Noah Juulsen n’était pas à l’entraînement du Canadien de Montréal ce matin. Encore les «maux de tête». Un mal invisible devenu encore plus préoccupant en raison de l’historique médical de Juulsen.

Le défenseur de 22 ans n’a pas joué depuis le 27 décembre dernier en raison d'un problème de vision périphérique; le dommage collatéral d’une rondelle reçue au visage le 19 novembre 2018 et qui a fini par le contraindre au repos forcé.

Juulsen avait pourtant repris l’entraînement dans les dernières semaines du calendrier du Rocket de Laval. Les inquiétudes semblaient derrière lui. Il était même sur la glace pour la première séance de la saison vendredi, un châtiment de presque deux heures. Mais le lendemain matin, il n’était plus là. Maux de tête…

Le Canadien a expliqué que le défenseur solliciterait une deuxième opinion médicale. Une décision prise de concert entre le joueur, l’équipe et l’agent. À savoir maintenant si sa carrière pourrait être compromise, voici ce que Claude Julien avait à dire.

«Non. C’est par précaution. On l’appuie à 100%, on connaît l’histoire derrière sa blessure de l’an passé. Ce n’est pas une commotion. C’est important pour lui et sa famille d’avoir une deuxième opinion. […] On est tous dans le même bateau. Sa santé est la plus chose la plus importante. Il va chercher une deuxième expertise pour valider le diagnostic qu’il a reçu ici et lui offrir la paix d’esprit. »

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Noah Juulsen

La cruelle réalité dans le monde du sport est que le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Si Juulsen devait être exclu de la lutte pour le poste de défenseur à droite sur la troisième paire, trois prétendants se démarquent. Il y a les vétérans Mike Reilly et Christian Folin, ainsi que le petit nouveau Cale Fleury.

Les candidatures

«C’est dommage qu’il soit blessé. Tu ne veux pas voir ça. Mais si je peux en prendre avantage, je vais essayer.»

Fleury ne souhaite évidemment pas de malheur à son coéquipier. C’est surtout qu’il a marqué des points depuis le début du camp. Il le sait. Il s’est distingué lors du match présaison contre les Devils du New Jersey par son calme avec la rondelle. Il était toujours au bon endroit au bon moment.

De négligé, il s’est immiscé dans les discussions. Tant qu’à être rendu là, pourquoi ne pas rêver un peu?

«Je dois m’y rendre d’abord, dit-il, réaliste. Je veux m’y rendre, mais je ne veux surtout pas faire la navette sans arrêt entre le LNH et la Ligue américaine. Je veux m’assurer que si je me rends à la LNH, je vais laisser une assez belle impression pour y rester.»

Qu’il fasse le grand saut ou non, Fleury s’est mis sur la carte. Pour l’instant plus que Josh Brook, qui traverse un camp sans éclat. À la décharge de Brook, ils ont été seulement sept défenseurs de 20 ans ou moins à atteindre les 40 matchs l’an dernier : Rasmus Dahlin, Miro Heiskanen, Mikhail Sergachev, Victor Mete, Samuel Girard, Jakob Chychrun et Dennis Cholowski. C’est un exploit rarissime avec si peu de poils au menton.

Fleury doit beaucoup à son passage avec le Rocket, sous la supervision ferme, mais honnête de Joël Bouchard. C’est là qu’il a appris à être un professionnel, un vrai, avec tout ce qui vient avec.

«Joël Bouchard voulait que je sois un pro sur la glace et hors de la glace, chaque jour. De faire les efforts, avec les bonnes habitudes. Il était toujours sur mon dos, mais il m’a beaucoup aidé. […] Je dois gérer mes temps libres et ne pas rester assis toute la journée. Le plus grand changement a été de me lever tôt et d’aller m’entraîner en gymnase avant de sauter sur la glace. Après, tu es trop fatigué. Tu ne vas pas en soutirer autant de bienfaits.»

Il y a ensuite Christian Folin, que le Canadien connaît et qui, à l’évidence, a l’appui de la direction. La saison était terminée depuis 11 jours qu’il signait déjà son contrat à un volet. C’est spectaculairement rapide pour un tel joueur. Folin n’est pas le plus grand passeur, mais son gabarit (6 pieds 3 pouces pour 205 livres) commande le respect. S’il gagne le poste, ce sera surtout pour sa capacité réelle à dégager le devant du filet.

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Christian Folin

Enfin, il y a Mike Reilly. Le défenseur a joué avec régularité, avant de quitter les faveurs de Claude Julien après l’arrivée de Folin à la date limite des transactions. Pourtant, Marc Bergevin a choisi de lui offrir une autre chance avec un généreux contrat de 2 ans et 3 millions. Julien l’a décrit comme un défenseur «sur la fine ligne» de la formation : «Ce n’est pas un des top, mais il n’est certainement pas dans le bas de la formation côté talent.» L’entraîneur lui reprochait surtout sa constance, ce qui a poussé Reilly à un examen de conscience.

«Ce que je retiens de l’an dernier, c’est qu’après les premiers 10, 15 matchs, j’ai été au-dessus de mes affaires, a jugé Reilly. J’étais trop confortable. Chaque jour est une audition. […] Après un match, tu ne peux pas penser que tu as bien joué parce que personne ne t’a rien dit. Si l’entraîneur ne dit rien, ça ne veut pas dire que tout s’est bien passé. Je dois repenser à chaque match, ce que j’ai fait de bien et de mauvais. Tu dois cibler les mauvaises habitudes et les changer. Je dois être plus dur envers moi-même.»

Reilly, gaucher naturel, s’est aussi exercé à la droite cet été, sachant fort bien où se trouvait son profit. Il y a déjà joué à l’université ou dans les ligues mineures et il a fait savoir à l’entraîneur des défenseurs Luke Richardson «qu’il n’était pas du tout contre l’idée de jouer de ce côté.»

Folin, Reilly, Fleury, à la fois coéquipiers et rivaux demain soir contre les Panthers de la Floride. C’est aussi ça le camp.