Une image vaut mille mots, dit-on. Un jeu au hockey peut parfois en valoir autant.

Quand Matt Duchene a servi une tasse de café à Victor Mete, hier, la séquence valait effectivement mille mots.

Rappelons les faits. Duchene s'amène à toute vitesse en territoire montréalais, freine d'un coup sec, pivote une fois, puis une deuxième fois. Le pauvre Mete aurait tenté de se créer un compte sur le portail de l'Agence du revenu du Canada qu'il aurait été moins confus.

Duchene se défait de Mete, passe la rondelle à Artemi Panarin, qui la met dedans, pour ce qui sera finalement le but gagnant dans une éclatante victoire de 6-2 des Blue Jackets.

> Voyez la séquence

On voyait cette séquence et on revenait aux semaines qui précédaient la date limite des transactions. Jarmo Kekalainen avait un choix à faire : échanger Sergei Bobrovsky et Artemi Panarin pour éviter de les perdre pour rien cet été, ou les garder pour viser les grands honneurs.

Le DG a choisi la deuxième option et a même poussé un peu plus loin en allant chercher Duchene et Ryan Dzingel pour ajouter du punch à son attaque. Duchene n'a pas changé l'eau en vin depuis son arrivée à Columbus, mais il a le talent de changer le cours d'un match en un seul jeu, ce qu'il a fait hier. Sa présence donne aussi aux Jackets une terrifiante ligne de centre avec Duchene et Pierre-Luc Dubois aux commandes des deux premiers trios. Et ça fait en sorte que cette équipe avait meilleure mine que la dernière fois que le CH l'a vue.

«Tout le monde s'améliore au fil de la saison. Ils se sont améliorés», a admis un Brendan Gallagher de peu de mots, après la rencontre.

Marc Bergevin, lui, était dans une situation différente. Il avait sous la main un groupe au sein duquel plusieurs jeunes occupent des rôles importants. En se contentant de transactions mineures, il a laissé lesdits jeunes dans ces rôles, comme Mete qui joue près de 20 minutes par match en jouant contre les meilleurs trios adverses. Pour laisser les jeunes prendre de l'expérience, et parce qu'il a fait le choix de se monter une banque d'espoirs et de choix au repêchage. Un tel constat signifiait toutefois d'assumer de possibles défaillances en fin de saison.

On a choisi l'erreur de Mete, mais on aurait pu s'arrêter sur la séquence suivante. Julien envoie le trio de Max Domi pour la mise au jeu après le but. Domi est un bâton de dynamite, pour le meilleur et pour le pire. Sur cette séquence, c'était pour le pire. L'arbitre le sermonne de longues secondes avant de procéder à la mise au jeu, sans doute parce qu'il sent que Domi en veut à Jenner pour un coup porté haut à sa présence précédente. L'officiel voit juste. Domi passe la présence à distribuer les coups de bâton et à tenter la grosse mise en échec. Une présence gaspillée, au cours de laquelle son trio a été incapable de générer quoi que ce soit, après avoir connu tant de bonnes séquences en première période.

«On a besoin de grandir, a reconnu Julien. On a des joueurs qui ont besoin d'être meilleurs dans ces situations-là au lieu d'être frustrés. Pour gagner, il faut garder son sang-froid, rester concentré sur ce qu'on doit faire. Ce n'est pas une seule personne, c'est toute l'équipe qui s'est effondrée. Tu gagnes en équipe; ce soir, on a perdu en équipe. On a perdu notre concentration sur les bonnes choses qu'on a faites en première.»

Domi a beau avoir 24 ans et 300 matchs derrière la cravate, il n'a jamais joué en séries dans la LNH ni même vécu une course aux séries. Les Knights de London et le Championnat du monde junior, c'est bien loin, et à un autre calibre. C'est le métier qui rentre, mais on conviendra tous qu'il commence à être tard pour les leçons.

Appel au calme

Le travail de Claude Julien en est maintenant un d'appel au calme. Il l'a commencé en point de presse hier. Autant Gallagher était hors de lui comme on l'a rarement vu, autant l'entraîneur-chef était détendu, chose assez rare après un match, encore plus après une défaite aussi cuisante.

«On est encore là. La Caroline a perdu ce soir. On est dans une course à trois. On a de gros matchs, on joue contre de grosses équipes, mais on a bien réagi contre les grosses équipes. On espère faire ça dans les prochains matchs à partir de samedi contre Winnipeg.»

Un appel au calme, parce qu'aussi laide ait été cette défaite, le CH demeure à un point des Hurricanes et à égalité avec Columbus, avec un match de plus de joué, cependant. La réponse qu'on a entendue hier, il la répétera à ses joueurs ce matin, aucun doute.

Le problème pour lui, c'est que des moments sous haute tension, il y en aura d'autres d'ici la fin de la saison. En séries, ce sera une succession de ces moments. Le fil des évènements d'hier ne présage rien de bon à cet effet.

La gestion de ces moments de tension déterminera si les partisans du Canadien verront les leurs en séries ce printemps.

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En hausse: Joel Armia

Au ralenti depuis plusieurs matchs, il a connu de bonnes séquences hier, et a abattu du bon boulot en désavantage numérique.

En baisse: Jesperi Kotkaniemi

Le pauvre semble au bout du rouleau en cette fin de saison et semble avoir perdu sa créativité des trois premiers quarts de la saison. Rien de plus normal à 18 ans.

Le chiffre du match: 28 min 15 s

C'est le temps d'utilisation du défenseur numéro 1 des Blue Jackets, Seth Jones, hier. Un véritable étalon que John Tortorella peut utiliser à outrance pendant les matchs cruciaux de la fin de la saison.