Quelques heures avant le dernier Bye bye, pendant que vous prépariez le plateau de crudités pour le réveillon, les Bruins occupaient le neuvième rang dans l’Est. Hors des séries. Les Blues, eux, passaient le balai dans la cave de la ligue.

Aujourd’hui, les deux clubs sont finalistes. Une affiche improbable. Et un excellent prétexte pour une nouvelle livraison de « Votre cerveau va exploser ! ».

C’est quoi ?

Une rubrique récurrente consacrée aux statistiques les plus inutiles, incroyables et inexplicables d’un sport. Un exemple pour chauffer vos méninges. Dans les présentes séries, les Blues ont marqué  : 

– 16 buts en première période ;

– 16 buts en deuxième période ;

– 24 buts en troisième période ;

– 1 but en prolongation.

Rien pour réveiller votre douce moitié ce matin. Sauf si vous comparez ces chiffres avec ceux des Bruins pendant la même période : 

– 16 buts en première période ;

– 16 buts en deuxième période ;

– 24 buts en troisième période ;

– 1 but en prolongation.

Kaboom !

Votre douce moitié est maintenant réveillée ? À l’écoute ? Enchaînons.

Les Blues ont rejoint la LNH à l’automne 1967. Un peu par hasard, d’ailleurs. La ville n’a jamais déposé de candidature pour obtenir une franchise. Ce sont les patrons des Blackhawks de Chicago – aussi propriétaires de l’aréna de St. Louis – qui ont insisté auprès de la Ligue.

Huit mois plus tard, les Blues atteignaient déjà la finale. Ils y retourneront la saison suivante. Et l’autre d’après. Une entrée réussie.

Ou pas.

La fiche des Blues dans ces trois finales ? Aucune victoire. Douze défaites. Un record de médiocrité, toutes ligues confondues.

Dans le demi-siècle suivant, les Blues ne sont jamais retournés en finale. Ça arrive. Mais c’était quand même hautement improbable, considérant ceci : entre 1980 et 2004, le club a participé 25 fois de suite aux séries. La troisième séquence parmi les plus longues de l’histoire de la LNH.

Après 52 ans, les Blues sont donc toujours en quête d’un premier gain en finale. Ce qui – vous l’aurez deviné – est aussi un record de la ligue.

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L’attaque des Blues est bien balancée. Dix-huit joueurs différents ont réussi un but ce printemps. Il faut remonter à 1995 pour trouver une équipe championne avec plus de marqueurs. Pour vous donner une idée du temps qui s’est écoulé depuis, l’attaquant Samuel Blais n’était pas né.

Parmi les buteurs des Blues, il y en a des plus improbables que d’autres.

– Patrick Maroon. L’ailier de 31 ans a permis aux Blues d’éliminer les Stars en inscrivant un but en deuxième période de prolongation du match ultime. Quelles étaient les chances que ça tombe sur lui ? En 509 parties dans la LNH, Maroon n’avait jamais marqué au-delà du temps réglementaire.

– Robert Bortuzzo. L’auteur du but gagnant lors du deuxième match contre les Sharks est reconnu pour ses mains de béton. Son dernier but en séries remontait à 2007. Il portait alors le chandail des Rangers… de Kitchener, dans la ligue junior de l’Ontario. Entre les deux buts, Bortuzzo a été blanchi en plus de 80 parties éliminatoires.

– Jay Bouwmeester. Je triche ici. Le vétéran défenseur est plutôt le seul régulier des Blues à ne pas avoir marqué. Il est dû. En 16 saisons dans la LNH, Bouwmeester n’a jamais trouvé le fond du filet en séries. Qui détient le record du plus grand nombre de saisons sans but en séries ? Indice : il est présentement avec le Canadien. La réponse à la fin de cette chronique.

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Vous cherchez un sujet pour votre thèse en mathématiques ?

La saison de Jaden Schwartz est un cas d’école. L’attaquant des Blues mène son équipe ce printemps avec 12 buts. Soit un de plus qu’en 69 matchs au cours de l’hiver.

Impressionnant.

Il doit sa performance exceptionnelle en séries à deux tours du chapeau. Un exploit inédit dans la LNH depuis 10 ans. Et dans l’histoire des Blues ? Ça n’était jamais arrivé.

Ça, c’était l’en-cas. La pièce de résistance ? Son différentiel +/-. Depuis le Nouvel An, saison et séries comprises, les Blues dominent leurs adversaires. Ils ont marqué 53 buts de plus qu’ils n’en ont accordé. Un écart cyclopéen. Évidemment, tous les joueurs utilisés dans la demi-finale présentaient un différentiel positif depuis le 1er janvier.

Tous – sauf un. 

Le meilleur marqueur de l’équipe en séries.

Jaden Schwartz.

Dont le différentiel est exactement de zéro.

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J’ai choisi les Blues pour l’emporter en sept matchs. Je suis seul avec mes convictions ; tous mes collègues ont misé sur les Bruins.

Je fais confiance au gardien recrue Jordan Binnington. Son parcours compte plus de détours que celui d’un automobiliste essayant de sortir de L’Île-des-Sœurs. Un modèle de persévérance.

Un exemple parmi d’autres. En 2017, les Blues ne possédaient pas de club-école. Ils ont donc cédé leurs espoirs en prêt un peu partout en Amérique. Binnington s’est ainsi retrouvé réserviste dans le club-école… des Bruins !

C’est un gardien qui a mangé son pain noir. Repêché en 2011, il n’a disputé que 13 minutes dans la LNH avant cet hiver. Le voici maintenant en quête de sa 13e victoire dans ces séries. Il peut se rendre jusqu’à 16 gains. Un exploit inédit pour une recrue.

C’est possible – si les Blues ne sont pas balayés. Car il y a eu deux Jordan Binnington dans ces séries.

Celui des matchs 1-4 : 6 victoires, 6 défaites, moyenne de 3,07, taux d’efficacité de 0,896.

Celui des matchs 5-7 : 7 victoires, 1 défaite, moyenne de 1,30, taux d’efficacité de 0,946.

Alors, les Blues en 7 ?

C’est probablement ce que vous avez lu de moins absurde depuis cinq minutes.

Réponse : l’entraîneur adjoint du Canadien Luke Richardson (21 saisons sans but en séries)