Le problème avec les rumeurs, c’est que souvent, elles ne sont que ça : des rumeurs.

Mesdames et messieurs, rencontrez donc Erik Karlsson. Le nom vous dit sans doute vaguement quelque chose, puisque ça doit bien faire deux semaines que l’on fait des suppositions à son sujet et aussi dans la joie par ici.

Eh bien, il se trouve que le sympathique défenseur suédois ne s’en va nulle part. En fait, il va rester exactement là où il a conclu sa saison, sous les palmiers de San Jose, et bien honnêtement, qui peut le lui reprocher ?

À 11 millions de dollars US par saison pour huit ans, et dans un climat favorable où il est possible d’aller au bureau en sandales, on aurait tous fait la même chose à sa place.

Mais ce qui vient de se passer dans le cas de Karlsson devrait nous servir de leçon. Encore une fois.

Vous voyez, ce n’est pas parce que quelqu’un, quelque part, parle d’un joueur qui serait « intéressé » par le Canadien que les partisans devraient soudainement se mettre à rêver.

De Brett Hull à Brendan Shanahan, de Vincent Lecavalier à Milan Lucic, ils ont tous été « intéressés » par le Canadien à un moment ou à un autre. Le dernier sur la liste, Karlsson, aurait été « intéressé » lui aussi principalement parce que madame avait, disait-on, le mal du pays.

Ottawa et Montréal, ce n’est pas si loin, et puisque le Canadien a besoin d’un défenseur comme Karlsson même s’il n’allait pas jouer du bon bord, tout le monde a sauté à la même conclusion beaucoup trop évidente.

Deux petits rappels juste ici.

En premier, des clubs qui attirent des joueurs vedettes pour une simple question de prestige, en 2019, ça n’existe presque plus. Pour chaque John Tavares qui décide de rentrer à la maison pour porter le maillot de l’équipe de son enfance, il y a des dizaines et des dizaines de joueurs qui vont plutôt opter pour la grosseur du chèque. Les carrières sont courtes, on comprend ça. Il se peut aussi que le climat y soit pour quelque chose, comme nous l’avons déjà établi, et ça aussi, on peut le comprendre.

L’autre léger détail, c’est que les équipes doivent penser aux dépenses. Est-ce que Marc Bergevin allait pouvoir se permettre un tel contrat dans le contexte financier de son équipe ? Il reste un peu plus de 11 millions de dollars à dépenser au Canadien sous le plafond salarial, selon nos amis de CapFriendly.

De cette somme, il faudra bientôt retrancher les quelques millions qui vont servir à retenir Joel Armia et Artturi Lehkonen, deux joueurs autonomes avec compensation. Il faut aussi déjà penser à Max Domi, qui écoulera en 2019-2020 la dernière année de son présent contrat, et qui va être en droit d’exiger pas mal plus que les 3,1 millions de dollars que le club va lui offrir cette saison.

Un joueur de centre

Les rachats, les échanges ? Oui, tout cela existe, mais c’est de la pensée magique que de croire que les mauvais contrats du club en bleu, blanc et rouge peuvent disparaître en un claquement de doigts.

La direction montréalaise doit aussi penser au besoin le plus pressant : dénicher un attaquant capable de coller des points au tableau, préférablement un joueur de centre.

C’est possible de le faire, et si jamais Bergevin a besoin de quelques bons conseils à ce sujet, il peut toujours passer un coup de fil à son collègue Doug Armstrong chez les Blues de St. Louis, qui a misé gros pour aller chercher ses deux premiers joueurs de centre.

Aux dernières nouvelles, cette stratégie avait assez bien tourné.

Alors le rêve Karlsson allait toujours n’être que ça : un rêve. Après tout, les 20 dernières années servent à nous rappeler que les joueurs « intéressés » par le Canadien ne le sont jamais vraiment.