La Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS) a fait des pas de géant ces dernières années, et voilà qu’elle s’apprête à en faire un de plus cette semaine.

Le Québécois Alexander Campbell, classé 43espoir nord-américain par la Centrale de recrutement de la Ligue nationale, sera vraisemblablement repêché samedi. Il deviendra ainsi un des très rares joueurs entièrement formés dans la LHPS à être réclamé par une équipe de la LNH.

La ligue est encore jeune, ayant commencé ses activités en 2010. Ses anciens membres qui goûtent à la LNH sont donc encore très rares. Mais des cas comme celui de Campbell pourraient devenir de plus en plus nombreux au fil des années.

« Les gens regardent la LHPS de haut, disent que ce n’est pas une ligue assez forte. Regardez où j’en suis, ça ne m’a pas nui du tout, ça m’a plutôt aidé, affirme Campbell, rencontré plus tôt en juin au camp d’évaluation de la LNH, à Buffalo. J’espère que la ligue va continuer à grossir et que les joueurs penseront davantage à jouer là. Ça a fonctionné pour moi. »

L’éducation, une priorité

Si le nom de Campbell ne vous est pas familier, c’est normal. Le jeune homme a passé les deux dernières saisons en marge du parcours habituel des Québécois vers le repêchage. En 2017-2018, il a joué au collège Stanstead, puis la saison dernière, il était à Victoria, dans la BCHL – une ligue junior A en Colombie-Britannique –, car il souhaite ensuite jouer dans les rangs universitaires américains. En raison des règlements, en jouant dans la LHJMQ, il aurait perdu son admissibilité à la NCAA.

Mes parents accordent beaucoup d’importance à l’éducation. J’aurais pu jouer dans la LHJMQ, mais ça n’aurait pas été idéal pour l’école.

Alexander Campbell

« Je penchais pour la NCAA, j’ai des amis qui y jouent et ils m’ont dit qu’ils y ont passé les meilleures années de leur vie. Donc j’ai très peu considéré la LHJMQ. »

Évidemment, une histoire comme celle de Campbell, surtout si elle aboutit dans la LNH, pourrait avoir un effet d’entraînement chez les futurs hockeyeurs qui ont des doutes sur le parcours habituel hockey civil-LHJMQ-hockey professionnel.

« Chaque cas est différent, a rappelé Trevor Timmins, responsable du recrutement chez le Canadien. La LHJMQ offre une belle occasion de jouer comme dans la LNH, avec un nombre de matchs élevé et du voyagement. S’ils veulent aller dans la NCAA, ils pourront s’inspirer d’Alexander. Mais la LHJMQ fournit aussi une bonne éducation. »

Mathieu Darche, qui devra quitter ses fonctions de président de la LHPS en raison de son embauche récente par le Lightning de Tampa Bay, se réjouit du parcours de Campbell et de ses possibles effets sur la ligue scolaire.

« Comme on est une ligue plus jeune, on n’aura jamais de joueurs repêchés directement dans la LNH, parce que tu ne te fais pas repêcher dans la LNH en secondaire 5, a rappelé Darche. Mais ça va appuyer le message de notre ligue. Et notre message, c’est que notre ligue ouvre plein de portes : les prep schools américaines, la NCAA, la Ligue nationale ou le midget AAA. »

Le cas Newhook

La BCHL n’a jamais été la voie par excellence pour accéder à la LNH. Le circuit n’a produit que huit choix de 1er tour dans son histoire, et seulement deux dans le top 15 : Kyle Turris (3e en 2007) et Tyson Jost (10e en 2016).

La ligue n’est peut-être pas suivie d’aussi près que les trois ligues juniors majeures canadiennes, mais cette année, la situation était différente. C’est que, toujours à Victoria, on trouve aussi Alex Newhook, un espoir attendu dans les 20 premiers choix.

PHOTO KYLE ROBINSON, FOURNIE PAR LES GRIZZLIES DE VICTORIA

Alex Newhook est un espoir attendu dans les 20 premiers choix au repêchage de la LNH.

Né à Terre-Neuve, Newhook s’est littéralement exilé d’un océan à l’autre pour jouer au hockey tout en demeurant admissible à la NCAA. Les recruteurs qui se déplaçaient pour observer Newhook ont donc pu, en même temps, suivre la progression de Campbell et de Jérémie Bucheler, un défenseur québécois classé 114e chez les patineurs nord-américains.

« Ça m’a beaucoup aidé de jouer avec Alex, reconnaît Campbell. Il sera repêché très tôt. On a souvent joué au sein du même trio et j’ai beaucoup appris de lui. »

Newhook a disputé les deux dernières saisons à Victoria. Il est bien conscient de ce qu’il a sacrifié en visibilité en optant pour la BCHL ; il a d’ailleurs été retranché au camp d’Équipe Canada en vue de la Coupe Hlinka-Gretzky l’été dernier, et on peut se demander si son parcours n’a pas joué dans les perceptions à son sujet.

« Il y a cette vieille idée qui persiste selon laquelle, au hockey junior majeur canadien, tu as plus d’attention et tes succès sont plus valorisés, car le calibre y est plus relevé, explique Newhook, lui aussi rencontré à Buffalo. Mais peu importe où tu joues, si tu es assez bon, les dépisteurs vont te trouver. Par contre, c’est vrai que le calibre de la BCHL est plus faible, donc tu dois vraiment être supérieur pour être considéré parmi les meilleurs joueurs de ton année de repêchage. »

Cela dit, les fois où les recruteurs ont parié sur des joueurs de la BCHL au premier tour, ils ne l’ont généralement pas regretté. Voici les huit choix de premier tour de l’histoire de la ligue : 

Travis Zajac Kyle Turris Riley Nash Tyson Jost Dante Fabbro Dennis Cholowski Beau Bennett Kris Chucko

Zajac, Turris et Nash sont bien établis dans la LNH. Fabbro, Jost et Cholowski sont en train de le faire ; il est encore trop tôt pour prédire qu’ils connaîtront une longue carrière, mais le potentiel est là. Bennett a eu sa chance, mais il a notamment été ralenti par les blessures. Chucko, lui, n’a joué que deux matchs dans le circuit Bettman.

Notons que le Tricolore a repêché deux joueurs de la BCHL : Mark MacMillan (113e en 2010) et Ryan O’Byrne (79e en 2003). Le premier n’a jamais percé, mais le deuxième, bien qu’il ait fait l’objet de railleries, a tout de même disputé 308 matchs dans la LNH, ce qui est plus que bien des joueurs réclamés à ce rang.

Les parcours de Newhook et de Campbell seront intéressants à suivre. La LHPS comme la BCHL ont beaucoup à gagner avec ces deux joueurs.