkaniemi

L’an passé, le Canadien a fait un pas de géant au classement des buts marqués, passant du 29e au 14e rang avec une récolte de 246 buts, soit 37 buts de plus que lors de la saison précédente. Cela s’explique en partie par tous ces joueurs qui ont connu la saison de leur vie en même temps… dont Andrew Shaw, qui a depuis repris la direction de Chicago. On ne va certes pas prétendre ici que Shaw était un attaquant de premier plan, mais il faudra tout de même que quelqu’un puisse combler ses 19 buts et 28 aides en seulement 63 rencontres. Il faudra aussi que Jonathan Drouin poursuive sa progression, que Jesperi Kotkaniemi évite la traditionnelle guigne de la deuxième année, que Max Domi récolte une autre saison de plus de 70 points et que Tomas Tatar nous surprenne une fois de plus avec une saison de 25 buts ou mieux… Mais posons la question un instant : est-ce que tous ces joueurs qui ont joué « au-dessus de leur tête », comme on le dit dans le milieu, pourront refaire le coup d’une année magique cette fois-ci ? Difficile de croire que oui. Ne dit-on pas que tout ce qui monte doit redescendre ? Sans compter que les Domi, Kotkaniemi et Tatar ne prendront plus personne par surprise cette fois-ci.

Verdict : régression

Les unités spéciales

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Shea Weber

Comme la Bourse, le jeu du Canadien en avantage numérique fluctue au gré des saisons. Il y a deux ans, ce fut très bon (taux de réussite de 21,2 %, au 13e rang de la LNH), mais la saison dernière, ce fut beaucoup moins bon, avec un affreux taux de réussite de 13,2 % dans ces circonstances – et pour vous donner une idée, seuls les Predators de Nashville ont fait pire dans toute la ligue (le Canadien a mieux paru en désavantage numérique, avec une unité qui s’est classée au 13e rang du circuit, à 80,9 %). Déjà, la direction du Canadien est passée en mode solutions, et on parle de placer Shea Weber et son tir redoutable à la hauteur du cercle des mises en jeu, ce qui pourrait donner des résultats intéressants. On peut par contre deviner que les adversaires vont surveiller de très près le bâton de Weber dans ces situations, et cela nous rappelle que cet été, le Canadien a été incapable de dénicher un attaquant de puissance capable d’aller se planter devant le gardien pour améliorer le jeu du club à cinq contre quatre. Devant cette réalité, il est un peu difficile de prévoir une amélioration du Canadien dans cet aspect du jeu.

Verdict : régression

Les entraîneurs

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Claude Julien

C’est parmi ce groupe que les changements les plus significatifs ont été apportés il y a un an, avec les départs des Daniel Lacroix, Sylvain Lefebvre et Jean-Jacques Daigneault, tous remplacés par une nouvelle bande comprenant plusieurs nouveaux noms, dont Joël Bouchard, Dominique Ducharme et Luke Richardson. Tout ce beau monde est de retour en 2019-2020, et si la patience est de mise, il faut tout de même se demander si Claude Julien, en haut du totem, survivrait à une autre exclusion des séries, lui qui est sous contrat jusqu’en 2021-2022. Julien s’est amené ici en février 2017 afin de replacer le club sur la bonne voie, mais jusqu’ici, sa récolte en séries n’a rien de renversant : deux victoires en trois ans, incluant une exclusion des séries au cours des deux dernières saisons. La LNH est une ligue de résultats comme toutes les autres, et on peut présumer que Claude Julien en est pleinement conscient… tout comme le propriétaire Geoff Molson. On peut se demander aussi si l’ajout d’un nouveau coach, un spécialiste de l’avantage numérique, par exemple, n’aurait pas été une embauche judicieuse.

Verdict : régression