Matt Duchene aurait donc un sérieux intérêt pour le Canadien, comme il en a aussi un pour les Predators.

Il a visité Montréal et Nashville cette semaine et a refusé de nombreuses autres invitations.

Duchene a un lien sentimental avec le Canadien. Son grand-père et son père chérissaient le Tricolore et le garçon a grandi avec le même sentiment.

Nashville? Duchene a acheté une propriété dans cette ville en novembre. Par contre, il s’agit d’un investissement dans lequel il n’aurait pas l’intention de déménager.

Par contre, on le dit attaché à cette ville et il n’a pas rencontré les Predators par hasard. Ceux-ci viennent aussi de larguer neuf millions en salaire avec l’échange de P.K. Subban, signe qu’ils pourraient préparer un coup d’éclat sur le marché des joueurs autonomes.

S’il choisit Montréal, Duchene, 28 ans, ferait évidemment du Canadien une meilleure équipe. Il totalisait 58 points en 50 matchs à Ottawa avant d’être échangé à Columbus avant la date limite des échanges. Il a obtenu dix points en autant de matchs de séries avec les Blue Jackets. Ce troisième choix au total en 2009 compte désormais deux saisons de 70 points en carrière.

Son acquisition aurait néanmoins aussi des impacts négatifs dont il faut tenir compte. Compte tenu de la nature du marché des joueurs autonomes sans compensation, Duchene touchera le gros lot.

Les Sénateurs lui auraient offert 64 millions pour huit ans en janvier, selon Nick Kypreos, de Sportsnet. Depuis, Kevin Hayes a obtenu un salaire annuel de sept millions à Philadelphie, même s’il a obtenu seulement une fois 50 points ou plus en carrière. Jeff Skinner, lui, vient d’obtenir neuf millions par année à Buffalo. Il a marqué 40 buts cet hiver, mais il s’agissait pour lui d’une deuxième saison de plus de 30 buts au cours des cinq dernières années.

Duchene coûtera entre neuf et dix millions par saison, estiment de nombreux observateurs, parmi lesquels le très branché Pierre LeBrun. Il deviendrait évidemment l’attaquant le mieux payé du Canadien. Jonathan Drouin vient au premier rang à ce chapitre à l’heure actuelle avec un salaire moyen de 5,5 millions.

L’arrivée de Duchene contribuerait à bouleverser l’échelle salariale de l’équipe. Le contrat de ce centre ontarien rendrait ses coéquipiers plus gourmands, comme celui de John Tavares à Toronto a semé la pagaille chez les Leafs.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Max Domi

On songe d’abord à Max Domi, 72 points l’an dernier. Domi deviendra joueur autonome avec compensation l’an prochain. Son statut diffère de celui de Duchene, mais les joueurs autonomes avec compensation détiennent désormais un meilleur pouvoir de négociation (voyez Mitch Marner à Toronto) et Domi ne se contentera pas d’un contrat à rabais pour permettre au CH de mieux payer Duchene.

Domi touchera 3,1 millions cette saison. Brendan Gallagher, lui, doit renégocier son contrat dans deux ans. Il gagne 3,75 millions par année. En embauchant Duchene pour sept ans, on se retrouve dans une situation difficile assez rapidement. C’est sans compter l’émergence des jeunes Jesperi Kotkaniemi, Ryan Poehling et compagnie.

Soyons réalistes. Seulement cinq équipes de la LNH comptent deux salariés de neuf millions par année ou plus: Buffalo (Jack Eichel et Jeff Skinner), Toronto (Auston Matthews et John Tavares), Chicago (Jonathan Toews et Patrick Kane), Dallas (Jamie Benn et Tyler Seguin) et Los Angeles (Drew Doughty et Anze Kopitar). Aucun n’en compte trois.

Le Canadien en aurait désormais deux lui aussi, Carey Price et Duchene. Doit-on placer celui-ci dans la catégorie des joueurs mentionnés ci-haut (à l’exception peut-être de Skinner)? Duchene demeure un centre numéro un, mais est-il un centre numéro un dominant? Il a terminé au 38e rang au chapitre de la moyenne de points par match l’an dernier, après tout.

L’arrivée de Duchene ne règlerait pas en outre le vide du côté gauche en défense. Victor Mete, Brett Kulak et Mike Reilly sont toujours les trois candidats sous contrat garanti de la LNH de ce côté, en plus de Karl Alzner.

Il n’est pas question ici de cracher sur l’arrivée potentielle de Duchene. Il rendrait l’équipe plus compétitive, et surtout plus excitante. Mais son embauche a des implications plus complexes qu’on ne le croit.  

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