Le prochain repêchage de la LNH ne semble pas susciter beaucoup d’intérêt de la part des fans du Canadien. Du moins pas encore.  

On comprend l'engouement de l'an dernier. Le CH avait eu la chance de remporter le troisième choix à la loterie et les principaux espoirs étaient connus. Certains salivaient à l'idée de voir le Canadien voir repêcher Filip Zadina ou Andrei Svechnikov, mais les partisans les plus avertis commençaient à colliger de l'information sur Jesperi Kotkaniemi.  Au 15e rang, la plupart des espoirs sont méconnus du grand public. À Montréal, on rêve de voir les meilleurs québécois encore disponibles, mais l'Américain surdoué d'un programme de développement ou le Suédois déjà à l'aise dans la Ligue d'élite soulève à peine un haussement d'épaules.  Il y a pourtant des perles entre le 15e et le 20e rang. Parfois, ces joueurs deviennent encore meilleurs qu'un de leurs jeunes confrères repêchés dans le top 5.  L'exemple récent le plus frappant demeure le repêchage de 2008. Trois défenseurs faisaient consensus dans le top 3: Drew Doughty, Zach Bogosian et Alex Pietrangelo. Ils ont été repêchés dans l'ordre après Steven Stamkos par Los Angeles, Atlanta et St. Louis respectivement.  Doughty et Pietrangelo sont toujours les piliers de la défense chez les Kings et les Blues. Bogosian, un colosse de 6 pieds 3 pouces et 225 livres qui avait obtenu en moyenne un point par match à Peterborough, était destiné à devenir une grande star. Mais des blessures ont déraillé sa carrière. Il joue toujours, mais chez les Sabres de Buffalo, mais il n'est jamais devenu le défenseur espéré.  Les Sénateurs détenaient le 18e choix. Ils aimaient tellement ce gringalet du nom d'Erik Karlsson qu'ils ont échangé ce choix aux Predators de Nashville et ajouté un choix de troisième ronde pour avancer de trois rangs. Karlsson ne figurait pas comme un candidat pour la première ronde sur une majorité de listes publiques, mais c'est dire à quel point Pierre Dorion et les Sénateurs tenaient à lui.  Onze ans plus tard, Karlsson est le deuxième compteur de sa cuvée, attaquants et défenseurs confondus, derrière Steven Stamkos. Il a déjà deux trophées Norris en banque. 

PHOTO BRAD PENNER, USA TODAY SPORTS

Mathew Barzal a été sélectionné au 16e rang par les Islanders de New York au repêchage de 2015.

De tels exemples sont plus nombreux qu'on pense. Prenez le repêchage de 2015. Trois joueurs repêchés entre le 16e et le 18e rang sont devenus des joueurs d'impact. Mathew Barzal, 16e, est le premier centre des Islanders de New York; Kyle Connor joue à l'aile gauche du premier trio à Winnipeg et vient de connaitre une deuxième saison consécutive de 30 buts ou plus; Thomas Chabot, le 18e choix, est le meilleur défenseur des Sénateurs d'Ottawa. Il vient d'amasser 55 points. Dylan Larkin a été repêché au 15e rang par les Red Wings en 2014. Il est devenu leur premier centre avec les départs de Pavel Datsyuk et Henrik Zetterberg et le favori dans la course au prochain capitaine à Detroit. Larkin vient de connaitre une saison de 73 points. Il est supérieur à au moins trois joueurs repêchés dans le top 5, Sam Bennett, Sam Reinhart et Michael Dal Colle. Repêché trois rangs après lui, le défenseur Travis Sanheim est devenu une pièce essentielle au top 4 des Flyers. À compter de janvier, il n'était pas rare qu'on l'utilisait 23, 24, parfois même 25 minutes par match. 

PHOTO JEFF CHIU, ASSOCIATED PRESS

Les Sharks de San Jose ont repêché Tomas Hertl avec le 16e choix en 2012.

D'autres vedettes ont émergé à ces rangs en 2012. Tomas Hertl, le meilleur compteur chez les attaquants des Sharks avec 74 points en 77 matchs, a été repêché au 16e rang. Immédiatement après lui, les Blackhawks de Chicago choisissaient Teuvo Teravainen. Ils ont fait l'erreur de l'échanger trop tôt, mais Teravainen est devenu un ailier de premier trio en Caroline et a amassé 76 points cet hiver. Au 18e rang, le Lightning a trouvé son éventuel gardien numéro un, Andrei Vasilevskiy. On pourrait ajouter le rugueux Tom Wilson, des Capitals, à la liste des trouvailles entre le 15e et le 20e rang.  Les quatre premiers choix de 2012? Dans l'ordre Nail Yakupov, Ryan Murray, Alex Galchenyuk et Griffin Reinhart. Yakupov et Reinhart ne sont déjà plus dans la LNH. Murray semblait avoir donné un élan à sa carrière, avant de se blesser à nouveau. Galchenyuk demeure un attaquant énigmatique.  La banque d'espoirs du Canadien est garnie à toutes les positions, sauf celle de défenseur gaucher. Le centre est en effet bien pourvu avec Jesperi Kotkaniemi, Ryan Poehling et Nick Suzuki, plusieurs défenseurs droitiers, Noah Juulsen, Josh Brook et Cale Fleury aspirent à un poste prochainement, tandis que les ailiers ne manquent pas avec Jesse Ylonen, Joni Ikonen, peut-être Suzuki si on le mute à cette position. Jonathan Drouin, Artturi Lehkonen, Max Domi, s'il retourne à sa position naturelle, et même Brendan Gallagher, sont encore jeunes.  Du côté gauche de la défense, il y a Victor Mete, 20 ans, et Alexander Romanov, mais son arrivée en Amérique du Nord n'est pas prévue avant 2020-2021, dans le meilleur des cas. Jordan Harris vient de connaitre une première saison intéressante à Northeastern, mais il demeure un projet à long terme.  Certains candidats se profilent entre le 15e et le 20e rang. Cam York, du programme de développement américain, est sans doute le plus intéressant, mais il pourrait être déjà choisi à ce rang. Il y a aussi le Suédois Philip Broberg, Thomas Harley et Ville Heinola. 

PHOTO CHUCK STOODY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le Canadien a fait l'erreur de repêcher David Fischer (à gauche) plutôt que Claude Giroux en 2006.

Mais le Canadien ne fera sans doute pas l'erreur de repêcher en fonction de ses besoins à court et moyen terme. Trevor Timmins n'a pas oublié 2006. Cette année-là il hésitait entre Claude Giroux et David Fischer. Mais il croyait sa banque d'attaquants bien garnie, tandis qu'il y avait une pénurie de défenseurs.  Trevor Timmins m'avait confié lors d'une interview en 2014 qu'il s'agissait de son plus grand regret en carrière. Comptez sur moi pour analyser la cuvée 2019 au cours des prochaines semaines.  * * * À LIRE Bob Hartley a remporté des championnats partout où il est passé: Ligue junior A de l'Ontario, LHJMQ, Ligue américaine, LNH, Ligue nationale Suisse. À sa première saison dans la KHL, il vient de mener Omsk en finale. Gagnera-t-il un sixième titre dans autant de ligues? Hartley est aussi l'un des hommes les plus disponibles et affables du milieu. J'ai eu l'occasion de discuter avec lui hier.