Une capture d’écran fait beaucoup jaser les fans du Canadien depuis quelques jours. 

Elle contient une liste manuscrite (plutôt difficilement déchiffrable) de quinze candidats au repêchage, en juin. Cole Caufield y figure au dixième rang, mais un joueur repêché après lui, Peyton Krebs, vient au sixième rang. 

Cette capture d’écran a été tirée d’une vidéo diffusée par le Canadien pour montrer au public les coulisses du repêchage. Plusieurs ont vite conclu que l’équipe de recruteurs avait fait entorse à sa liste pour préférer Caufield à Krebs au dernier instant même si les deux étaient encore disponibles. 

L’organisation a tourné ces rumeurs en dérision en publiant sur Twitter une image semblable à cette fameuse liste. Les caractères s’éclaircissent et on peut y lire: 

1. Non 

2. La liste 

3. De repêchage 

4. Des Canadiens

5. N’était pas

6. Écrite à

7. La main

8. Nope the

9. Montreal

10. Canadiens

11. Did not

12. Do their

13. Draft list

14. By hand

15. LOL

Quand on regarde la vidéo avec attention, on voit Trevor Timmins consulter une liste dans un cahier conçu pour l’occasion. Ses voisins, Marc Bergevin et Shane Churla, dépisteur-chef chez le Canadien, en possèdent aussi un. Le Canadien, comme toute organisation qui se respecte, n’a certainement pas griffonné sa liste officielle sur un bout de papier. 

Par contre, on remarque devant le DG Marc Bergevin une feuille semblable au cliché, avec des noms écrits à la main. La majorité des noms ont été surlignés en jaune, sauf celui de Caufield. 

Parmi les scénarios les plus envisageables, il pourrait s’agir d’un repêchage simulé, de façon à savoir quels joueurs seront disponibles au 15e rang. Plusieurs équipes procèdent de cette façon. 

On remarque par ailleurs que le nom de Krebs a été surligné en jaune même s’il était toujours disponible au 15e rang. Les recruteurs et les DG peuvent surligner ou rayer le nom de joueurs qu’ils ne souhaitent pas repêcher de toute façon. 

PHOTO JONATHAN HAYWARD, LA PRESSE CANADIENNE

Peyton Krebs

Krebs est un beau talent, certains le voyaient même dans le top 5, mais il s’est déchiré le tendon d’Achille à l’entraînement 17 jours avant le repêchage. Selon certaines informations, le Canadien, entre autres, aurait été refroidi par cette blessure; 90% du tendon du jeune homme aurait été déchiré. Il pourrait rater une portion de la prochaine saison. Ça renforcerait la théorie du repêchage simulé. 

Toute cette histoire fait beaucoup jaser, mais elle ne comporte pas d’informations explosives. Avant le 12e choix, Bergevin s’adresse à Timmins.

- Il nous reste trois joueurs (encore disponibles). 

- On a besoin d’aide, répond Timmins. Dale (Tallon) doit prendre le gardien.

Bergevin pose ensuite la question à son bras droit. 

- Caufield? 

- Oui, répond Timmins. 

Krebs est pourtant encore disponible. 

Quand les Panthers et Tallon repêchent le gardien Spencer Knight, Bergevin décide de refuser les offres d’autres clubs pour reculer de quelques rangs moyennant un choix de deuxième ou troisième ronde.

- On repêche, lance-t-il. 

À ce stade, une seule équipe repêche devant le Canadien, les Flyers de Philadelphie. Timmins et son équipe jugent donc que deux espoirs sont encore incontournables et que le risque de les perdre en reculant de quelques rangs est trop élevé.

Les Flyers optent pour le défenseur Cam York. Avant de se lever de table et se diriger vers l’estrade, Timmins se tourne vers Churla. 

- Qu’est ce que tu veux faire? Je dis Caufield. 

- On doit améliorer notre jeu en supériorité numérique, répond Churla. On a besoin de Caufield. 

Timmins se penche à nouveau vers Bergevin.

- Caufield. C’est correct? 

- Oui. On ne peut se tromper. 

On voit ensuite Timmins, avec un large sourire, énumérer les qualités de Caufield à Claude Julien. 

Le Canadien a repêché le joueur qu’il convoitait, sans l’ombre d’un doute, et n’a probablement jamais fait accroc à sa liste officielle.

Caufield n’est pas très grand à 5 pieds 7 pouces, mais il a marqué 101 buts la saison dernière avec le programme de développement américain, un record absolu. 

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Cole Caufield

Il a reçu de nouveaux éloges hier, cette fois de la part de son entraîneur des Badgers de Wisconsin, dans la NCAA, au sein desquels il jouera vraisemblablement à l’aile du premier trio.

«Quand il reçoit la rondelle près du but adverse, elle se retrouve généralement dans le filet, a confié Tony Granato, ancien entraîneur-chef de l’Avalanche du Colorado et longtemps assistant chez les Penguins de Pittsburgh, au site canadiens.com. Au plan de la compréhension du jeu, il pourrait déjà jouer dans la LNH. Mais il devra se préparer aux rigueurs d’un calendrier de 82 matchs. Il ne pourra placer la rondelle en fond de territoire et se battre nez à nez avec les défenseurs pendant 82 matchs, 20 minutes par match. Il sera prêt au plan des habiletés, mais il doit encore gagner en maturité physiquement. Ça sera son défi le plus important.»

Caufield disputera ses premières rencontres préparatoires avec les Badgers ce week-end à Vancouver. Il faudra attendre au moins un an avant de le voir dans l’entourage du Canadien. Il sera sans doute prêt pour la saison 2020-2021.