(Vancouver) Julien BriseBois a été promu au rôle de directeur général du Lightning de Tampa Bay en septembre dernier. Ce soir, il vivra donc son premier repêchage en tant que DG, lui qui occupait le rôle d’adjoint à Steve Yzerman depuis 2010. Le Québécois a trouvé un trou de 15 minutes dans sa journée chargée, hier, pour s’entretenir avec La Presse dans un hôtel du centre-ville.

Comment te sens-tu à 24 heures de ton premier repêchage en tant que DG ?

Une partie de notre avenir se décide cette semaine. C’est excitant parce qu’on a la chance de rentrer des joueurs dans l’organisation et ça ne nous coûte rien, notre espace sous le plafond salarial ne change pas ! C’est le fun aussi parce que parfois, on a des réunions avec les dépisteurs amateurs, parfois avec les dépisteurs professionnels. C’est rare qu’on a la chance d’être tous ensemble dans la même pièce, d’échanger, de trouver des façons de s’améliorer. C’est super stimulant.

C’est toi qui vas annoncer votre choix au micro ?

Non, ce sera Al Murray, notre directeur du recrutement amateur. J’ai consulté d’autres directeurs généraux. Certains l’annoncent eux-mêmes, d’autres laissent quelqu’un d’autre le faire. C’est un honneur qui lui revient. Il travaille dans l’ombre 363 jours par année, et il y a deux jours où on a la chance de mettre en lumière sa contribution.

Un jour, aimerais-tu annoncer un choix ? C’est une rare occasion pour un DG d’avoir toute l’attention dans un aréna !

Peut-être, mais une grosse annonce pour un DG, c’est une grosse transaction, ou l’embauche d’un joueur convoité le 1er juillet. Ce sont des décisions où le DG est impliqué à 100 %. Pour notre sélection, c’est vraiment Al Murray et son équipe qui prennent la décision. C’est sûr que j’ai mon mot à dire, mais je me fie beaucoup à eux. Cette annonce, c’est peut-être plus un rêve pour ceux qui ont gravi les échelons comme dépisteurs. Mais ce n’est pas mon parcours. C’est peut-être pour ça que c’est moins significatif à mes yeux.

Bon point ! À quoi ont ressemblé les dernières semaines pour toi, comparativement à quand tu étais DG adjoint ?

Chaque printemps, notre casse-tête est différent. On devait faire des embauches, on travaille sur de nouveaux entraîneurs pour la Ligue américaine, sur de nouveaux dépisteurs. Des gens ont reçu des promotions. C’était des semaines très chargées quand j’étais adjoint et elles le sont encore. Mais la différence, c’est que si j’avais été adjoint, je n’aurais pas été à Vegas pour la réunion des gouverneurs et la remise des trophées. Mais là, je trouvais que c’était la chose à faire d’être là avec Jon Cooper, Andrei Vasilevskiy, Nikita Kucherov et Victor Hedman qui étaient en nomination. Je voulais être là pour souligner leur saison exceptionnelle.

Vasilevskiy, Kucherov et Hedman sont trois joueurs que vous avez repêchés. On est en plein dans le repêchage. Est-ce que ça t’a rappelé des souvenirs du recrutement de ces joueurs ?

C’est drôle, je pensais moins au passé, et plus au futur. C’est le fun, on a encore ces gars-là pour longtemps, ils sont dans la fleur de l’âge et ils ne font que commencer leurs meilleures saisons. L’avenir est rose pour l’organisation. On a un défenseur, un attaquant, un gardien. Hedman était déjà là quand je suis arrivé. Hier, on a parlé, lui et moi, de son année de repêchage, de l’attention qui vient avec un joueur qui peut être repêché dans le top 3. Kucherov et Vasilevskiy, j’étais là, je me souviens des discussions à ce moment-ci de l’année. On les avait ciblés, nos dépisteurs voyaient beaucoup de potentiel. Voir que ce potentiel s’est matérialisé, c’est valorisant pour l’organisation, mais surtout pour les dépisteurs.

Kucherov, Vasilevskiy… Est-ce que ça te fait sourire quand tu entends des gens parler de la méfiance à l’égard des joueurs russes au repêchage ?

Ça n’a pas fonctionné à tous les coups, mais on a eu de belles expériences avec nos joueurs russes. Le défi, c’est surtout : est-ce qu’on sera capables de les amener en Amérique du Nord ? C’est la crainte que le joueur ne vienne pas, ne soit pas capable de se libérer de son contrat, parce que la Russie ne fait pas partie de l’entente entre la LNH et la Fédération internationale de hockey sur glace. On a beaucoup moins de contrôle pour leur faire signer un contrat et on en tient toujours compte. Mais dans les cas de Kucherov et Vasilevskiy, on avait bon espoir et leur potentiel valait le risque.

Tu as été clair dans tes entrevues depuis la fin de la saison : même si ça s’est fini vite en séries, pas question de défaire votre équipe. Par contre, est-ce qu’une fin de saison comme celle-là peut influencer votre façon de repêcher, les qualités que vous recherchez ?

Nos dépisteurs m’ont posé la même question. On a un profil de joueur qui fonctionne, qui cadre avec notre style de jeu. On a connu du succès en repêchant ce type de joueur et on va continuer à le faire. Toutes les équipes de la LNH aimeraient faire des changements, parfois de gros changements, nous, de petits changements. Mais au moment où ces joueurs que l’on repêche vont arriver dans la LNH, nos besoins seront complètement différents. On doit donc continuer à faire nos sélections en tenant compte de notre philosophie et de notre culture d’organisation.

Après le repêchage, le contrat de Brayden Point est le prochain gros dossier ?

C’est mon gros dossier cet été. J’ai bon espoir qu’on va s’entendre. Brayden et son agent ont dit très clairement qu’ils ont l’intention de rester à Tampa. J’ai dit très clairement que je veux qu’il reste. Il fait partie du noyau autour duquel on espère bâtir une équipe championne.

On te souhaite que ça aille bien, on te souhaite qu’il ne reçoive pas d’offre hostile. On te laisse aller à ton rendez-vous, ça commence dans 12 minutes !