Les joueurs de hockey sont conditionnés à penser que pour remporter la Coupe Stanley, il faut vaincre les meilleures équipes pour éventuellement devenir la meilleure.

Cela ne signifie pas qu’ils ignorent certaines des inégalités du format actuel des séries éliminatoires de la LNH.

Un sondage mené conjointement par La Presse canadienne et Associated Press auprès des représentants de l’Association des joueurs de la LNH des 31 équipes montre que près de la moitié des répondants sont en faveur d’un changement de format — et la plupart d’entre eux sont en faveur d’un retour à celui utilisé de 1994 à 2013 qui tenait compte des positions de 1 à 8 dans chacune des deux associations.

C’est la sixième fois que les trois meilleures équipes de chaque section et un quatrième as sont regroupés dans la même portion du tableau, sans changement du classement pour la deuxième ronde. Il y a un an, les Predators de Nashville et les Jets de Winnipeg ont ainsi terminé premier et deuxième au classement général et ils se sont affrontés dès le deuxième tour. La même chose s’est produite entre les Capitals de Washington et les Penguins de Pittsburgh en 2017.

«C’est un peu malheureux que plusieurs bonnes équipes soient éliminées en première ou deuxième ronde, a avancé le défenseur David Savard des Blue Jackets de Columbus. Je pense que nous devrions peut-être revenir au format de la première tête de série contre la huitième et ainsi de suite.»

Savard est l’un des 15 joueurs interrogés (48,4%) qui sont en faveur d’un changement du format des éliminatoires selon les sections. Sept (22,6%) ont préféré garder la formule actuelle et les neuf autres (29%) n’ont pas voulu se prononcer. Les joueurs ont été interrogés du 7 mars au 4 avril, avant que les confrontations en vue des séries éliminatoires ne soient entièrement connues.

La LNH est revenue à la formule des sections semblable à celle qu’elle avait utilisée de 1982 à 1993 en grande partie pour créer ou raviver des rivalités. Les Maple Leafs de Toronto et les Bruins de Boston s’affrontent au premier tour pour la deuxième année consécutive, tandis que les Capitals et les Penguins se sont retrouvés en éliminatoires trois fois de suite.

Il ne fait guère de doute que ces équipes se détestent beaucoup plus qu’avant l’adoption de ce format des séries éliminatoires.

«Je pense que c’est bon pour les rivalités, a reconnu le gardien Cory Schneider des Devils du New Jersey, favorable au maintien du format actuel. Je pense que c’est une bonne chose pour les équipes qui s’affrontent année après année. Que ce soit équitable ou non que les deux meilleures équipes aient rendez-vous dès le deuxième tour, mais ça offre de l’excellent hockey d’une façon ou d’une autre. Je pense que c’est la meilleure partie des séries, c’est une lutte à finir de deux mois, où tout le monde veut venir à bout de l’autre.»

Le Lightning de Tampa Bay, vainqueur du trophée des Présidents, qui subit l’élimination au premier tour face aux Blue Jackets, huitième tête de série, relève plus d’une erreur de parcours du Lightning que du format des séries. Si le Lightning avait vaincu les Blue Jackets, la série de deuxième tour contre les Bruins allait assurément éliminer l’une des trois meilleures équipes de la ligue avant la finale d’Association.

Les voyages constituent la principale préoccupation des joueurs en ce qui concerne le format des séries éliminatoires, et c’est beaucoup plus un problème dans l’Ouest où les distances sont plus grandes. Le regroupement par sections est prévu pour limiter ces problèmes, mais le format du quatrième as signifie qu’un club comme les Predators pourrait être confronté à une équipe de la Californie, de Vancouver, d’Edmonton ou de Calgary au premier tour selon ce format.

«Le plus gros problème est sans doute les voyages dans l’association de l’Ouest, a expliqué le défenseur Yannick Weber des Predators, qui n’a pas fait connaître sa préférence pour un changement de format. Si nous devons aller en Californie à chaque tour et que les équipes de l’Est ont un horaire un peu plus facile, je pense que c’est le seul inconvénient.»

Le format le plus équitable consiste à classer les équipes en vue des séries éliminatoires de 1 à 16, ce que la LNH a tenté en 1981 et en 1982. L’éventualité de déplacements à travers le continent à chaque tour est le principal obstacle à cette formule.

La Ligue de hockey professionnelle Southern a mis à l’essai un format de «ronde de défi» dans lequel les trois premières têtes de série de chaque association choisissent leur adversaire de première ronde parmi les formations des rangs 5 à 8. Le défenseur Keith Yandle des Panthers de la Floride l’a suggéré lors d’une récente entrevue à Sportsnet.

Dans un sport où l’identité d’un adversaire, les blessures et le rendement de l’équipe au moment du coup d’envoi des séries sont plus importants que les résultats d’une saison régulière de 82 matchs, cela pourrait faire taire les critiques selon lesquelles le format actuel déprécie la valeur d’une longue saison régulière.

«On en vient presque au point où la saison régulière ne veut vraiment rien dire, car en considérant les sections, il y a une si grande différence entre elles, a reconnu le défenseur Kristopher Letang des Penguins. Si vous vous retrouvez face à une section plus faible parce que vous êtes un quatrième as, cela ne semble pas être équitable à mon avis. Toute la saison régulière doit avoir plus d’importance sur les séries éliminatoires.»

C’est là que l’argument selon lequel la LNH devrait adopter un système comme au baseball, où les équipes aux septième et 10e rangs et les formations nos 8 et 9 de chaque association s’affrontent pour déterminer celles qui accèdent aux éliminatoires. Cela donnerait théoriquement un coup de pouce aux deux meilleures équipes de l’Est et de l’Ouest.

Ian Cole, de l’Avalanche, qui a joué deux fois dans la récente trilogie des séries Penguins-Capitals, soutient la formule de la rivalité de sections parce qu’elle permet ce qu’elle est censée faire: générer de l’intérêt.

«Nous en parlions l’autre jour dans le vestiaire: vous aimeriez peut-être voir la meilleure équipe contre la 8e ou la première tête de série contre la 16e, ce qui peut donner une série Calgary contre la Floride, par exemple, au premier tour, a noté Cole. Est-ce que ça change la donne, par opposition à Boston contre Montréal?

«Je pense qu’il y avait de bonnes raisons derrière tout ça et oui, bien sûr, il y aura des sections plus fortes que d’autres. Certaines équipes vont se retrouver à l’écart des séries à cause de cela ou y participer à cause de cela, a poursuivi Cole. C’est le format que nous utilisons actuellement et avec lequel nous composons du mieux que nous le pouvons.»