Il est encore tôt, le camp d’entraînement du Canadien de Montréal n’est même pas vieux d’un match pré-saison.

Pourtant, la panoplie de jeunes joueurs qui frappent aux portes de la LNH fait croire à un avenir radieux. Jesperi Kotkaniemi a déjoué les pronostics l’an dernier pour se frayer un chemin jusque dans la formation régulière. Cette fois, les Ryan Poehling et Nick Suzuki tenteront de faire la même chose.

Et ils en auront la chance. Suzuki est un espoir de premier plan, décrit comme «la pièce maîtresse» dans la transaction de Max Pacioretty. Il revient de fabuleuses séries dans la Ligue de l’Ontario, avec le titre à la clé. Il a pris du coffre, il a travaillé son coup de patin avec des gourous de la discipline. Il est un prolifique marqueur, capable de jouer à l’aile droite, justement là où il y a un poste disponible sur le deuxième trio.

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Nick Suzuki

Ryan Poehling, lui, a laissé une fabuleuse carte de visite avec son tour du chapeau et un but en tirs de barrage à sa seule présence dans la LNH. Il n’en fallait pas plus pour l’inclure dans la discussion pour un poste régulier au centre dès l’an prochain. Surtout que le Canadien ne regorge pas nécessairement d’intouchables en fond de formation.

«On a beaucoup de joueurs qui peuvent jouer dans la LNH, a admis Claude Julien ce matin au tournoi de golf annuel du Canadien. On va devoir prendre des décisions difficiles en cours de route.

«Si ces joueurs méritent d’être là, on va leur faire de la place. Si on pense qu’il peuvent profiter du temps dans la Ligue américaine, on aura des discussions là-dessus. Je n’ai jamais vu un joueur régresser parce qu’il est allé dans la Ligue américaine. Souvent, ça lui a porté fruit. Mais si un joueur est prêt pour la LNH, il faut lui donner de la place.»

Bergevin a été tout aussi catégorique : il laisse la porte ouverte à un influx massif de jeunesse.

Une crainte?

Reste qu’il pourrait y avoir une certaine crainte à inclure dans le groupe, d’un seul coup, tellement de joueurs si jeunes. Kotkaniemi a 19 ans. Suzuki et Poehling sont à peine plus vieux, à 20 ans. Chez ceux déjà là, Victor Mete a 21 ans, Noah Juulsen a 22 ans, Jonathan Drouin, Artturi Lehkonen et Max Domi ont 24 ans. C’est jeune. Brendan Gallagher a presque des allures d’octogénaire avec ses 27 ans.

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Brendan Gallagher

Mais Bergevin ne voit pas ça comme un problème. Pas du tout, même. Il faut dire que les Shea Weber, Carey Price et autres Paul Byron et Phillip Danault ont contribué à créer un vestiaire en apparence sain. D’autres comme Nate Thompson, avec leur vécu, auront aussi pour rôle d’inclure et d’encadrer les plus jeunes.

«Je dois être prêt à tout, je peux jouer n’importe où dans la formation, avec n’importe qui, à n’importe quelle position, a dit Byron. Ça ne changera pas. Plus tu deviens vieux, plus tu peux aider les plus jeunes. C’est ce que j’essaierai de faire.»

Et ces plus jeunes, d’ailleurs, ont déjà commencé à travailler à leur chimie pour les prochaines années. On a vu Kotkaniemi prendre sous son aile les nouveaux pour une journée d’activités. Le capitaine du Rocket de Laval Xavier Ouellet a aussi invité à souper les Poehling et Josh Brook, eux-mêmes anciens colocataires. Tout ça est de bon augure.

Claude Julien ne voit lui non plus aucun inconvénient à faire de la place à tous ces jeunes d’un seul coup.

«Je me suis rendu en finale avec sept recrues dans le junior. Je sais que l’expérience est importante, mais si un jeune fait le travail... Tu vois les jeunes qui ont connu de bonnes saisons (à travers la LNH), qui ont eu un impact dans leur équipe, donc pourquoi pas? S’ils le méritent, on doit faire de la place. La décision ne se prend pas aujourd’hui, mais je n’ai aucun problème avec ça. Pourvu que l’on croie que l’on puisse s’améliorer avec ces joueurs-là, je serai 100% derrière la décision de les garder.»

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Claude Julien

Cela dit, il n’y a pas si longtemps, Marc Bergevin avait répété sur toutes les tribunes qu’il était hors de question qu’il sacrifie le futur de l’équipe pour des gains immédiats. Le contexte était différent: le Canadien était dans une reconstruction qu’il ne fallait pas appeler reconstruction. Cette fois, il y a peut-être un peu plus d’urgence de résultats, pour éviter une troisième exclusion des séries de suite. La porte s’ouvre.

Geoff Molson a donné le ton dans sa réponse : «Marc le sait, s’il a des opportunités pour améliorer l’équipe, il les prendra. Le plus important est de s’améliorer.»

Bergevin a emboîté le pas. «On verra le futur que ça va coûter. Si ça vaut la peine, je vais le faire, sinon on ne le fera pas. L’histoire nous dit que ces joueurs (disponibles à la date limite des transactions) ne font pas une grande différence pour gagner une Coupe Stanley. Donner une pièce importante du futur juste pour entrer et faire une ronde, je ne suis pas sûr que je suis prêt à le faire. Mais tout peut changer, on verra d’ici à cette date-là.»