C’est aujourd’hui à Brossard que le camp des espoirs du Canadien va démarrer. Au cours des prochains jours, il y aura un inévitable classement des meilleurs, un classement de ceux qui sont un peu moins meilleurs, et puis aussi, une avalanche de prévisions qui vont se révéler exactes… ou peut-être pas. Il est toujours un peu hasardeux de tirer de grandes conclusions lors d’un tel camp, et les trois exemples suivants servent à nous le rappeler avec éloquence.

Guillaume Latendresse (2005)

Dans l’histoire récente du club, il n’y a peut-être aucun autre nom qui aura réussi à provoquer autant de manifestations de joie prématurées et excessives que celui-ci en septembre. Deuxième joueur à avoir été repêché par le Canadien après Carey Price en 2005 (le 45e au total), Latendresse s’est amené à Montréal avec le profil du « gros attaquant » qui fait depuis longtemps saliver les partisans du club… et les patrons.

Le jeune homme s’est rapidement fait remarquer, si bien qu’à ses premiers coups de patin au Centre Bell, lors du calendrier préparatoire de septembre 2005, il avait provoqué des « Gui ! Gui ! Gui ! » aux quatre coins de l’aréna, une réaction qui avait contribué à gonfler encore plus les attentes au terme de sa soirée de deux buts et une aide.

Mais cette belle folie n’a pas duré, et pour finir, Latendresse a été échangé au Wild du Minnesota lors de la saison 2009-2010, après trois saisons de 16, 16 et 14 buts dans le maillot montréalais. Sans trop faire de bruit, il est allé conclure sa carrière en Suisse, miné par des problèmes de santé, admettant plus tard qu’il avait subi six commotions cérébrales lors des trois dernières saisons de sa vie de hockeyeur.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Jiri Sekac

Jiri Sekac (2014)

Une force de la nature, rien de moins. C’est, en tout cas, ce qu’il était permis de croire en voyant ce spécimen de la République tchèque débarquer à Brossard en septembre 2014. Avant tout, il convient de se rappeler que Sekac est arrivé ici poussé par une rumeur favorable, au point que son agent Allan Walsh avait estimé à une dizaine le nombre de clubs qui l’avaient courtisé lors de l’été.

Avant même que les premiers coups de patin ne se fassent entendre sur la glace, Sekac s’était mis à impressionner tout le monde (y compris ses coéquipiers et la direction !) en performant tel un surhomme lors des nombreuses épreuves de conditionnement physique présentées avant le début du camp. En le voyant aller, ça semblait plus évident que jamais : le Canadien venait, enfin, de dénicher cet attaquant dominant tant désiré depuis très longtemps.

Mais tel le refrain d’un mauvais succès estival, le phénomène Sekac n’aura duré que l’espace de quelques semaines, et avant la fin de la saison, le Canadien en avait vu assez, choisissant de l’échanger aux Ducks d’Anaheim, qui l’ont ensuite envoyé chez les Blackhawks de Chicago, avec qui il ne disputera que six matchs. Sekac passera ensuite rapidement en Arizona (11 matchs) avant de se pousser dans la KHL, où il évolue encore à ce jour. De toute évidence, Sekac était un peu meilleur dans le gym que sur la glace.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Jesperi Kotkaniemi

Jesperi Kotkaniemi (2018)

Il y a les jeunes joueurs qui impressionnent d’emblée, et puis à l’inverse, il y a aussi ceux que l’on décrit comme des déceptions après environ cinq minutes de jeu en calendrier préparatoire. Ç’a été le cas de Kotkaniemi, troisième choix au total du repêchage de 2018.

Mal entouré à son arrivée au camp des recrues, peut-être aussi un peu désorienté sur la petite glace de taille nord-américaine, le jeune Finlandais avait l’air d’un peu n’importe quoi, mais assurément pas d’un joueur prêt à faire le saut dans la LNH à peine quelques semaines plus tard.

Et pourtant, la suite a été bien différente : Kotkaniemi est resté, il a connu des hauts et des bas (surtout quand la fatigue de la fin de saison s’est bien installée), mais il a tout de même pu récolter un total de 34 points en 79 rencontres. Non, il n’a pas été le flop que l’on croyait avoir détecté avec les autres recrues.