Les Blue Jackets de Columbus ont connu un été aussi triste qu’on le prévoyait. Celui des grands départs des piliers Sergei Bobrovsky, Artemi Panarin et Matt Duchene, qui laissent un trou béant dans la formation. Seul Gustav Nyquist, embauché à grands frais, est venu les remplacer.

Les Blue Jackets ont vidé leur banque de choix au repêchage en abordant avec beaucoup de vigueur la date limite des transactions. Un premier choix en 2019 pour Duchene, un deuxième choix en 2020 et 2021 pour Ryan Dzingel. Le bénéfice a été inattendu, un parcours jusqu’au deuxième tour des séries, mais néanmoins éphémère.

Bobrovsky avait apparemment annoncé ses intentions avant même le début de la saison. Son sort était scellé. Il a finalement fait sauter la banque avec les Panthers de la Floride au 1er juillet. Les Jackets ont déroulé le tapis rouge pour garder Panarin, qui aurait apparemment refusé un pacte de huit ans et 96 millions. Il a accepté presque autant d’argent annuellement avec les Rangers de New York. Duchene, lui, n’a jamais vraiment prêté l’oreille aux Jackets et s’est entendu avec les Predators au 1er juillet.

Bref, tout le monde est parti.

« Tout le monde s’attendait à ce qu’ils partent, assure pourtant le défenseur des Blue Jackets David Savard. C’était leur droit d’aller voir ce qu’il y a ailleurs. Ça fait partie de la business. N’importe quel joueur dans leur situation aurait peut-être fait la même chose.

C’est plate pour notre organisation, mais on n’est pas dans le trouble. Plusieurs jeunes ont bien joué dans les dernières années et ce sera à eux de prendre le pas supplémentaire.

David Savard

Savard parle de Pierre-Luc Dubois, dont les Blue Jackets deviennent un peu « son » équipe, malgré ses 21 ans. Il y a Oliver Bjorkstrand, promis à de belles choses lui aussi. Il y a Alexandre Texier, pourquoi pas, intrigant espoir du hockey français. Savard mentionne aussi Boone Jenner, ancien marqueur de 30 buts, qui pourrait recommencer à jouer un plus grand rôle.

« Il y a des gars qui ont perdu du temps de glace quand tous les nouveaux sont arrivés. Avant la date limite des transactions, on était quand même capables de gagner des matchs. Bobrovsky et Panarin étaient de gros morceaux. En même temps, ça devient un entêtement. Quand un attaquant joue 23 minutes, plusieurs autres ont moins de temps de glace. Ce sera une philosophie différente. On devra être plus équilibrés. C’était notre premier trio qui tirait l’autobus. Tout le monde doit contribuer désormais. »

N’empêche, il faudra que les planètes s’alignent parfaitement pour faire oublier autant de départs importants.

Question de gardiens

Revenons un instant sur Bobrovsky, certainement l’un des meilleurs de sa profession. « Bob », comme on le surnomme, c’est deux trophées Vézina avec les Blue Jackets, c’est 115 victoires à ses trois dernières saisons. C’est la principale raison pour laquelle les Panthers seront à prendre au sérieux l’an prochain.

Bobrovsky a placé un peu tout le monde dans une situation tendue en laissant longtemps planer l’incertitude au sujet de son avenir avec les Blue Jackets. Il s’est donc trouvé sans cesse mêlé à des rumeurs de transactions et autres distractions. Comme cette « suspension » imposée par l’équipe en janvier pour ce qui a été présenté comme une saute d’humeur.

Le gardien a tout de même trouvé le moyen d’amener les Blue Jackets en séries, puis de battre en quatre matchs la meilleure équipe de la LNH, le Lightning de Tampa Bay.

« On avait mis tout ça au clair en début d’année [avec Bobrovsky et Panarin], a dit Savard. On s’était parlé, puisqu’on ne savait pas vraiment ce qui se passerait dans le futur pour eux. Dans le fond, on a décidé d’y aller au jour le jour. Ils l’ont dit eux-mêmes : tant qu’ils feraient partie de notre équipe, ils allaient travailler aussi fort que possible et être professionnels. Ils l’ont démontré tout au long de l’année. »

Il y avait aussi des moments plus difficiles, avec toutes les rumeurs. Ce sont des humains, ce n’est pas facile quand ton nom circule partout. Mais ils ont très bien réagi à tout ça. Ils ont toujours fait partie de notre groupe et ça ne nous a jamais divisés. On les a appréciés jusqu’à la fin.

David Savard

Ce sera désormais au tour de Joonas Korpisalo de défendre le filet des Blue Jackets. Il ne s’est pas si mal débrouillé comme adjoint de Bobrovsky (fiche de 41-31-9, moyenne de 2,89 et efficacité de ,907 dans la LNH), mais il aura d’énormes jambières à enfiler. Savard a quand même défendu son bilan, précisant qu’il héritait souvent des matchs plus difficiles à gagner.

Parlant de gardiens, Savard a aussi eu l’occasion de côtoyer Keith Kinkaid, acquis comme police d’assurance par les Blue Jackets à la date limite des transactions. Kinkaid, on le sait, sera l’adjoint de Carey Price chez le Canadien la saison prochaine. Quelle impression le coloré gardien a-t-il laissée au défenseur québécois ?

« Il a été un super bon Jack. C’était un peu plate pour lui d’arriver comme troisième gardien. Ce sera un bon ajout pour Montréal. Il était très agréable à côtoyer et il amenait beaucoup de bonne humeur dans le vestiaire. C’est important d’avoir des gars comme ça. »