Le premier choix du Canadien, Cole Caufield, est un franc-tireur. Pour lui, marquer des buts semble aussi facile que de conduire un tricycle. Un jeu d’enfant.

D’ailleurs, savez-vous combien de buts il a inscrits depuis deux ans ? Pensez à un gros chiffre. Ajoutez-en 20. Il vous en manquera encore quelques-uns.

La réponse ? 126. En 123 matchs.

C’est vrai, ce n’était pas dans la LNH. Mais l’opposition était de calibre. Des équipes juniors, universitaires ou nationales. Et 126 buts en deux ans, quand bien même ce serait dans le novice C, ça reste une production remarquable. Pour vous donner une idée de l’exploit, seulement trois joueurs du Canadien en ont réussi autant en carrière dans la LNH.

Shea Weber, Tomas Tatar et Brendan Gallagher.

De ces 126 buts, Cole Caufield en a compté 72 cet hiver avec l’équipe nationale américaine. C’est énorme : 50 % de plus que le meilleur marqueur de la LHJMQ. On aurait pu s’attendre à ce que Caufield soit le premier joueur de sa formation repêché vendredi. Mais non. Il n’a pas été non plus le deuxième. Ni le troisième. Ni le quatrième. Ni le cinquième. Ni le sixième. Il a été le septième, au 15rang.

Comment se compare-t-il à ses coéquipiers ? Très bien. Il a trouvé le fond du filet deux fois plus souvent que tout autre joueur du programme de développement américain.

Et ça inclut les choix de premier tour Jack Hughes (34), Matthew Boldy (33), Alex Turcotte (27), Trevor Zegras (26) et John Beecher (15).

Pour compter aussi souvent, vous aurez compris que Cole Caufield aime décocher des tirs. Tout le temps. De tous les angles. Prenez son mois de janvier. Il a disputé sept parties. Chaque fois, il a terminé la rencontre avec au moins cinq tirs. À la fin de la saison, sa moyenne était de 4,4 tirs par match. Combien de joueurs de la LNH ont maintenu ce ratio en 2018-2019 ?

Un seul. Nathan MacKinnon, de l’Avalanche.

Certains soirs, Cole Caufield jouait en mode turbo. Contre les Gamblers de Green Bay, un club junior, il a tiré 10 fois – et a marqué 6 buts. Mais c’est aux Championnats du monde des moins de 18 ans qu’il a le plus impressionné. Des statistiques à faire exploser votre cerveau.

Dans un match préparatoire contre la Suisse, il a obtenu 4 buts. Puis il a marqué dans les six premiers matchs de la compétition :

• 3 buts contre la Suède

• 4 contre la Slovaquie

• 2 contre la Russie

• 2 contre la Lettonie

• 1 contre la Finlande

• 2 contre la Russie

Soit un total de 14 buts. Plus que la Biélorussie et la Lettonie. Un seul hockeyeur dans le tournoi a atteint la moitié de ses 14 buts : le premier choix du repêchage, Jack Hughes (9).

J’ai gardé le meilleur pour la fin (merci à TSN pour la passe sur la palette). Cole Caufield mesure 5 pi 7 po. Donc 67 pouces. Plus de buts en une saison (72) que de pouces en grandeur, c’est aussi rare que des urgences d’hôpital sans attente. Si mes calculs sont bons, amis lecteurs, un seul joueur de la LNH a réussi l’exploit depuis 1992. Qui était-ce ?

La réponse à la fin de cette chronique (*).

***

Au 15e rang, le Canadien aurait pu sélectionner un défenseur gaucher pour combler un besoin urgent. Il a préféré choisir le meilleur joueur disponible. Une bonne stratégie.

Repêcher un arrière n’aurait rien réglé cette saison. Ni la prochaine. Ni la suivante. C’est que les défenseurs mettent plus de temps que les attaquants à s’établir dans la LNH. Très peu deviennent titulaires dans les trois années suivant leur sélection.

DÉFENSEURS AVEC PLUS DE 60 MATCHS DANS LA LNH

Repêchage de 2018 : 1 (Dahlin)

Repêchage de 2017 : 1 (Heiskanen)

Repêchage de 2016 : 5 (Chychrun, Sergachev, Girard, Mete, McAvoy) 

À court terme, le Canadien trouvera sa solution ailleurs. Peut-être dès cette semaine, grâce à une transaction ou l’embauche d’un joueur autonome. À défaut d’avoir repêché le meilleur défenseur gaucher disponible, Marc Bergevin en a sélectionné plusieurs. Ses quatre choix suivant celui de Cole Caufield lui ont permis de regarnir sa banque d’espoirs du côté gauche de la défensive. 

Un mot à propos de Jayden Struble, repêché par le Canadien au deuxième tour. Un dépisteur qui l’a vu jouer plusieurs fois depuis trois ans m’a écrit hier qu’il s’agissait d’un « excellent choix » pour le Tricolore. Il le compare à… P.K. Subban !

« Avec ses bons côtés… et ses moins bons. »

C’est-à-dire ?

« Il est à risque élevé dans sa zone. Mais c’est beaucoup moins pire qu’à ses débuts avec St. Sebastian [école secondaire]. C’est un joueur avec de l’attitude sur la glace. »

Voilà un joueur qui devrait plaire aux partisans du Canadien.

Plusieurs d’entre eux étaient par ailleurs déçus hier que l’équipe ait préféré des défenseurs inconnus à des attaquants québécois. Un seul joueur d’ici, Rafaël Harvey-Pinard, se joindra au Tricolore.

C’est vrai que c’est peu. Surtout que le Canadien possédait 10 sélections. J’aurais aimé qu’avec son dernier choix, il offre une chance à Xavier Simoneau, Xavier Parent ou Jérémie Bucheler, plutôt qu’à un défenseur qui évoluait dans le midget AAA en Alberta.

Je sais, le Canadien est l’équipe de la LNH qui a repêché le plus de Québécois au cours de la dernière décennie. Sauf que seul Charles Hudon a atteint la LNH depuis 2010.

Un bilan trop faible.

Subban : mauvaises nouvelles pour le Canadien

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

P.K. Subban revient dans l’Association de l’Est, avec les Devils du New Jersey.

La bonne nouvelle : P.K. Subban ne portera pas l’uniforme des Maple Leafs. Ç’aurait été crève-cœur. La mauvaise : le flamboyant défenseur revient dans l’Association de l’Est, au New Jersey. Avec Subban et Hughes, sélectionné au premier rang, les Devils s’améliorent grandement. Assez pour devenir de sérieux rivaux du Canadien pour une place en séries.

D’autre part, les Predators se départent d’un contrat étouffant qui les empêchait de participer à la chasse aux joueurs autonomes. Ça aussi, c’est une mauvaise nouvelle pour le Tricolore. Car Nashville a maintenant la marge nécessaire pour déposer une offre à un joueur qui rendrait de gros services au Canadien, Matt Duchene.

(*) Réponse : Brett Hull, en 1992 (70 buts, 70 pouces)

(Après la publication initiale, un lecteur m’a souligné que Teemu Selanne et Alex Mogilny l’ont aussi fait en 1993)